Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
S

Siciolante (Girolamo) , dit il Sermoneta

Peintre italien (Sermoneta 1521  – Rome 1575).

Il appartient au groupe des artistes travaillant à Rome entre 1540 et 1550, dont aucune des personnalités — en dehors naturellement de celle de Michel-Ange — n'est encore clairement définie. Un bon nombre de ses œuvres de jeunesse, peintures et dessins, ont été attribuées abusivement à Perino del Vaga. Les grands traits de sa biographie nous sont donnés par Vasari et Baglione. Sermoneta a probablement été l'élève de Leonardo da Pistoia, qui semble avoir vécu à Rome entre 1530 et 1540. À vingt ans, il reçoit sa première commande de Camillo Caetano, seigneur de Sermoneta et cousin de Paul III Farnèse qui, comme son fils Boniface, eut une rôle important dans la carrière de l'artiste : une Vierge à l'Enfant avec deux saints, datée de 1541, pour la " badia " de S. Pietro e Stefano, près de Sermoneta (auj. à Rome, palais Caetani). Il est mentionné pour la première fois à Rome en 1543 et doit avoir établi un premier contact avec l'atelier de Perino, qui l'influence fortement (Pietà pour les Santi Apostoli, auj. au musée de Poznań). Au cours d'un bref séjour à Piacenza, en 1545, auprès de Pier Luigi Farnese, il exécute une Sainte Famille avec saint Michel (Parme, P. N.). Après l'assassinat de Pier Luigi Farnese, il se rend à Bologne, où il peint une grande Vierge à l'Enfant avec saints pour S. Martino (étude préparatoire au Louvre), puis regagne Rome, où Perino del Vaga vient de mourir, en laissant plusieurs œuvres inachevées : Siciolante participe, avec Jacopino del Conte, au décor d'une chapelle à l'église Saint-Louis-des-Français (Baptême de Clovis). Au cours des années suivantes, Siciolante travaille pour des commanditaires importants : l'ambassadeur de France, Claude d'Urfé (onze Scènes de l'Ancien Testament remises en place, chapelle de la Bastie d'Urfé, 1549) ; Girolamo Capodiferro (Scènes de la vie de Scipion l'Africain, fresques au palais Capodiferro Spada, 1550) ; les Cesi à Santa Maria della Pace et à Santa Maria Maggiore ; les Fugger à Santa Maria dell'Anima ; ses protecteurs, les Caetani,(Vierge à l'Enfant ; Scènes de l'ancien et du Nouveau Testament, Sermoneta, San Giuseppe) ; Jules III à Sant'Andrea sulla via Flaminia ; Pie IV dans les palais du Vatican. Il produit de nombreux retables dans la dernière décennie de sa vie à Rome ainsi que dans la région du Latium et des Marches. Il travaille enfin, sous Pie IV, à la Sala Regia au Vatican, en même temps que Livio Agresti (Victoire du roi Pépin, 1565, projet dessiné au Louvre). Son œuvre est marquée par le classicisme de Raphaël et par l'interprétation de l'art de Michel-Ange que donnent Sebastiano del Piombo et Jacopino del Conte : une composition simple et grandiose, une expression austère des sentiments et une grande clarté narrative.

Sickert (Walter)

Peintre anglais (Munich 1860  – Bath 1942).

Il était le fils d'Oswald Adalbert Sickert, peintre et illustrateur d'origine danoise. Sa famille se fixa définitivement à Londres en 1868 et il se forma à la Slade School (1881), travaillant sous la direction de Whistler (1882-1885) qui, en 1883, lui fit connaître Degas. Ce dernier devait être l'ami autant que le modèle de Sickert, et ces deux peintres peuvent être considérés comme ses maîtres. En 1885, Sickert commença à passer l'été à Dieppe, où il connut J.-E. Blanche et où il vécut de 1899 à 1905. Il laissa de nombreuses vues de cette ville : le Boulevard Aguado (Paris, M. N. A. M.), l'Hôtel royal, l'Église Saint-Jacques, l'Église Saint-Remy (musée de Dieppe), importante série de dessins et d'aquarelles au musée de Rouen, Boutique à Dieppe (1902, Glasgow, Hunterian Art Gal.), Baigneurs, Dieppe (v. 1902-1903, Liverpool, Walker Art Gal.), Rue Notre-Dame (1902), le Café des tribunaux (Ottawa, N. G.), le Café des tribunaux (v. 1890, Londres, Tate Gal.), les Arcades de la Poissonnerie (v. 1900, id.), l'Église Saint-Jacques (v. 1899, id.), la Statue de Duquesne (v. 1902, id.). À cette même époque, il fit de longs séjours à Venise, décrivant aussi bien les monuments que le petit peuple vénitien : Fille vénitienne (musée de Rouen), la Piazzetta (v. 1901, Londres, Tate Gal.), la Salute (v. 1901-1903, id.), Intérieur de Saint-Marc (1896, id.), Saint-Marc, Venise (1895-96, id.), la Femme dans une gondole (1905), Saint-Marc (Oxford, Ashmolean Museum). Il revint à Londres en 1905, travailla surtout dans le cercle des graveurs de Camden Town et devint la principale figure au milieu de jeunes peintres attirés par l'Impressionnisme français (1907-1914). Pendant un court moment, il fut à la tête de l'avant-garde anglaise, mais les expositions postimpressionnistes de Roger Fry et la pénétration du Fauvisme et du Cubisme à Londres le mirent v. 1914 dans une situation plus isolée. Sickert commença, en 1915, à exposer à la Royal Academy, dont il fut élu membre associé en 1924 ; académicien en 1934, il démissionna cependant l'année suivante. Il préféra alors vivre hors de Londres, dans des villes de province telles que Bath, Broadstairs et Brighton.

   Ses premières œuvres sont d'une tonalité sombre. Sickert aimait particulièrement le music-hall victorien, qui lui fournit les sujets de ses meilleurs tableaux : le Music-hall (musée de Rouen), le Théâtre du Vieux Bedford (Ottawa, N. G. ; Cambridge, Fitzwilliam Museum), le Théâtre du Nouveau Bedford (1915-16, Tate Gal.). Les intérieurs sordides de la classe ouvrière, montrant parfois des nus vautrés sur des lits de fer, caractérisent sa période de Camden Town, mais l'artiste présente par ailleurs des analogies avec l'intimisme de Bonnard et de Vuillard (Ennui, 1913-14, Tate Gal.). Ses tableaux ultérieurs, beaucoup plus colorés apr. 1915, eurent surtout pour motifs des personnages et des vues architecturales ; ils furent parfois exécutés directement d'après des gravures victoriennes ou des photographies qu'il interpréta en fin de carrière avec autant de liberté qu'il avait utilisé les dessins dans sa jeunesse. Sickert fut un professeur réputé, et ses écrits sur l'art dénotent une critique incisive.

   Le centenaire de sa naissance en 1960 a été marqué par une importante exposition à la Tate Gal. Sickert est représenté dans les musées anglais : à Cambridge (Fitzwilliam Museum), à Oxford (Ashmolean Museum), à Londres (Courtauld Inst.), à Manchester (City Art Gal.) et surtout à la Tate Gal.