Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
P

pastiche

Tableau dans lequel l'auteur a cherché à imiter la manière d'un peintre ou d'une école.

   Le pastiche peut répondre à plusieurs intentions différentes. Le plus fréquemment, il traduit l'influence d'un maître sur un artiste moins doué ou encore jeune, naturellement porté à imiter le faire, à utiliser les thèmes (Lancret, Montfoort) ou à reprendre les motifs de composition (Téniers) du maître. Le pastiche peut constituer aussi un exercice de style prouvant l'habileté assimilatrice de son auteur (Bourdon, Giordano), sa culture (Ribot), sa nostalgie du passé (Auguste), parfois son manque d'imagination (Troncy), et souvent tout cela à la fois. On peut situer à la limite de la supercherie ce qu'on peut appeler le " pastiche commémoratif " (Double Portrait de Rubens et de Van Dyck d'un anonyme flamand de la fin du XVIIIe s. [Louvre] ; Portrait des cinq maîtres de la Renaissance florentine, attribué à tort à Uccello qui date de la fin du XVe s. ou du début du XVIe s. [id.]).

Patch (Thomas)

Peintre britannique (Exeter 1725  Florence 1782).

Il travailla dans l'atelier de Joseph Vernet à Rome de 1747 à 1753. Il est surtout connu pour ses caricatures d'artistes et d'aristocrates britanniques rencontrés à Florence et à Rome au milieu du XVIIIe s. (exemple à Exeter, Royal Albert Memorial Museum). Il est également l'auteur de plusieurs paysages italiens (Vue de l'Arno, Florence, Museo Storico Topografico ; Vue panoramique de Florence, Los Angeles, County Museum of Art) et d'une série de gravures exécutées d'après les fresques de Masaccio au Carmine de Florence, publiées en 1770.

pâte

Amalgame de matières pigmentaires réduites en fines particules qui, mêlées à des constituants liquides, simples ou mixtes, non volatils, filmogènes (tels que les liants agglutinants, les liants oléagineux et les liants résineux), offrent une consistance variable.

   La consistance de la pâte dépend essentiellement de la qualité du liant utilisé. Ni l'Antiquité ni le Moyen Âge n'ont connu les pâtes épaisses ; les peintres de ces périodes appliquaient une technique mixte : dessous exécutés " a tempera " recouverts d'une pâte très fluide " de fines couleurs à l'huile ", riche en résine et transparente. Ce n'est qu'au XVe s. que la technique de la peinture à l'huile par glacis a subi une première transformation : en diminuant la quantité de résine contenue dans le liant de broyage, les peintres du Nord et certains peintres italiens ont augmenté l'opacité de leur pâte tout en lui conservant son aspect lisse.

   Titien a été considéré par ses contemporains comme l'inventeur de l'exécution " en pleine pâte ". Il ébauchait directement avec une pâte épaisse, pauvre en résine et riche en huile siccative. Cette méthode l'obligeait à de nombreux repentirs, pour changer éventuellement certaines parties de ses compositions jugées mal venues. Les repentirs, conséquence inévitable du travail en pleine pâte, sont devenus dès cette époque une habitude très répandue chez les peintres.

   Tintoret, Véronèse et Rubens en Flandre ont adopté la technique de Titien — technique des pâtes épaisses et des blancs en épaisseur. Pour préparer les tons de chaque teinte, il convenait d'y mélanger du blanc d'argent afin que la pâte soit assez épaisse pour ne pas couler et qu'elle puisse bien couvrir le support. La technique moderne était née.

   Certains peintres, tel Watteau, pour rendre leur exécution plus rapide, se servaient même d'huile comme diluant : cet abus d'huile n'a pas contribué à la bonne conservation des toiles.

   Les impressionnistes — qui, au contraire, ont réduit au minimum la teneur en huile de leur pâte — ont pu ainsi obtenir des épaisseurs de pâte considérables. Van Gogh et Monet ont réalisé des effets de relief en accumulant de nombreuses couches de pâte. La peinture en relief est encore pratiquée dans la période contemporaine : Fautrier, de Staël, Appel, ainsi que les matiéristes comme Tapiès, ont donné à leurs tableaux des qualités tridimensionnelles (Voir COULEUR).

   On utilise plusieurs expressions caractérisant l'utilisation de la pâte : pleine pâte désigne une couche de pâte épaisse travaillée dans le frais et recouvrant tout le tableau ; travailler dans le frais signifie travailler un tableau avant que l'huile contenue dans la pâte ne soit sêche ; la demi-pâte est une couche dont l'épaisseur moyenne constitue une transition entre le glacis, très mince, et l'empâtement en haute pâte et elle forme le revêtement général du tableau sur lequel les empâtements se surajoutent ; la haute pâte est une couche de pâte dont l'épaisseur considérable confère au tableau, sur toute sa surface ou localement, un véritable relief, développement d'une troisième dimension ; l'empâtement est un " retour en épaisseurs ".

Patel (les)

Famille de peintres français.

 
Pierre (Picardie [ ? ] v. 1605 [ ? ] – Paris 1676) semble avoir eu le paysage pour unique spécialité. Il participa à Paris, aux côtés de Le Sueur, à la décoration de l'hôtel Lambert (cabinet de l'Amour, tableaux au Louvre) et à celle de l'appartement d'Anne d'Autriche au Louvre (2 Paysages à sujets bibliques, 1660, Louvre). Fortement influencé par le style de La Hyre, il se plaît aux paysages clairs, aux arbres touffus, baignés d'une lumière laiteuse, rythmés par quelque colonnade. Ses dessins à la pierre noire (Louvre), ses tableaux (id. ; musées d'Amiens, d'Orléans, de Bâle ; N. G. de Londres), qu'anime la silhouette de quelque chasseur ou berger, sont caractéristiques de ce courant classique, attique, de la peinture parisienne du milieu du XVIIe s.

  
Son fils Pierre Antoine, dit Patel le Jeune (Paris 1646 – id. 1707) , poursuit la tradition de son père en ne peignant que le paysage, avec toutefois une note de fantaisie et d'étrangeté nouvelle. Ses gouaches (1692, musée de Montargis ; 1693, Metropolitan Museum ; Rome, G. N., Gal. Corsini), ses dessins au pastel ou à la pierre noire et ses tableaux (1699 et 1705, Louvre ; 1702, musée d'Amiens ; 1703, musée de Rouen ; 1704, musée de Calais ; 1705, musée de Marseille ; 1706, musée de Dijon), en général datés des 15 dernières années de sa carrière, plongent le spectateur dans une nature aux arbres exagérément allongés, gigantesque et touffue.