Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
H

Hesse (Eva)

Artiste américaine (Hambourg 1936  – New York 1970).

Sa famille fuit l'Allemagne en 1939, s'installe à Londres puis aux États-Unis en 1945. Eva Hesse poursuit des études dans différentes écoles et universités américaines au cours des années 50 (School of Industrial Arts, Pratt Institute of Design for Advertising, Yale School of Art and Architecture). La Kunsthalle de Düsseldorf réalise en 1965 sa première importante exposition personnelle. Elle est reconnue à la fin des années 60 parmi les artistes les plus représentatifs de l'" Anti-Form ", qui regroupe des Américains tels que Robert Morris, Bruce Nauman, Keith Sonnier, Alan Saret. À l'encontre de l'Art Minimal, l'Anti-Form intègre dans la sculpture des matériaux non usinés aux formes souples et molles qualifiées d'excentriques : le feutre, le caoutchouc, la résine et le latex dont Eva Hesse fera un usage fréquent. L'art d'Eva Hesse est caractéristique par l'installation dans l'espace de pièces dont les formes et les qualités matérielles sont apparentées à celles de sécrétions organiques évoquant l'esprit surréaliste de Matta, de Tanguy ou de Meret Oppenheim. L'artiste a su convertir cet héritage dans un ensemble de propositions dont les éléments sont structurés en série, tenant cependant compte de leurs différences sans le recours aux techniques de reproduction sérielle. Chez Eva Hesse, la fabrication manuelle est prioritaire. Sa dernière œuvre " Right After " (1969), un enchevêtrement de fils de fibres de verre qui se développe dans l'espace, exploite les irrégularités et les aléas formels inhérents à l'installation comme source d'une organisation spatiale. Pour l'artiste, " le chaos peut être aussi structuré que le non-chaos ". Le Guggenheim Museum de New York lui a consacré une exposition rétrospective en 1972. Ses œuvres sur papier ont été présentées à Paris en 1991 (gal. Renos Xippas). Une rétrospective a été consacrée à l'artiste (Paris, G. N. du Jeu de Paume ; Valence, Espagne, I. V. A. M.) en 1993.

Hetsch (Philipp Friedrich von)

Peintre allemand (Stuttgart  1758  – id. 1838).

Élève de Guibal à la Karlsschule de Stuttgart, entre 1771 et 1775, il fut nommé peintre de cour de Wurtemberg en 1780 et fut en relation avec Schiller et le sculpteur Dannecker. Il compléta sa formation à Paris (1781-82 et 1783-84), où il fut influencé par Vien, Joseph Vernet et David, et à Rome (1785-1787), où il assista à l'exposition et au triomphe du Serment des Horaces (Paris, Louvre) de David. Il fit deux autres séjours dans cette ville, où il eut peut-être l'intention de se fixer à la mort de son protecteur, Charles-Eugène de Wurtemberg. Il y fréquenta Schick et Koch, ses élèves de Stuttgart, ainsi que Reinhart. Il devint par la suite professeur à l'Académie de Stuttgart et directeur de la Galerie de Ludwigsburg. De nature hypersensible, souffrant de dépression due à ses déceptions professionnelles et à des malheurs familiaux, il cessa de peindre en 1819, à la suite d'un lent déclin de son art après 1800. Il a pratiqué la peinture d'histoire et le portrait. Son tableau Cornélie, mère des Gracques, peint en 1794 (Stuttgart, Staatsgal.), le montre beaucoup plus proche de Vien que de David, bien que la composition doive beaucoup à ce dernier. Sa facture très souple, ses ombres transparentes et chaudes, la grâce un peu mièvre des formes et du coloris font de lui un continuateur de l'ancienne tradition picturale, et ses efforts pour se mettre à la mode néo-classique correspondent à une baisse de qualité de ses œuvres. Hetsch n'avait pas les dons requis pour devenir un grand peintre d'histoire : le sens de la composition, du groupement des personnages lui est étranger. Ses portraits, par contre, peuvent être excellents (Autoportrait, v. 1787-1790, Stuttgart, Staatsgal.). Malgré les faiblesses de son art, Hetsch fit entrer la peinture " révolutionnaire " française en Allemagne et fut très apprécié de Goethe et de Schadow.

