Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Thulden (Theodoor Van)

Peintre flamand (Bois-le-Duc 1606 – id. 1669).

Il appartenait à une famille catholique et bourgeoise d'Oirschot, près de Bois-le-Duc, et il fut l'apprenti d'un certain Abraham Van Blyenberch (1621-1622). En 1626, il est inscrit comme maître à Anvers. Peut-être se forma-t-il auprès de Rubens. Il est déjà fortement influencé par son style lorsqu'il peint à Paris de 1632 à 1634, pour les Trinitaires, les Scènes de la vie de saint Jean de Matha (disparues). De retour à Anvers, il travaille aux côtés de Rubens à la décoration de la ville pour l'entrée du Cardinal-Infant (1635), dont il sera chargé de conserver le souvenir par un album de gravure, le Pompa introïtus, puis à celle de la Torre de la Parada (1636). Chargé de soucis financiers et familiaux, il quitte Anvers en 1643 pour s'installer à Oirschot, puis à Bois-le-Duc, où il se fixe jusqu'à sa mort, en 1669, avec toutefois un court séjour à Paris (1647). C'est là qu'il réalise, de 1648 à 1651, ses grandes compositions pour la Huis ten Bosch à La Haye ainsi que les cartons de vitraux, en 1656, pour la cathédrale Sainte-Gudule à Bruxelles. Rarement portraitiste (on ne lui connaît que 3 portraits, aux musées de Bruxelles et de Tournai, dont la Musique et l'amour, Bruxelles, M. R. B. A., où il tente avec quelque maladresse d'atteindre à la distinction de Van Dyck), il a produit des toiles religieuses (le Christ à la colonne, id. ; les Provinces flamandes honorant la Vierge, 1654, Vienne, K. M. ; le Christ ressuscité apparaissant à la Vierge, peint pour les Jésuites de Bruges, Louvre), des allégories et des scènes mythologiques, plus souvent galantes qu'héroïques (Persée délivrant Andromède, 1664, musée de Nancy), dont une quarantaine sont signées et datées. Il se montre généralement fidèle à Rubens, sans en avoir la force, inclinant vers le classicisme et préférant fréquemment la grâce à la violence. Il est intéressant en tant que dessinateur (Ulysse et Pénélope endormis, Vienne, Albertina), d'autant que, là, il est attiré par le maniérisme de la première école de Fontainebleau ; il réalisera même deux recueils de gravures d'après les fresques de la galerie d'Ulysse, du Primatice, au château de Fontainebleau. Une exposition a été consacrée à l'artiste (Strasbourg, musée des Beaux-Arts) en 1992.

Tiarini (Alessandro)

Peintre italien (Bologne 1577 – id. 1668).

Il se forma à la culture maniériste bolonaise dans l'entourage de Bartolomeo Cesi. En passant à Florence en 1599, il se trouva parmi les épigones de la grande tradition maniériste locale, tout en continuant à peindre dans une manière abstraite et agitée, employant des couleurs souvent froides et claires.

   De retour à Bologne (1607), il s'intègre pourtant tout naturellement au groupe des suiveurs des Carrache, élargissant sa propre culture et accueillant les nouvelles conceptions naturalistes. Rapidement, il assombrit sa palette et la rend plus dense ; ses effets « ténébristes » atteignent parfois à une authentique expression dramatique. Son énergie créatrice s'épuisa assez vite ; mais nombre de ses œuvres exécutées au cours du premier quart du XVIIe s. (à Bologne, à Reggio) restent parmi les réussites les plus significatives de la tradition picturale amorcée à Bologne par les Carrache.

   Parmi ses œuvres les plus importantes, il faut citer des cycles de fresques à la chapelle S. Carlo, à S. Michele in Bosco de Bologne (1614), à S. Maria della Ghiara de Reggio Emilia et à S. Alessandro de Parme, de grandes compositions religieuses (Bologne, P. N. ; églises bolonaises des Servi, de S. Domenico, de S. Martino, de S. Salvatore ; Offices ; Brera ; Louvre ; Modène, Pin. Estense ; églises S. Giovanni et SS. Pietro e Prospero à Reggio) et de petits tableaux à sujets religieux (Adoration des bergers, Florence, Pitti ; le Christ au jardin des Oliviers, Padoue, Museo Civico).

Tibaldi (Pellegrino) , dit Pellegrino de'Pellegrini

Peintre italien (Puria in Valsolda 1527 – Milan 1596).

Après une première formation bolonaise, soumise à l'exemple de Girolamo da Carpi et de Bagnacavallo, Tibaldi complète ses études à Rome où il entre dans le cercle de Perino del Vaga, qui dirige alors la décoration du château Saint-Ange. Tibaldi y exécute les fresques de la Salle Paoline, sous sa direction, en 1547 (mais la datation est encore incertaine), où l'ascendant de Michel-Ange est directement perceptible. Il est alors en contact avec la seconde génération maniériste, celle de Vasari, de Salviati, de Daniele da Volterra, de Taddeo Zuccaro et de Muziano. C'est à cette époque qu'il réalise l'Adoration des bergers (1548 ou 1549, de la Galerie Borghèse), participe à l'« apparato » funèbre du pape Paul III (1549), à la décoration de la voûte de la chapelle Dupré à Saint-Louis-des-Français (en collaboration avec Siciolante da Sermoneta et Jacopino del Conte) et à celle de la chapelle della Rovere à la Trinité des Monts. Tibaldi revient à Bologne où il donne, à la demande du cardinal Poggi, son œuvre picturale la plus marquante : les scènes de l'Histoire d'Ulysse (1554-1556) dans deux salles du palais Poggi, aux saisissants effets plafonnants et aux violents raccourcis. Dans le même palais, Tibaldi décore une cheminée (Hercule sur le bûcher) et peint une frise en trompe-l'œil (Histoire de saint Paul). Pendant cette période il travaille en outre à S. Giacomo Maggiore (chapelle Poggi), où lui succédera Prospero Fontana. De retour à Rome, il décore à fresque l'église S. Andrea, sur la Via Flaminia. De 1558 à 1561, le peintre exécute un voyage dans les Marches et travaille comme architecte et comme peintre à Ancône (fresques à la loggia della Mercanzia et au palais Ferretti) ainsi qu'à Lorette où les fresques de la Santa Casa, en grande partie détruites, marquent l'introduction dans cette région de la « grande manière ». En 1566, devenu architecte en chef du dôme de Milan, Tibaldi travaille pendant vingt ans en Lombardie : à Novara, à Varallo et à Pavie. Sa renommée le fait appeler par Philippe II à l'Escorial de Madrid, où il succède à Federico Zuccari et à Luca Cambiaso pour les fresques du cloître et de la bibliothèque (46 scènes de la Vie du Christ, 1588-1595). La structure de la composition de la voûte et la division des espaces semblent être un hommage au décor de la chapelle Sixtine. Les figures y apparaissent comme des adaptations, à échelle réduite, des modèles de Michel-Ange, conçues de façon géométrique, peintes dans des tons froids et une lumière claire, sans ombres. Parmi les tableaux qui sont attribués à Tibaldi, on peut citer la Sainte Famille de Naples (Capodimonte), deux Figures allégoriques à la P. N. de Bologne, le Baptême du Christ de la Pinacothèque d'Ancône (prédelle avec la Décollation de saint Jean à la Brera).