Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
F

Fiasella (Domenico) , dit il Sarzana

Peintre italien (Sarzana 1589  – Gênes 1669).

Après être passé dans l'école des maniéristes tardifs Lomi et Paggi, à Gênes, Fiasella se rendit, encore jeune, à Rome, où il resta près de dix ans, jusqu'en 1616. Il y travailla chez Passignano et le Cavalier d'Arpin ; mais ce fut davantage l'art de Caravage que le Maniérisme qui l'impressionna (Résurrection du fils de Naïn et Guérison de l'aveugle, Sarasota, Floride, Ringling Museum). De retour à Gênes, il y devint ainsi le principal propagateur du Caravagisme. Prisé par la haute bourgeoisie ligure, restant à Gênes jusqu'à sa mort, à part un bref séjour à la cour de Mantoue en 1635, il peignit de nombreuses œuvres pour les églises et les palais (fresques de l'Histoire d'Esther au palais Lomellini-Patrone) génois.

   Samson et Dalila et la Mort d'Ezéchiel (Gênes, Gal. di Palazzo Bianco) ou la Charité de saint Thomas de Villeneuve (Gênes, Nostra Signora della Consolazione) montrent un Caravagisme nuancé, non sans rapport avec l'art d'Orazio Gentileschi (à Gênes en 1621-1623) et ouvert aux autres tendances contemporaines. Ce style sera repris par de nombreux élèves : Francesco Merani, G. B. Casoni et Francesco Gentileschi, fils d'Orazio.

Fielding

Famille de peintres et de graveurs britanniques.

 
Theodore Nathan (actif à partir de 1775  – † v.  1818). Portraitiste à Halifax, il eut quatre fils, dont il fut le professeur. Si chacun d'eux suivit une carrière originale, ils sont connus pour être les plus représentatifs des peintres anglais établis à Paris sous la Restauration, liés étroitement aux débuts du Romantisme, en relations avec le cercle des amis de Bonington et de Delacroix.

 
Theodore Henry, graveur et aquarelliste ( ?1781 – Croydon 1851). Il a laissé de nombreux recueils de gravures de paysages exécutés à l'aquatinte : A Picturesque Tour of the English Lakes, 1821 ; Picturesque Illustrations of the River Wye, 1822 ; Cumberland, Westmoreland and Lancashire illustrated, 1822 ; Excursion sur les côtes et dans les ports de Normandie, 1823-1825, en collab. avec son frère Newton et souvent d'après des dessins de Bonington. Son traité The Art of Engraving parut à Londres en 1841. Theodore Henry est représenté à Londres, au British Museum et au V. A. M.

 
Anthony Vandyke Copley (East Sowerby, Yorkshire, 1787 – Worthing, près de Brighton, 1855). Frère du précédent, plus généralement connu sous le nom de Copley Fielding, il est le plus réputé des frères Fielding. Aquarelliste, il étudia à Londres avec John Varley et commença à exposer à partir de 1810, principalement à la Old Water Colour Society, dont il devint membre en 1812 et président de 1831 à sa mort, et également à la British Institution et à la Royal Academy. Ses nombreuses expositions, sa production considérable (on compte 1671 de ses travaux exposés à la Old Water Colour Society) font de Copley Fielding l'un des plus célèbres aquarellistes de son temps. Il participa avec Constable et Bonington au Salon de 1824 à Paris et reçut une médaille d'or. Delacroix lui rendit visite lors de son séjour en Angleterre en 1825. Son œuvre, presque exclusivement dédié au paysage, témoigne d'une méthode d'exécution rapide, d'un art parfois un peu facile, à la recherche d'effets artificiels (couchers de soleil, ciels nuageux et tourmentés). Les montagnes du pays de Galles et les lacs furent ses premiers thèmes favoris : Lac Lomond (1814, Manchester, City Art Gal.) ; puis, apr. 1817, quand il commença à faire de fréquents séjours au bord de la mer (Sandgate, Brighton), il peignit nombre de marines : Port de Bridlington (1837, Londres, Wallace Coll.) ; enfin, en 1830, il aborde un nouveau sujet, qui comptera parmi les plus populaires de son œuvre, les " South Downs ", paysages des hautes plaines crayeuses et accidentées du sud de l'Angleterre : South Downs près de Rottingdean (1846, Londres, V. A. M.). Il est bien représenté au V. A. M. de Londres.

