Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
L

Lüthi (Urs)

Artiste suisse (Lucerne  1947).

Après des premiers tableaux presque abstraits, traitant d'une signalétique simple, puis la réalisation d'objets technoïdes liés entre eux ou aux tableaux par des câbles, la première expression des questions qui rempliront l'œuvre de Lüthi, l'autoreprésentation, l'ambivalence des sexes, se fait jour dans l'exposition Processus de pensée visualisée, qui a lieu à Lucerne en 1970, où il expose l'ensemble de sa garde-robe et ses bijoux. Pendant longtemps, l'œuvre, photographique, se fonde sur des séries d'autoportraits, le langage des corps, les gestes et les expressions du visage, avec la disparition progressive des vêtements. Des portraits travestis de 1972 aux séries en partie torse nu, grimé (Tell Me Who Stole Your Smile, 1974, coll. F. R. A. C. Pays de Loire), se retrouve le même intérêt pour les ambiguïtés des gestes et des caractères du visage. Le portrait s'inscrit par la suite, associé avec des objets banals (pots de fleurs : Just Another Story About Leaving, 1974) ou pris dans des environnements de la vie quotidienne (A Lesson of Taste, 1978). Ces autoportraits, souvent dénudés, sont combinés dans des triptyques ou des polyptyques à un personnage féminin, parfois nu, un paysage, un intérieur vide, ensemble empreint d'un érotisme latent (série They have lived in our neighborhood for many years and they are very friendly people, 1976). En 1980, Lüthi revient à la peinture en créant des personnages au trait sur fond neutre, reprenant souvent le thème du couple (My Fairy Tales, 1982), introduisant par la suite des structures géométriques, seules ou liées à des personnages transparents ou modelés (Mémoires d'Agadir, 1984). En 1984, Urs Lüthi décline différentes facettes d'autoportraits (Image pour bar italien) avant d'entreprendre en 1986 une série sur le paysage, principalement des vues de mer réfléchissant la lune (Vague Souvenir, 1986). Des expositions personnelles ont eu lieu régulièrement dans des galeries de Zurich et de Paris et des rétrospectives à Essen, musée Folkwang, en 1978 et à Saint-Étienne, Maison de la Culture, en 1986.

Luttichuys (Isaac)
ou Isaac Lutkenhuys

Peintre néerlandais (Londres 1616  – Amsterdam 1673).

Cité en 1638 à Amsterdam, il peignit surtout des portraits : Homme et Femme (1650, Bruxelles, M. R. B. A.), Jeune Homme (1671, musée de Bâle).

 
Son frère Simon (Londres 1610 Amsterdam 1661) , cité en 1655 à Amsterdam, peignit des portraits et aussi des Natures mortes (musée de Berlin) dans le style somptueux de J. D. de Heem.

Luyten (Mark)

Peintre belge (Anvers 1955).

Après une formation d'histoire de l'art à Anvers, il débute une carrière de peintre en 1980 avec des grandes toiles figuratives. À partir de 1984, il inaugure une série de compositions plus construites et cérébrales (les " Serres "). Conjuguant la densité de la matière, la fluidité de la couleur, le grattage, l'estampage et la photographie dans un dialogue poétique entre matières et références iconographiques, Mark Luyten crée une peinture d'atmosphère, qui est aussi une réflexion sur " l'art de peindre " (le Labyrinthe, 1989). Son œuvre est présenté depuis 1980 dans de nombreuses galeries à Anvers, Bruxelles, Cologne, New York. La gal. Laage-Salomon (Paris) lui a consacré une exposition en 1991.

Luzán Martínez (José)

Peintre espagnol (Saragosse  1710  – id.  1785).

Luzán est surtout mentionné comme le premier maître de Goya (qui, d'ailleurs, par la suite, semble l'avoir ignoré). En fait, vers le milieu du XVIIIe s., Luzán est la figure dominante de la peinture aragonaise encore trop peu étudiée. D'une famille d' " hidalgos ", protégé des Pignatelli, qui le pensionnent pour étudier en Italie, c'est à Naples qu'il travaille de 1730 à 1735, avec un disciple de Solimena, Giuseppe Maestrolo. Au retour, il séjourne quelque temps à Madrid, où il obtient le titre — purement honorifique — de peintre de la maison royale. Revenu à Saragosse, il installe chez lui une école de dessin florissante, où passeront Bayeu et Goya. De ses nombreuses peintures pour les églises de Saragosse et de toute la région, les plus accessibles sont celles qui décorent la cathédrale (la Seo) : les Saints de la sacristie et surtout les très grands tableaux de la chapelle S. Miguel (Apparition de la Vierge à Saragosse, Prise de Saragosse par Alphonse le Batailleur). Avec assez de verve et de mouvement, ils affirment la persistance d'une manière spontanée, contrastée, d'une exécution parfois brutale, issue de Ribera et de Giordano, à laquelle l'Aragon restera fidèle jusqu'à ce que González Velázquez, revenu d'Italie en 1753, apporte un style plus chatoyant et gracieux, celui de Giaquinto.

Lytens (Gysbrecht)
ou Gysbrecht Leytens

Peintre flamand (Anvers 1586  – ? entre 1643 et 1656).

À partir d'un Paysage avec cascade de Brunswick (Herzog Anton Ulrich-Museum), inventorié dès 1744 sous son nom, on a proposé de lui donner plusieurs Paysages d'hiver (musées de Nantes, de Valenciennes, du Louvre) attribués à un hypothétique " Maître des Paysages d'hiver " et dont certains portent le monogramme G. L. Cette identification a parfois été discutée, car le tableau de Brunswick présente des caractéristiques quelque peu différentes de celles de ces paysages de neige, où se dresse généralement, au premier plan, un arbre tourmenté, aux branches figées par le givre.