Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
S

Solis (Francisco de)

Peintre espagnol (Madrid 1620  –Marchena 1684).

Homme cultivé, collectionneur de dessins, artiste discret et fécond, il appartient à la pléiade des artistes madrilènes de la seconde moitié du XVIIe siècle épris de compositions baroques. Il travailla pour les églises de Madrid et pour certaines villes plus éloignées de la capitale telles que Valladolid et Marchena. Pour le couvent des Récollets d'Alcalá de Henares, il réalisa de nombreuses toiles telles que la Visitation (Prado) et la Présentation au Temple (musée de Cadix), les seules conservées ; à la cathédrale de Vitoria demeure le Retable de saint Marc. Proches de Francisco Rizi, ses compositions, animées d'un violent éclairage, sont traitées dans une gamme froide et précieuse.

solvant

Corps liquide simple ou mixte, volatile, non filmogène, employé pour disperser le liant des vernis et des peintures. Ont été employés d'une façon souvent empirique pour un " décapage-dévernissage " des tableaux de très nombreux produits, parfois mélangés, comme le fiel de bœuf, le vin, la pomme de terre, l'œuf, l'urine, les acides, les alcools... De nos jours, on utilise encore, mais neutralisés avec l'essence de térébenthine, l'alcool et l'acétone, qui, soigneusement dosés, peuvent servir à l'allégement des vernis. On a de plus en plus recours à des produits comme la diméthylformamide, notamment en Italie. Les produits sont aujourd'hui très nombreux et d'emploi délicat.

Sonderborg (Kurt R. H.)

Peintre allemand (île de Sonderborg, Danemark,  1923).

Après avoir, de 1947 à 1949, fréquenté l'École des beaux-arts, il s'installe en France, où il étudie la gravure, en 1953 dans l'atelier de Hayter. Il y rencontre Hartung, Soulages, Schneider, de jeunes peintres de l'école de Paris. Il s'intéresse à la calligraphie (il est membre du groupe allemand Zen 49), et, à l'instar des artistes orientaux, sa technique exploite la rapidité et l'automatisme d'une écriture picturale fulgurante (Plus vite que le son, 1953). Sa première exposition en Allemagne a lieu en 1956. En France, il est révélé par sa participation à l'exposition allemande du Cercle Volney (1955) et une exposition personnelle (gal. René Drouin). L'encre de Chine, puis la tempera sont les moyens constants de son œuvre, réalisée presque toujours sur papier marouflé sur toile et réduite aux couleurs essentielles du noir, du rouge et du blanc. Les instruments les plus divers, larges brosses, pinceaux chinois, grattoirs, rasoir, donnent à certaines œuvres cet aspect griffé, déchiqueté, évoquant la limaille de plomb, des entrelacs de ferrailles, des sortes de champs magnétiques, de tourbillons vertigineux. Sonderborg leur donne presque toujours pour titre la date et le temps de leur exécution (14.6.57, 22 h 36-23 h 48).

   Sonderborg a participé à de nombreuses expositions et salons en France et à l'étranger, aux Biennales de Venise (1958 et 1964), de São Paulo à la Documenta 3 de Kassel. En 1965, une rétrospective de son œuvre eut lieu au W. R. M. de Cologne. Cette peinture violente, d'un lyrisme noir, n'est pas sans évoquer parfois la musique contemporaine, celle d'un Stockhausen, par exemple.

Soreau (les)
ou les Soriau

Famille de peintres flamands.