 
Thales (Londres 1793 – id. 1837). Également aquarelliste, il partagea à Paris en 1824, pendant quelque temps, le même atelier que Delacroix. Il est bien représenté à Londres (British Museum et V. A. M.). On lui doit aussi des tableaux de genre, des paysages avec des animaux, des scènes historiques inspirées de Walter Scott.

 
Newton (Huntington, Yorkshire, 1799 – Paris 1856). Le plus jeune des frères, graveur, aquarelliste et lithographe, il passa la majeure partie de sa carrière à Paris et fut professeur de dessin de la famille de Louis-Philippe. On lui doit des études d'après nature, des compositions animalières, des marines, des paysages et deux traités théoriques sur le dessin. Il est représenté à Londres (British Museum et V. A. M.) et au musée de Caen.

Figari (Pedro)

Artiste uruguayen (Montevideo 1861  –id. 1938).

Avocat de profession, Figari s'intéresse dès 1890 à la peinture ; en 1912, il publie Arte, estetica, idéa. Il faut attendre 1921 et son installation à Buenos Aires, où il fonde une société pour la défense de l'art moderne, pour que débute sa carrière de peintre qui le mènera à Paris entre 1925 et 1933. N'adhérant à aucun mouvement d'avant-garde, Figari (qui ne date jamais ses toiles) peint dans un style léger influencé par les Nabis (Bonnard et Vuillard) des scènes modernes ou passées de la vie sud-américaine qui ont aussi valeur de " documents ", selon le souhait de l'artiste (Creole Dance, New York, M. O. M. A.). Une rétrospective a été organisée à Paris (pavillon des Arts) en 1992.

Figueiredo (Cristóvão de)

Peintre portugais (actif de 1515 à 1543).

Il est la personnalité la plus forte de ceux qui travaillèrent dans l'atelier de Jorge Afonso. Cité comme inspecteur des Peintures en 1515, il fut le collaborateur de Gregorio Lopes et de Garcia Fernandes à la Cour de justice de Lisbonne (Relação), sous la direction de Francisco Henriques. Il exécute entre 1522 et 1530 le retable principal de S. Cruz de Coimbra, commandé par don Manuel. Comme peintre de la cour du frère de Jean III, le cardinal-infant Alphonse, Figueiredo fut appelé à peindre trois autels au monastère de Ferreirim (Lamego, 1533-34), auxquels participèrent également Gregorio Lopes et Garcia Fernandes. L'association de ces 3 artistes (appelés aussi Maîtres de Ferreirim) a rendu difficile la distinction de leurs rôles et de leurs personnalités respectives, du moins pendant la première partie de leur carrière. On reconnaît cependant, dans la Mise au tombeau (v. 1529-30, Lisbonne, M. A. A.), qui fut peut-être le panneau central du maître-autel de S. Cruz, la plus typique expression du style " viril " de Figueiredo, très différent du Maniérisme élégant de Lopes. L'Ecce Homo (Coimbra, S. Cruz) et les Martyres de saint André et de saint Hippolyte (Lisbonne, M. A. A.) comptent parmi les œuvres les plus sûrement attribuées à Figueiredo.

   Le Calvaire (v. 1532-1535 [ ?], S. Cruz de Coimbra) illustre la prédilection du maître pour les thèmes de la Passion et du Calvaire, en même temps qu'il traduit une évolution, parallèle à celle de ses contemporains, vers une tension formelle et un expressionnisme accentués. Évolution dont on peut juger rétrospectivement l'importance si l'on considère que, dix ans plus tôt, Cristovão de Figueiredo a dû contribuer de façon essentielle à l'œuvre dirigée, ou du moins inspirée, par Jorge Afonso : Retable de l'église du Jesu (v. 1520, musée de Setúbal), Retable de S. Bento (v. 1528, Lisbonne, M. A. A.).

   Du Calvaire de Setúbal à celui de Coimbra, les œuvres, parfois discutées, qui lui sont attribuées ont en commun une forte unité de composition ainsi que des expressions dramatiques qui constituent les caractères essentiels du style de Cristovão de Figueiredo. Elles manifestent, en outre, des qualités de dessinateur et de coloriste qui le distinguent de ses compagnons du grand atelier de Lisbonne, sur lesquels sa supériorité est évidente.