Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Leibl (Wilhelm)

Peintre allemand (Cologne  1844  – Würzburg 1900).

Il fut l'élève du peintre polonais Hermann Becker de 1861 à 1864 à Cologne. De 1864 à 1867, il fréquenta l'Académie de Munich et fit connaissance de Hirth, de Haider et de Sperl. Il fut l'élève d'Arthur von Ramberg de 1866 à 1868 et de Piloty en 1868. Il exposa sa première œuvre importante à l'Exposition internationale de Munich (Madame Gedon, 1869 Munich, N. P.) où il vit les tableaux de Manet, Corot, Millet et Courbet, qui l'impressionnèrent vivement. La même année, il fit la connaissance de ce dernier et le suivit à Paris, où il exécuta la Cocotte (Cologne, W. R. M.). De 1870 à 1873, il s'installe de nouveau à Munich. En 1871, il rencontre Schuch et Trübner, qui forment autour de lui le " cercle Leibl " avec Sperl et Alt. L'année suivante, il exécuta sa première grande composition à plusieurs personnages : Die Tischgesellschaft (la Tablée, id.). À partir de 1873, il vécut dans différents villages des environs de Munich. Il exécuta en 1876-77 les Politiciens de village, (Winterthur, Fond. Oskar Reinhart), première représentation d'un intérieur de paysans où le réalisme achevé de chaque détail atteste la maturité de l'artiste, puis entre 1878 et 1882 les Trois Femmes à l'église (musée de Hambourg), toile qui correspond à l'apogée de sa manière : la fermeté des contrastes, la technique libre et minutieuse à la Memling, l'originalité de la mise en page, la raideur silencieuse de la composition allient de robustes qualités d'exécution à une forte intensité psychologique. Les Braconniers furent peints de 1882 à 1886, mais l'artiste détruisit le tableau, mal accueilli à Paris (fragment à Berlin, N. G.). La vie paysanne lui fournit les modèles de portraits et les motifs des scènes de genre, qu'il traduisit avec une fidélité dénuée d'anecdotisme, ce qu'il dut à son étude des peintres néerlandais, notamment Rembrandt et Ter Borch. À Munich, Leibl s'opposa aux peintres de sujets historiques tels que Piloty et il rencontra de plus en plus l'hostilité du public et de la critique, dénoncé comme apôtre du laid. Un faire plus large marque sa dernière période (les Fileuses, 1892, musée de Leipzig). Le W. R. M. de Cologne conserve la plus grande partie son œuvre. Leibl demeure avec Menzel le plus célèbre représentant de la peinture réaliste allemande du XIXe s. La Neue Pin. de Munich possède également plusieurs de ses tableaux.

Leighton (lord Frederic)

Peintre britannique (Scarborough, Yorkshire, 1830 – Londres 1896).

Fils d'un médecin connu, ayant reçu une excellente éducation classique, il illustra parfaitement l'Académisme et le retour à l'Antiquité gréco-romaine de la fin du XIXe s. en Angleterre. Il se forma en voyageant à travers toute l'Europe, son maître le plus important étant le nazaréen Steinle (1849-1852) ; il étudia également en Italie (1852-1855) et à Paris. Son gigantesque tableau intitulé la Madone de Cimabue portée en procession à Florence (1855, Londres, Buckingham Palace), acheté par la reine aussitôt qu'exposé, causa une énorme sensation. Le succès de Leighton ne fit que s'amplifier par la suite et il occupa dans la société une place éminente et respectée. Élu A. R. A. en 1864 et R. A. en 1868, il fut nommé président en 1878 et anobli en 1896. Ayant d'abord pris ses sujets dans l'histoire sainte, les temps médiévaux et la littérature, il retourna progressivement vers l'Antiquité (Hercule combattant la mort pour le corps d'Alceste, 1871, coll. part.). C'est sur ce type de toiles que repose aujourd'hui sa réputation (le Jardin des Hespérides, 1892, Port Sunlight, The Lady Lever Art Gal. ; Flaming June, 1895, Ponce, Porto Rico, Museo de Arte). Il est l'auteur de 2 fresques décoratives du V. A. M. de Londres : les Arts industriels appliqués à la paix et la guerre. Son style, d'une correction scrupuleuse, inspiré de la Grèce et de la Renaissance italienne, doit beaucoup à la minutie avec laquelle il préparait la toile définitive (esquisse monochrome, nombreuses études de détail et d'ensemble de figures, nues puis drapées). Sa résidence et son atelier à Londres ont été transformés en musée. Une rétrospective a été consacrée à Leighton (Londres, Royal Academy) en 1996.

