Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Hayden (Henri)

Peintre français d'origine polonaise (Varsovie 1883  – Paris 1970).

Il fréquente l'École des beaux-arts de Varsovie, puis vient à Paris en 1907. En 1909, il expose un portrait de femme au Salon d'automne, puis rencontre en Bretagne le peintre polonais Slewinski, disciple de Gauguin, qui lui révèle l'art du maître. Jusqu'en 1911, ses œuvres se ressentent de cette influence (tableaux de Pouldu, 1910-11). La même année, il expose à la gal. Druet. De 1912 à 1914, marqué par Cézanne, il exécute notamment des compositions à personnages (Joueurs d'échecs, 1913) et, après avoir rencontré Juan Gris, Lipchitz et Metzinger en 1915, s'oriente de plus en plus vers un Cubisme synthétique, intelligemment informé de Gris et de Picasso (les Trois Musiciens, 1920, Paris, M. N. A. M.). Touché, lui aussi, par le retour à la réalité caractéristique des années 20, il connaît une longue période hésitante, vit dans le Vaucluse pendant la guerre, où il se lie d'amitié avec Samuel Beckett, et retrouve enfin un style coloré, largement simplificateur, où les leçons de Matisse et de Picasso se composent harmonieusement dans une suite de natures mortes et de paysages (la Mandoline, 1957, id.). Dans ses derniers paysages, la tache de couleur est disposée de manière plus libre : les Champs (1960, Turin, G. A. M.), Symphonie en vert (1967). Hayden exécute en 1945 un panneau décoratif pour l'école de Taverny (les Sciences). À partir de 1953, il expose à la gal. Suillerot à Paris. Plusieurs rétrospectives ont eu lieu au musée de Lyon (1960), au M. N. A. M. de Paris (1968 et 1977), au musée de Rennes (1979). Une exposition lui a été consacrée à Paris, gal. Marwan-Hoss en 1986.

Hayez (Francesco)

Peintre italien (Venise 1791  –Milan 1882).

Très jeune, il se rend à Rome (1809), où, sous la protection de Canova, il peint suivant les règles néo-classiques : Aristide (1811, Venise, G. A. M. Ca' Pesaro), Ulysse à la cour du roi Alcinoos (1815, Naples, Capodimonte), et rencontre sans doute les Nazaréens. Sa première formation vénitienne (il revient à Venise en 1817) l'incite toutefois à juger les œuvres néo-classiques les plus orthodoxes trop dures et trop ingrates dans leurs couleurs, et il amorce une légère réaction en faveur d'une palette plus aisée et plus vraie. Son passage au Romantisme, comme cela s'est généralement produit dans la peinture italienne, est dû essentiellement à la mutation des thèmes. En 1820, avec une œuvre d'inspiration médiévale (Pietro Rossi, Milan, coll. part.), il triomphe à l'académie Brera à Milan, où il s'installe en 1823 ; il deviendra professeur, puis président de cette académie, faisant figure de chef incontesté des peintres d'histoire. Dans ce domaine, ses œuvres les plus connues et les plus réussies sont les Vêpres siciliennes (1822, Milan, coll. part. ; 2e version, 1846, Rome, G. A. M.), la Conjuration de Cola da Montano (1826, Brera), les Proscrits de Parga (1831, Brescia, Pin. Tosio Martinengo), la Rencontre de Jacob et d'Ésaü (1844, id.), la Destruction du Temple de Jérusalem (1867, Venise, G. A. M. Ca' Pesaro), les Derniers Moments du doge Faliero (1867, Brera). Représentant de la première génération des peintres de tendance romantique, il s'en distingue toutefois par sa sensibilité raffinée et discrète (le Baiser, 1859, Brera), qui s'exprime avec une sensualité délicate et sincère dans ses nus (Carlotta Chabert en Vénus, 1830, musée de Trente ; Ruth, Bologne, Museo Civico ; Bethsabée, 1834, Brera). Il fut le plus grand portraitiste de son temps, alliant la finesse psychologique à la douceur des clairs-obscurs, qui n'exclut pas la précision graphique. Il se montre soucieux d'exprimer tour à tour la mélancolie du modèle (Carolina Zucchi, 1825, Turin, Museo Civico ; Pensée mélancolique, 1842, Brera), la fraîcheur acidulée de l'enfance (Don Giulio Vigoni, 1839, Milan, coll. part. ; Antonietta Negroni Prati Morosini, 1858, Milan, Offices communaux), l'élégance aristocratique (la Princesse de Sant'Antimo, Naples, museo di S. Martino ; Mathilde Juva Branca, 1851, Milan, G. A. M.) ou l'autorité du génie (Manzoni, 1860, Brera ; Cavour, 1864, id. ; Rossini, 1870, id.). La même souplesse se manifeste dans des dessins, dont une grande partie est conservée à Milan (Brera).