 
Daniel (Anvers ? – Hanau 1619). C'est lui le fondateur de la dynastie. Tard venu à la peinture, il travailla d'abord (au moins dès 1590) dans le commerce de la laine avec son frère Simon et, comme son père, Johann. Bourgeois de Francfort en 1586, il s'établit après 1599, sans doute à cause de revers de fortune, non loin de cette ville, à Hanau, nouvelle cité regroupant de nombreux protestants wallons ayant dû quitter les Pays-Bas du Sud et dont Daniel Soreau fut l'un des fondateurs. Selon Sandrart, il fut aussi l'un des architectes de Hanau, et Wendel Diètterlin, en 1598, lui dédie comme disciple un de ses livres d'architecture. Son activité de peintre est attestée par des documents fiscaux entre 1608 et 1615 ; par ailleurs, il est assez célèbre pour que la ville de Strasbourg lui envoie un élève en 1615 : Stoskopff, qui terminera certaines de ses œuvres. Sandrart déplore la trop rapide disparition de Daniel Soreau en mentionnant qu'il peignait non seulement des natures mortes, mais aussi de grandes figures, des portraits, des animaux, des allégories. Comme le prouve son inventaire posthume de 1621, Daniel dut être un peintre fécond, notamment en natures mortes, mais il n'avait pas vraiment d'élèves (bien que le jeune Sandrart paraisse avoir fréquenté son atelier), comme il le fit savoir au conseil de Strasbourg, mais seulement des " amis ", c'est-à-dire ses proches : ainsi son neveu Daniel (Francfort 1597 – ?) , fils de Simon Soreau, apprenti chez Daniel v. 1612. Quant aux fils mêmes de Daniel, fondateur de la dynastie, Sandrart dit bien qu'ils furent des peintres très actifs, élèves de leur père, mais ne cite nommément qu'un d'entre eux, Pieter. À noter : des liens de parenté assez étroits entre les Soreau et les Valckenborch, notamment Martin III, marié à une nièce de Daniel en 1609, ce qui peut donner une indication intéressante sur le milieu artistique où œuvrent les Soreau. Aucun tableau de Daniel n'a été conservé, sinon une Charité romaine, indirectement connue par une gravure de Johann Jenet.

   Des fils, on ne possède que des œuvres signées (des Natures mortes) de deux d'entre eux : Isaac (tableau au musée de Schwerin, daté de 1638) et Pieter (tableaux aux musées de Strasbourg, daté de 1652, et de Dessau, daté de 1655). La nature morte de Schwerin a été longtemps et à tort attribuée à Jan (à cause de l'initiale : I. Soreau), qui, né en 1591 à Francfort, était déjà décédé en 1626, ce qui exclut de lui attribuer un tableau daté de 1638.

 
Sur Isaac (Hanau 1604 – ?) , on n'a pratiquement aucun détail biographique ; sur Pieter, son frère jumeau (Hanau 1604 – id. av. 1672) , on est tout juste mieux renseigné : ainsi fut-il reçu bourgeois de Francfort en 1638 et s'était-il marié en 1637. Isaac reste cependant le seul des Soreau dont on puisse rassembler avec quelque certitude un assez grand nombre de tableaux, exclusivement des Natures mortes peintes selon de rigoureux principes, encore archaïques, de présentation frontale et simple, détaillée objet par objet, mais avec une rare finesse picturale, des tons vifs et tendres, une facture propre et délicate qui assurent tout le charme immaculé de ce réalisme d'une cristalline poésie. Son répertoire se borne essentiellement à des plats de faïence ou des corbeilles contenant des fruits, un vase de fleurs leur étant souvent adjoint ; le tout est présenté sur une planche de bois clair limitée à mi-hauteur par un fond sombre. C'est l'habituel mode de présentation selon un format rectangulaire allongé d'un Flegel comme des Flamands Osias Beert, Jacob Van Hulsdonck ou Jacob Van Es, avec lesquels — Hulsdonck surtout — Soreau a de grandes affinités. Ainsi peut-on citer, en plus de l'œuvre de Schwerin, des Natures mortes sûres à Munich (le n° 7053 provenant de la galerie de Spire, alors que le 7054 est contesté), à Darmstadt, à Stockholm, à Baltimore, à Turin (2 tableaux à la Gal. Sabauda, jadis attribués à Van Es), à Oxford, à Hambourg, l'un des chefs-d'œuvre de l'artiste avec le merveilleux tableau du Petit Palais de Paris. Quant aux œuvres de Pieter, essentiellement limitées aux 2 exemples cités plus haut, elles restent d'une conventionnelle pauvreté et, par leur date assez tardive, se rapprochent, sans éclat, de Davidsz de Heem ou de Van Aelst.