Heurtaux (André)

Peintre français (Paris 1898 id. 1983).

Après ses premiers travaux d'amateur, il découvre le Cubisme en 1922 dans une exposition d'André Lhote à Paris ; il expose au Salon des indépendants à partir de 1925 puis à celui des surindépendants, auquel il restera fidèle toute sa vie. Il évolue vers la peinture non figurative de tendance géométrique et, après une période de tâtonnements (Composition sur fond bleu, 1932, Cholet, musée des Beaux-Arts), il donne en 1933 un tableau magistral, Composition grise à degrés (Stiftung für konstruktive Kunst, Frauenfeld, Allemagne), qui montre une peinture de format rectangulaire composée de deux surfaces, l'une blanche, l'autre noire, séparées par une ligne diagonale en forme d'escalier. Le caractère élémentaire de la composition, l'absence de couleur, la neutralité de la facture, le recours aux jeux et du positif et du négatif donnent toute sa force à cette œuvre qui ne le cède en rien aux recherches les plus extrémistes conduites par les peintres polonais de la même époque tels que Wadyslaw Strzeminski et Henryk Stazewski. Il rencontre à plusieurs reprises Piet Mondrian et adhère à l'association Abstraction-Création en 1937, au moment où elle prend fin. Par la suite, ses œuvres, qui sont longuement étudiées au moyen du dessin et patiemment fabriquées au moyen de couches fines de peinture, vont jouer de compositions toujours très simples, généralement fondées sur des diagonales et des couleurs atténuées à base de gris, d'ocres et de terres. Heurtaux mènera une vie effacée jusqu'à sa première exposition personnelle, en 1972, à la gal. Denise René, à Paris, qui lui vaudra un regain d'attention. Le musée de Cholet lui a consacré une rétrospective importante en 1983. Il est représenté au musée de Cholet ainsi qu'au musée de Grenoble (Composition n° 115, 1968-71).

Heusch (les de)

Peintres néerlandais.

 
Willem (Utrecht 1625  – id.  1692). Élève de Jan Both, il alla v. 1640 en Italie, y fit un long séjour jusqu'en 1649, puis rentra dans sa ville natale, où il fut doyen de la gilde des peintres en 1649 et en 1663. Il peignit des paysages héroïques avec des ruines, dérivés de ceux de son maître et qui comptent parmi les meilleurs exemples de l'italianisme aux Pays-Bas, utilisant cette lumière dorée si agréable, caractéristique de la vision de l'Italie qu'avaient les Hollandais : le Départ de Jacob (musée d'Aix-en-Provence), Paysage italien (musée d'Anvers ; Copenhague, S. M. f. K. ; Francfort, Städel. Inst. ; Mauritshuis ; musée de Montpellier ; Louvre ; Paris, Petit Palais ; Rotterdam, B. V. B. ; musée d'Utrecht). Il collabora parfois avec Lingelbach, qui peignit les figures de ses tableaux (Paysage avec chasseurs, musée de Kassel). Il fut également graveur. Sa célébrité de son temps fut considérable : un de ses tableaux appartint à Le Brun.

 
Jacob, neveu du précédent (Utrecht 1656 –Amsterdam 1701) , fut initié à la peinture par son oncle, dont il aurait imité à ses débuts le style au point de recevoir le surnom de " Copie " dans le cercle des peintres hollandais de Rome. Il séjourna quelques années dans cette ville (v. 1675), au cours d'un voyage qui le conduisit également à Venise, et il s'établit ensuite dans sa ville natale. Les tableaux de sa main que nous connaissons encore sont postérieurs et furent achevés entre 1693 et 1699. Ce sont des paysages où le coloris, clair et froid, et la " tectonique ", prononcée, tiennent de Poussin, mais où les arbres sont représentés avec un dynamisme baroque qui relève de la leçon de Dughet et de Salvator Rosa (Paysage à la cascade et aux pêcheurs, musée d'Utrecht).