Hayman (Francis)

Peintre britannique (Exeter 1708  – Londres 1776).

Il commença par peindre des décors de théâtre pour Drury Lane à Londres. Il exécuta, en collaboration avec Gravelot, des dessins et des gravures pour le Shakespeare d'Hanmer, publié en 1743-44, et, av. 1750, travailla avec Gainsborough. De 1741/42 à 1760, il décora, pour Jonathan Tyers, les pavillons et les loges des jardins de Vauxhall. Il nous reste un témoignage de ce travail dans sa Country Dancers Round a Maypole (v. 1741-42, Londres, V. A. M.). Il participa activement à la St Martin Lane Academy et aux négociations qui aboutirent à la fondation, en 1760, de la Society of Artists, dont il fut président (1766-1768). Il fit alors partie de la Royal Academy, dont il devint bibliothécaire en 1771. Si Hayman ne fut pas un grand artiste, il se mêla de près à de nombreux travaux artistiques, et son œuvre témoigne d'une remarquable variété. Il peignit ou grava des scènes inspirées de l'histoire religieuse, du théâtre (Garrick et Mrs. Pritchard dans " The Suspicion Husband ", 1747, New Haven, Yale Center for British Art), d'épisodes imaginaires, de scènes de chasse ou de sport (Partie de cricket, 1743, Londres, Marylebone Cricket Club), ainsi que des conversation pieces, des scènes de genre (Danse de mai, 1743, Londres, V. A. M.) et des portraits (Autoportrait, Exeter, Royal Albert Memorial).

Hayter (Stanley William)

Graveur et peintre britannique (Londres 1901  – Paris 1988).

Diplômé de chimie organique et de géologie en 1921, après un séjour au Moyen-Orient, il revient à Londres en 1925 puis s'installe l'année suivante à Paris : il réalise alors ses premières pointes-sèches, aquatintes et bois gravés. En 1927, il fonde, rue du Moulin-Vert, un atelier, qui devient célèbre sous le nom d'" Atelier 17 ", quand il s'installe en 1933 au 17 de la rue Campagne-Première. C'est à cette époque qu'il se lie avec Calder, Masson, Eluard, Tanguy et participe, irrégulièrement, aux activités du groupe surréaliste (1933-1940). En 1940, il émigre aux États-Unis, où il rouvre l'Atelier 17 à New York. Après son retour à Paris, où il expose à la gal. Jeanne Bucher (1946), il séjourne de nouveau aux États-Unis avant de revenir définitivement à Paris en 1950, date à laquelle l'Atelier 17 s'établit rue de Vaugirard, puis dans les locaux de l'Académie Ranson, avant de s'installer rue Daguerre.

   De Hayter, on connaît davantage son rôle de guide auprès des artistes qui, de Max Ernst à Miró, de Picasso à Giacometti, de Kandinsky à Calder, Pollock ou Vieira da Silva, sont venus travailler dans son atelier. " Dans une vie, dit-il, on peut arriver à graver 1 000 planches. Je n'en ai fait pour ma part que 300, mais j'ai aidé à en faire 5 000. " Hayter a inventé de nouveaux procédés, tels qu'empreintes, traitement du métal aux acides et, surtout, burin multipointe. Son œuvre de graveur (Paysages urbains, 1930 ; Apocalypse, 1932) est fondé sur sa technique du trait, " tiré " ou " poussé ", après qu'il se fut exercé au dessin automatique Ses toiles suivent à peu près la même évolution : après les constructions linéaires de Meurtre (1933), il élabore de vastes compositions " abstraites " dans lesquelles le trait prend une importance accrue (Shook, 1948 ; Labyrinth, 1953, Zurich, coll. Jacometti) et s'organise peu à peu en obliques, aux traits plus larges et de couleurs vives (Sargasso Sea, 1957, New York, coll. Howard Wise ; Autumn, 1959/60, id. ; Clapotis, 1963, Paris, M. N. A. M.).