Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Montero de Rojas (Juan)

Peintre espagnol (Madrid 1613  – id. 1683).

Il étudie à Madrid chez Pedro de las Cuevas, peintre aujourd'hui inconnu qui dirigeait un atelier important, puis il se rend à Rome, où il est attiré par le réalisme " ténébriste ". De retour à Madrid, il travaille surtout pour les églises et les couvents. Ses tableaux conservés sont très peu nombreux ; les plus importants (Ivresse de Noé, musée de Tarbes ; Songe de saint Joseph, Madrid, Mercédaires de Alarcón ; Saint Joseph et l'Enfant, 1668, Madrid, coll. part.) révèlent un artiste personnel, d'un naturalisme sévère, d'une technique forte et colorée, mais un peu maladroite dans sa composition.

Monticelli (Adolphe)

Peintre français (Marseille 1824  – id.  1886).

Il appartenait à une famille d'origine italienne fixée à Marseille. En 1843, il remporta le prix de dessin à l'école des beaux-arts de sa ville. Mais le musée l'attirait plus qu'un enseignement scolaire et, quand il vint à Paris, en 1847, pour deux années, c'est au Louvre qu'il trouva ses maîtres en Rembrandt, en Véronèse et en Watteau, plus qu'en Paul Delaroche, dans l'atelier de qui il étudia. Sa formation fut lente et ce n'est qu'en 1856, à l'occasion d'un retour à Paris, que son génie s'éveilla. Il fut apprécié de Delacroix et reçut la commande d'une décoration pour les Tuileries. Sa rencontre avec Diaz décida du choc qui le révéla à lui-même. Mais, s'il découvrit auprès du peintre des Fêtes galantes, successeur de Watteau, une affinité et une émulation, il dépassa son modèle aussi bien par l'ardeur d'une expression visionnaire que par l'audace de sa technique. Il superposa des touches d'une pâte généreuse, dissolvant la forme dans un jaillissement de couleurs pures, créant ainsi un monde enchanté (Don Quichotte, v. 1865, Paris, musée d'Orsay). Cette période — dénommée " parisienne " ou " écossaise " à cause de la nationalité de ses amateurs, ou encore " période de l'impératrice " en raison de l'adulation que, selon la légende, l'artiste portait à la souveraine — annonce sa maturité. Elle commença en 1870 quand Monticelli retourna définitivement à Marseille. Celui-ci donna alors la part la plus prestigieuse d'un œuvre fécond et varié. Tout en continuant de produire d'imaginaires féeries, il retrouva un œil réaliste pour peindre des portraits dont les visages sont maçonnés dans un lumineux empâtement (Madame René, musée de Lyon ; Madame Teissier, Paris, musée d'Orsay ; Portrait de femme, Chicago, Art Inst.), des natures mortes (Paris, musée d'Orsay ; musée de Lyon ; Londres, N. G.) et des bouquets aux couleurs éblouissantes, des paysages saturés de soleil. Ses œuvres figurent dans la plupart des grands musées du monde ; mais celui de Marseille et surtout celui de Lyon montrent chacun un ensemble particulièrement important de peintures. En dépit de tant de plagiaires et de faussaires, Monticelli n'eut pas de successeur direct. Artiste d'exception, il joua un rôle complexe, préfigurant à la fois l'Impressionnisme par l'analyse du coloris et la vibration de la touche, le Symbolisme par la rareté ésotérique de l'émotion, Van Gogh et le Fauvisme par la hardiesse des tons et le goût des empâtements, en prolongeant le Romantisme par des thèmes inspirés de la fable et du passé.

Montoliu (Valentín)

Peintre espagnol (documenté en Catalogne de 1433 à 1469).

L'un des derniers représentants du Gothique international, il est cité à Tarragone à partir de 1433 puis il s'établit à San Mateu de 1448 à 1469. Il suit la voie tracée par Martorell mais il manifeste une certaine emphase dans l'ampleur des vêtements aux plis cassés et dans le détail des accessoires, souvent traités en léger relief d'or gaufré. Trois retables sont conservés en totalité ou en partie à l'ermitage de la Vierge del Llosar (1455), à l'église de la Mata de Morella (1467) et à la cathédrale d'Ibiza (1468).

Moor (Carel de)

Peintre néerlandais (Leyde 1656  – id.  1738).

Élève de Dou et de Mieris à Leyde, d'A. Van den Tempel à Amsterdam, Carel de Moor est inscrit en 1683 à la gilde de Leyde. Il peignit des portraits aristocratiques dérivés de ceux de Dou, de Maes et de Netscher : le Baron Van Wassenaer (1716, musée de Grenoble), Magistrats et échevins de La Haye (1719, Mauritshuis), Famille hollandaise (Louvre), Autoportrait (Rijksmuseum).

Moore (Henry)

Sculpteur, dessinateur et graveur britannique (Castleford, Yorkshire, 1898  – Much Hadham, Hertfordshire, 1986).

L'un des plus illustres sculpteurs du XXe siècle, Moore fut aussi peintre, dessinateur et graveur. Formé à la Leeds School of Art, puis au Royal College of Art, où il enseigne la sculpture dès 1924, Moore exécute ses premières œuvres en 1920. Toiles (Femme dans un fauteuil) et dessins (Deux Formes blanches sur fond rouge) visent le dépouillement et l'intensité, communs aux arts anciens du Mexique, aux fresques de Giotto et de Masaccio, et aux œuvres contemporaines qu'il découvre à Londres en 1920. Préoccupé par les rapports entre la forme et l'espace environnant, l'artiste substitue à la figure ses analogies ou ses équivalences avec le monde animal, le monde végétal ou le monde minéral (Métamorphoses, 1932), en insistant sur le rythme des volumes et des trouées. Du Surréalisme, auquel il participe en 1936, il retient le goût pour des espaces insolites, arbitrairement créés par les plans colorés, et habités de formes stylisées (Objet sculptural dans un paysage, 1938). Nommé " War Artist " en 1940, il exécute 82 dessins d'abris, dont il tirera 7 lithographies, et cette expérience, complétée l'année suivante par celle de dessins de mineurs à Castleford, est décisive. Dans les uns (Abri Tilbury, 1941, Londres, Tate Gal.), il surprend la masse indifférenciée de l'individu enroulé dans des couvertures ou d'une foule dans l'expectative ; dans les autres (Études de mineurs au travail, 1942, Leeds, City Art Gal.), il insiste sur l'attitude qui résume le geste du mineur. Il crée ainsi un répertoire de formes non figuratives qui nourrira l'inspiration d'un métier de graveur peu exploité avant 1949 (Figures sculptées, bois gravés, 1931). Le jeu des formes concaves et des formes convexes, les tensions entre espace fermé et espace ouvert redonnent aux thèmes ancestraux (figure couchée inspirée du Chac-Mool, femme et enfant, roi et reine) leur massivité et leur puissance originelles (Deux Figures couchées monumentales, 1966). En rappelant les enchevêtrements de Piranèse, les 28 pointes-sèches qu'il consacre en 1969 au crâne d'éléphant évoquent à la fois courbes humaines, paysages et architectures, et préludent à une ampleur nouvelle (Mouton et agneau, figure I, 1972). Installé depuis 1940 à Perry Green, Much Hadham, l'artiste y a créé la Henry Moore Foundation.