Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Sohlberg (Harald)

Peintre norvégien (Oslo 1869  – id. 1935).

Il se forma chez Zahrtmann à Copenhague (1891-92) et chez Harriet Backer à Oslo. Il poursuivit ensuite ses études à Paris et à Weimar (1895-1897). Avec sa première toile, Braise de nuit (1893, Oslo, Ng), il participe, dans les années 90, à l'introduction en Norvège de la peinture d'atmosphère néo-romantique, qu'il continue d'illustrer : Nuit d'été (1899, id.), Pré fleuri près de Røros (1905, id.), Nuit d'hiver à Rondane (1914, id.) ainsi que la monumentale réalisation Nuit (1902-1903, Trøndelag Kunstgalleri, Trondheim). La solitude et l'infini de la nature imprègnent tout son art, qui s'exprime dans un dessin sévère, finement détaillé et une luminosité évoquant l'émail.

Soiouz Rousskikh Khoudojnikov (" Union des peintres russes ")

La formation de cette association artistique à Moscou et à Saint-Pétersbourg en 1903-1904 succéda immédiatement au mouvement du " groupe de 36 peintres " qui organisèrent quelques expositions à Moscou en 1901-1902 et s'opposaient à l'art moralisateur et descriptif des " Peredvijniki ", d'une part, et au goût symboliste et passéiste du Mir Iskousstva, d'autre part. L'association réunissait surtout des peintres dont les recherches, en partie influencées par les impressionnistes français, s'orientaient vers une expression purement picturale. Beaucoup de peintres ex-" peredvijniki " de la jeune génération et quelques membres de Mir Iskousstva comme A. Benois, E. Lanceray ; K. Somov, A. Ostrooumova-Lebedeva entrèrent dans l'association, dont le noyau était constitué par V. Serov, K. Korovine, A. Arkhipov, S. Vinogradov, A. Vasnetsov, M. Vroubel, A. Golovine, S. Ivanov, V. Bakscheev, F. Maliavine, S. Malioutine, M. Nesterov, A. Riabouchkine, A. Rylov, L. Pasternak, S. Svetoslavski, A. Stepanov, I. Ostroouchov, P. Troubeckoï, I. Grabar. Un des points les plus importants du statut de l'association était l'abolition du jury dans l'organisation des expositions. En 1909, à la suite de polémiques ferventes, l'association se divisa en deux groupes — celui de Moscou et celui du Mir Iskousstva de Saint-Pétersbourg. L'activité de l'association, dont la période de floraison se place dans les années 1910-1914, se manifestait surtout dans l'organisation d'expositions annuelles. Mais, devant la naissance de multiples groupes de jeunes artistes qui expérimentaient les voies du Cézannisme, du Cubisme, du Fauvisme et du Futurisme et du cubo-futurisme, devant l'apparition de l'art de l'avant-garde, Soiouz Rousskikh Khoudojnikov occupe une position tout à fait conservatrice. La dernière exposition de l'association a eu lieu en 1923.

Solana-Gutiérrez (José)

Peintre espagnol (Madrid 1886  – id. 1945).

Ses premiers maîtres furent Garcia del Valla et Diez Palma. Résidant à Santander jusqu'en 1918, ce personnage singulier étudia ensuite à l'école des Beaux-Arts de Madrid. Il sut adapter les influences traditionnelles à l'art contemporain et devint le porte-parole de la génération littéraire de 1898. En 1927, le musée d'Art moderne de Madrid organise sa première exposition personnelle. L'année suivante, il voyage à Paris et expose à la gal. Bernheim-Jeune. Ses toiles sont âpres et dramatiques, et leurs thèmes préférés s'inspirent de rudes visages plébéiens, de processions lugubres, de maisons closes sordides, de corridas (les Jeunes Femmes toréros, Paris, M.N.A.M). Il est l'héritier d'une tradition picturale espagnole du baroque, exploitant autant le grotesque que le goût du macabre et écrit comme il peint, d'une façon crue et réaliste. Ses toiles figurent au M.E.A.C. et au M.A.M. de Madrid et au musée de Bilbao.

Solario (Andrea)

Peintre italien (Milan v. 1470-1475  – Milan ou Pavie 1524).

Il appartenait à une famille nombreuse et connue d'artistes et d'artisans milanais, active en Lombardie, mais aussi à Venise et à Rome. Très jeune, il dut aller travailler à Venise avec son frère aîné, le sculpteur Cristoforo, dit il Gobbo. Là, en effet, il peint en 1495 la Vierge à l'Enfant avec deux saints pour l'église S. Pietro à Murano (auj. à la Brera). Présentée selon la manière d'Antonello de Messine, cette œuvre est relevée de rappels précoces de Dürer, présents encore dans la Vierge aux œillets (id.), qui la suit. À la charnière des deux siècles se situe une série étonnante de portraits, dont ceux du Gentilhomme (Boston, M. F. A.), du Gentilhomme à l'œillet (Londres, N. G.), du Portrait d'homme à la balustrade (1500, Milan, Brera) et de Cristoforo Longoni (1505, id.), où le souvenir de Dürer se mêle à des influences léonardesques et ombro-ferraraises, et l'art aboutit à des résultats assez proches de ceux de la jeunesse de Lotto. C'est encore le goût des Ombriens, des Ferrarais et des Crémonais qui prévaut parmi les influences éclectiques caractérisant la Crucifixion (1503, Louvre), tandis qu'une adhésion franche, mais personnelle, aux modes de Vinci confère à l'Annonciation (1506, id.) une limpidité vaporeuse d'une finesse presque flamande, mais filtrée par Venise. L'adhésion de l'artiste au climat léonardesque de Milan coïncide avec son voyage en France en 1507. Les fresques du château de Gaillon sont perdues, mais de ce séjour en France restent, au Louvre, Vierge au coussin vert, don du cardinal d'Amboise aux Cordeliers de Blois, la Pietà, peinte pour le même mécène, et la tête de Saint Jean-Baptiste (1507), début d'une des " séries " les plus réussies de Solario avec des œuvres comme l'Ecce homo, le Christ portant sa croix, Salomé présentant la tête de saint Jean-Baptiste, de goût typiquement nordique et connues par de nombreux originaux, répliques et copies. Selon une hypothèse récente et d'un intérêt certain, Solario pourrait avoir eu une influence sur les premiers portraits de Jean Clouet. Il est indiscutable qu'après son retour de France, vers 1510, se note un affaiblissement de qualité dans les grandes compositions sacrées, témoignant peut-être d'une connaissance de la peinture romaine, telles que la Pietà (Washington, N. G.) ou la tardive Assomption, laissée inachevée, de la chartreuse de Pavie ; par contre, les portraits restent d'un niveau très élevé, de la raphaélesque Dame au luth (Rome, G. N., Gal. Barberini) au Chancelier Morone (1524, Milan, coll. part.), où Andrea Solario rivalise avec Holbein.