Leistikow (Walter)

Peintre allemand (Bromberg  1865  – Berlin  1908).

Son atelier fut le centre de l'avant-garde berlinoise à la fin du XIXe s. et il enseigna à l'Académie de Berlin (1890-1893). Leistikow participa à la fondation de l'association des XI d'où naquit, à son instigation, la Sécession en 1899, contre von Werner et la peinture officielle de Guillaume II. Écrivain à ses heures (Auf der Schwelle [Sur le seuil], 1896), il fréquenta aussi le cercle poétique de Hauptmann. Paysagiste, Leistikow devint l'interprète des lacs et des pinèdes brandebourgeois. Par l'intermédiaire de son maître norvégien à l'Académie de Berlin (1885-1887) Hans Gude, il fut d'abord marqué par le Réalisme de l'école d'Achenbach (Briqueterie à Eckernförde, 1887, Dresde, Gg). Ses contacts avec Munch, L. von Hofmann, ses voyages dans le Nord et un séjour à Paris en 1893 l'amenèrent au cours des années 1890 à un lyrisme naturaliste et symbolique, qui atteint parfois à une représentation monumentale et stylisée du site, dont il élimine toute figure. L'économie des valeurs et la schématisation plane des volumes, ainsi que le graphisme suggestif, transforment le motif simplifié du paysage nordique austère en un symbole d'atmosphère élégiaque au charme mélancolique. Liebermann et Corinth incarnent la réaction à une telle conception, et Leistikow, après 1900, tenta d'associer une stylisation décorative à un impressionnisme naturaliste, sans renoncer pour autant aux surfaces plates, héritées de sa vision du paysage septentrional. Seuls ses travaux décoratifs (reliure, tapisserie, papiers peints) rattachent directement Leistikow au Jugendstil, et particulièrement au style floral d'Eckmann. L'artiste est représenté dans les musées de Berlin, Munich et Leipzig.

Lejeune (Louis-François, baron)

Peintre français (Strasbourg 1775  – Toulouse 1848).

S'il ne s'était engagé dans l'armée de 1792, il eût probablement été paysagiste comme son maître Valenciennes ; mais son choix d'une carrière militaire le destina à la peinture de batailles. Au combat, ses mérites lui valurent les titres d'aide de camp du général Berthier (1800), de baron (1810), de général de brigade (1812) ; à l'atelier, ils lui acquirent le succès et la confiance de Napoléon, qui fit de lui le chroniqueur des campagnes de l'Empire. Mais Lejeune s'était distingué dès le Consulat avec la Bataille de Marengo (1801), ouvrant la voie, que suivit Hennequin, de vastes vues panoramiques reprises au paysage militaire classique et amplifiées à l'aide de relevés topographiques précis. Soucieux du détail, il est également sensible à l'anecdote : son Bivouac de l'Empereur la veille d'Austerlitz (1808) sera le prototype des bivouacs popularisés par les gravures de Charlet et de Raffet. Blessé à Hanau en 1813, Lejeune se consacre à sa carrière de peintre. De diffuse qu'elle était, la composition de ses œuvres évolue alors vers une concentration synthétique : Bataille de La Chiclana (Salon de 1824). En 1837, l'artiste accepte le poste de directeur de l'École des beaux-arts de Toulouse. La plupart de ses toiles sont à Versailles. On lui doit enfin l'introduction en France de la première lithographie (Un cosaque), faite en 1806 à Munich dans l'atelier des inventeurs du procédé.