Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Herbin (Auguste)

Peintre français (Quiévy, Nord, 1882  – Paris 1960).

Il passe sa jeunesse au Cateau, où il apprend le dessin, fréquente ensuite l'école des Beaux-Arts de Lille et arrive en 1901 à Paris. Il peint d'abord dans la manière impressionniste des tableaux qu'il vend au père Soulier et ensuite à Clovis Sagot. Il expose pour la première fois en 1905 au Salon des indépendants. Accordant déjà la priorité à la couleur, c'est avec des peintures fauves qu'il participe au Salon d'automne de 1907 mais, dès l'année suivante, ses œuvres sont devenues cubistes. C'est le point de départ de ses propres recherches plastiques, quelque peu parallèles à celles de Juan Gris, qu'il avait rencontré au Bateau-Lavoir, où il s'était installé en 1909. Il est pris sous contrat par Léonce Rosenberg dans sa galerie de l'Effort moderne, à partir de 1917, alors que déjà sa préoccupation de lier dans le plan la couleur à la forme l'avait amené à concevoir ses premières compositions abstraites (Paysage à Céret, 1913, Céret, M.A.M.), le respect du plan étant pour lui incompatible avec la représentation de l'objet. Dès ce moment, il affirme sa volonté d'émancipation et développe ses principes, qu'il applique même, vers 1920, à l'exécution de reliefs en bois polychromes (Paris, M. N. A. M.) dans lesquels il tente une synthèse monumentale des trois arts plastiques : peinture, sculpture et architecture. Pourtant, il revient encore pour une brève période, de 1922 à 1925, à l'art figuratif avec des paysages méridionaux peints au cours d'un séjour à Vaison-la-Romaine, des scènes de genre, des Joueurs de boules, 1925 (Paris, M. N. A. M.) et des natures mortes exécutées en aplats. Ce dernier contact direct avec la nature lui confirme que la couleur a bien son langage propre, qu'il associe d'abord à des formes simples rythmiquement organisées avant d'établir un système de relation étroite entre la couleur et la forme qui constituera l'originalité de l'œuvre abstraite qu'il accomplit à partir de 1940 pour exprimer " une vision spirituelle de l'univers ". Sa réflexion rigoureuse sur la création non figurative lui permet d'élaborer un " alphabet plastique " fondé sur les couleurs pures combinées avec les figures élémentaires de la géométrie plane : cercle, carré, rectangle, triangle, losange (Composition sur les noms Apollon et Dionysos, 1947, musée de Tourcoing), et de codifier l'utilisation de cet alphabet dans un ouvrage théorique, l'Art non figuratif non objectif (éditions Lydia Conti), qu'il publie à Paris en 1949. Herbin, qui avait fondé en 1931 avec Vantongerloo l'association Abstraction-Création et contribué aussi à la création du Salon des réalités nouvelles, dont il fut le vice-président jusqu'en 1955, a exercé par la force de ses images et la rigueur de son attitude une grande influence sur les jeunes artistes abstraits d'après-guerre au même titre que César Domela et Alberto Magnelli. L'œuvre d'Herbin reste un des plus beaux exemples de l'art abstrait géométrique. Il est représenté par plusieurs toiles au M. N. A. M. de Paris et par un ensemble d'œuvres au musée du Cateau. Le M. O. M. A. et le Guggenheim Museum de New York, les musées de Beauvais, Céret, Nantes, Valenciennes, Lille, Saint-Étienne et Grenoble conservent de ses tableaux. Une rétrospective Herbin a été présentée (Céret, M. A. M.) en 1994. Le catalogue raisonné des œuvres d'Herbin est publié à Paris en 1995. La gal. Denise René a présenté un bel ensemble d'œuvres de l'artiste, Paris, 1995-1996.

Herlin (Friedrich)

Peintre allemand (Rothenburg v.  1435  – Nördlinger  1500).

Originaire de Rothenburg, F. Herlin se fixa à Nördlinger, où sa présence est attestée à partir de 1459. En 1462, il y fut l'entrepreneur du retable du maître-autel de l'église Saint-Georges, dont il peignit les volets (face dominicale : l'enfance du Christ, de l'Annonciation à la Présentation au Temple ; face quotidienne : Légende de saint Georges, Donateurs). Le style de ces panneaux, où se lit l'influence de Rogier Van der Weyden, et notamment du Retable de Sainte-Colombe, que Herlin avait pu voir à Cologne, est empreint d'une certaine raideur. Le peintre confia le programme sculpté de cet ensemble à deux maîtres : le Néerlandais Nicolas de Leyde et le maître strasbourgeois de la Vierge de Dangolsheim. Depuis 1972, le retable est à nouveau en place dans l'église Saint-Georges de Nördlinger. Herlin peignit également les volets du maître-autel de l'église Saint-Jacques de Rothenburg (1466).

Hermann (les)

Peintres allemands.

 
Franz Georg (Kempten  1692  – id. 1768). Originaire d'une famille de peintres qui travaillait surtout dans le sud de la Souabe, il fut d'abord l'élève de son père Franz Benedikt. Vers 1708, il entra dans l'atelier de Sebastiano Conca à Rome, en même temps que les frères Asam et Nicolaus Stuber. Il obtient un prix à l'Académie de Saint-Luc en 1712. Il est de retour à Kempten au plus tard en 1718. En 1720, il partage avec Pellegrini la décoration à fresque de l'église abbatiale S. Mang à Füssen. Le prince-abbé Anselm von Reichlin-Meldegg le nomme peintre de sa cour à Kempten en 1725. À partir de 1732, il exécute la décoration des murs et plafonds de 4 salles de la Résidence de Kempten. Franz Georg est un peintre habile et rapide qui maîtrise avec virtuosité les grandes surfaces. Sur l'ensemble d'une dizaine de décorations à fresque, très inégales, où le dessin se relâche souvent et où le coloris est dur, la plus importante est le cycle de 27 fresques de l'église de Steinbach (1753), pour laquelle il exécute également des tableaux d'autel, et celle de la bibliothèque de l'abbaye des prémontrés de Schussenried (1755-1757), où son fils Franz Joseph (Kempten 1732 – ?) l'aida à peindre un sujet original et complexe : la Rédemption par la croix du Christ éclairant les sciences. Franz Joseph travailla également pour la Résidence de Kempten, où il termina le cycle de l'Histoire d'Esther en 1791.

 
Franz Ludwig (Wengen 1710 – Constance 1790/99). Peut-être fils de Franz Georg, il s'établit à Constance v. 1740 et y devint peintre de la cour du prince-évêque F. C. von Rodt. Les 6 fresques de Constance (1770, église Saint-Étienne) et les quelques tableaux d'autel connus à Constance (Martyre de saint Barthélemy, cathédrale) et dans le Brisgau révèlent un artiste doué, plus précis dans son dessin, plus nuancé dans son coloris que Franz Georg.