Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Grünewald (Mathis Nithart, dit Matthias) (suite)

L'art de Grünewald

L'art de maître Mathis Nithart, tel qu'il apparaît dans les œuvres incontestées, est en tout point exceptionnel. Il ne paraît guère emprunter à d'autres, si ce n'est à Holbein le Vieux, et ne transmettra que fort peu à ses successeurs. Les conditions de son apprentissage sont des plus obscures. Rieckenberg le fait naître v. 1480 aux environs d'Aschaffenburg, dans une famille modeste, apprendre les éléments de son art v. 1500 à Francfort dans l'atelier de Hans Fyell, au temps où Holbein le Vieux peignait le retable de l'église des Dominicains. Sandrart le désigne comme élève de Dürer. Mais ces exemples ne semblent pas avoir été déterminants pour lui. Pareillement, Mathis Grünewald n'a pas formé d'école ; on ne lui connaît pas d'élève ou d'imitateur caractérisé.

   Selon E. Ruhmer, des sculpteurs, inspirés par les panneaux de Saint Érasme et de Saint Maurice, dans la cathédrale de Halle (aujourd'hui Munich, Alte Pin.), des orfèvres pourraient être considérés comme des suiveurs du maître, ainsi que, peut-être, quelques peintres et graveurs, saisissables dans certaines œuvres isolées — ainsi dans des dessins trouvés à Marburg après la dernière guerre.

   La violence sauvage de son expression et de son écriture, l'éclatement parfois inorganique de ses formes, la magie de sa lumière et de sa palette, diluées dans le rayonnement mystique ou, au contraire, comme " empoisonnées " de désespérance glauque, la démarche spirituelle très particulière que ces traits suggèrent définissent une personnalité hors du commun et même hors de toute tradition picturale bien définie.

Grünewald (Isaac)

Peintre suédois (Stockholm 1889  – Oslo 1946).

Il étudie à l'école de Konstnärsförbundet à Stockholm (1905-1908) et auprès de Matisse à Paris (1908-1911). Les travaux de sa première période parisienne, où la forme est rendue par la couleur, indiquent une tendance cézannienne : Camarades (1909, Stockholm, Waldemarsudde). Vers 1910, il s'inspire du Fauvisme dans ses tableaux de figures, ses vues citadines et ses intérieurs : la Grue de levage (1915, Stockholm, Moderna Museet), l'Arbre chantant (1915, musée de Norrköping), le Joueur de violon (1918, musée de Malmö). L'une des œuvres les plus controversées de l'art suédois fut son projet de décoration de la salle des mariages de la mairie de Stockholm, qui ne fut d'ailleurs pas retenu ; le carton, daté de 1913, se trouve aux archives des Arts décoratifs, à Lund. La période de strict Fauvisme de Grünewald prend fin avec ses décorations scéniques audacieusement expressives de l'opéra Samson et Dalila de Saint-Saëns, pour le Théâtre royal de Stockholm, en 1921. Dans les années 20, Grünewald, suivant la tendance classique et néoréaliste de l'époque, se tourne vers une peinture d'une couleur savoureuse, d'une matière riche, dans la manière de Derain. Son abondante production ultérieure : natures mortes aux fleurs, portraits, nus, paysages, où l'élégance de l'improvisation aboutit parfois à la virtuosité, trouve un public nombreux et enthousiaste. Grünewald sut pourtant, dans ses aquarelles et ses gouaches du midi de la France, d'Espagne, de Laponie, conserver sa spontanéité et son coloris clair. Il s'affirme comme le chef de file du cercle d'artistes les Hommes de 1909, qui, dans une série d'expositions à Stockholm (1909, 1910, 1911), introduisit en Suède la peinture moderne sous l'égide de Matisse. Il exerce une importante activité de professeur à l'École supérieure d'art de Stockholm, de 1932 à 1942. Il épouse en 1911 l'artiste peintre Sigrid-Hjerten (Sundsvall 1885 – Stockholm 1948). Cette élève de Matisse, l'une des plus fines coloristes parmi les fauves suédois, ne laissa pas de marquer l'évolution artistique de son mari.

Gruppo N

Le Gruppo N a été constitué au cours de l'hiver 1959 à Padoue par Alberto Biasi (né en 1937), Ennio Chiggio (né en 1938), Toni Costa (né en 1935), Eduardo Landi (né en 1937) et Manfredo Massironi (né en 1937). Le Gruppo N a été très proche des préoccupations du groupe Zéro, né en 1957 à Düsseldorf, ainsi que de celles de Manzoni et de Castellani.

   L'idée est de créer un art qui soit impersonnel : c'est pour cette raison qu'il est réalisé en groupe et que ces artistes ne s'intéressent qu'à des phénomènes purement physiques ou rétiniens. Ils vont donc pour cela se servir des matériaux habituels utilisés dans l'Art lumino-cinétique, c'est-à-dire créer des œuvres qui jouent avec la lumière et qui sont en mouvement. Le Gruppo N a exposé, dès 1960, à la gal. Azimuth de Milan, a participé ensuite aux expositions Nouvelle Tendance, organisées par Matko Mestrovic à Zagreb, à partir de 1961, et Arte programmata, organisées à partir de 1962, en particulier à Milan, ainsi qu'à toutes les grandes manifestations consacrées à l'Art lumino-cinétique dans le courant des années 60. Certaines œuvres de ces artistes se montrent très proches de celles de certains membres du Groupe de recherche d'art visuel (G. R. A. V.) de Paris, en particulier celles de Julio Le Parc ou encore de Joël Stein.

Gruppo T

Le Gruppo T a été créé pendant l'hiver 1959 à Milan par quatre artistes : Grazia Varisco (née en 1937), Davide Boriani (né en 1936), Gianni Colombo (né en 1937), Gabriele de Vecchi (né en 1938). L'objectif du groupe est un art collectif et impersonnel qui utilise principalement comme matériau la lumière artificielle des éléments technologiques, des moteurs pour créer le mouvement tandis que les structures et les compositions sont toutes organisées au préalable. L'idée est de créer des compositions qui agressent la vue, qui sont en perpétuelle instabilité ou qui demandent la participation du spectateur dans leur utilisation. Rapidement, le Gruppo T a été très intéressé par la création d'environnement, et ses préoccupations se sont montrées très proches de celles du G. R. A. V. (Groupe de recherche d'art visuel) parisien. Le Gruppo T a participé aux expositions Nouvelle Tendance organisées par Matko Mestrovic à Zagreb à partir de 1961, puis aux expositions Arte programmata organisées à Milan à partir de 1962, ainsi qu'à toutes les grandes manifestations internationales consacrées à l'Art lumino-cinétique.