Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
V

Velsen (Jacob Van)

Peintre néerlandais (Delft ? –Amsterdam 1656).

Sans doute originaire de Delft, où se sont mariés ses parents en 1594, il est reçu dans la gilde de cette ville en 1625. Dans ses rares tableaux repérés (Londres, N. G. ; Ermitage ; Louvre, la Diseuse de bonne aventure) — la plupart datés entre 1631 et 1633 —, il se révèle un très attachant peintre de genre dans la manière d'Anthonie Palamedes, utilisant les mêmes gris et jeux de lumière avec une rare finesse, mais plus vigoureusement que ce dernier.

Venegas (Francisco)

Peintre portugais d'origine espagnole (documenté à Lisbonne à partir de 1582  –avant 1594).

Il étudia à Séville dans l'atelier de Luís de Vargas qui l'initia à l'art des maîtres italiens contemporains, en particulier Perino del Vaga, maître de Vargas à Rome. En 1582, il est cité pour la première fois à Lisbonne pour le décor mural de l'Hôpital de Tous-les-Saints (détruit en 1601) ; en 1583, il est nommé peintre de Philippe II. On lui doit, entre autres, les principaux panneaux du retable du maître-autel de l'église de la Lumière (Carnide, Lisbonne), exécuté v. 1590 en collaboration avec Diego Teixeira. Dans son œuvre, Venegas se révèle comme un bon interprète du Maniérisme italien, particulièrement influencé par Parmesan. Certains de ses dessins (Lisbonne, M. A. A.) témoignent également d'emprunts à Corrège et à Raphaël.

Venet (Bernar)

Peintre et sculpteur français (Saint-Auban, Alpes-de-Haute-Provence, 1941).

Par la précocité de sa démarche et la logique de son travail, Bernar Venet peut être considéré comme le seul artiste français à illustrer le courant international de l'art conceptuel. Il est à ses débuts proche du Nouveau Réalisme et appartient à sa manière à l'" école de Nice " avec les tableaux enduits de goudron qu'il exécute entre 1961 et 1963. En 1964, ses " peintures industrielles " sont constituées d'assemblages de carton qui sont peints au pistolet industriel d'une laque noire uniforme, l'artiste ayant présenté d'autre part, dès 1963, un tas de charbon qu'il avait intitulé Sculpture au centre d'une galerie parisienne. C'est en 1966 qu'il va pour la première fois exposer un tube industriel sectionné en biseau à ses deux extrémités, posé au sol, et la projection agrandie de cet objet réalisée en dessin industriel, sur le mur (Tube n° 5 bis, 1966, coll. part., Turin). Il s'installe alors à New York et va présenter des formules de mathématiques, de physique ou de chimie, des dessins industriels, bientôt des pages de livres de science ou d'économie, agrandies au format d'un tableau (La droite D' représente la fonction y = 2x + 1, 1966, musée de Grenoble). Parallèlement, il organise des conférences ou réalise des œuvres pour bandes magnétiques qui constituent une part de sa propre création. Dans la lignée de l'Art concret et à la suite du Minimal Art américain, l'intention de Bernar Venet, comme de nombreux artistes conceptuels, est bien de parvenir à un détachement parfait à l'égard du sujet et de montrer des œuvres qui témoignent d'une totale neutralité. En 1971, convaincu d'avoir poussé sa démarche à l'extrême, il cesse son activité de peintre, à l'image de Marcel Duchamp, qu'il a connu et dans la filiation de qui il aime se situer, et d'Andy Warhol.

   À partir de 1976, toutefois, Bernar Venet revient à la peinture en empruntant une direction plus formaliste, même si elle paraît au départ justifiée par un système. Ce sont les travaux sur les angles, qu'il montre, en particulier, au musée de Saint-Étienne en 1977 (Position de deux angles de 60 et de 120°, 1976). Ces œuvres seront suivies en 1979 par des arcs de cercles en relief installés sur le mur avec leur identification écrite dans la partie inférieure, puis en 1981 par des " lignes indéterminées ", formes en bois recouvertes de mine de plomb dont le dessin se déroule librement dans l'espace de façon à former une arabesque élégante. Ces recherches préfigurent le passage des œuvres de Bernar Venet dans l'espace avec les sculptures qu'il va réaliser à partir de 1983 à échelle réduite ou monumentale sur les thèmes de la ligne indéterminée ou de la forme géométrique et qui sont faites de tiges ou de tubes de métal soudés ou forgés (2 arcs de 204 degrés chacun, 1983, musée de Dunkerque ; Ligne indéterminée, 1985, coll. de la ville de Nice). Un ensemble d'œuvres monumentales a été présenté à Paris (Champ-de-Mars) en 1994. L'artiste est représenté à Paris (M. N. A. M.), à New York (M.O.M.A) et dans divers musées français et étrangers.

Venetsianov (Alexeï Gavrilovitch)

Peintre russe (Moscou 1780  – gouv. de Tver 1847).

Issu d'une famille de marchands moscovites, il est considéré comme le plus original des peintres russes de la première moitié du XIXe s. Il ne reçut aucune formation artistique académique, et c'est seulement à l'âge de vingt-deux ans, à son arrivée à Saint-Pétersbourg en 1802, qu'il commence à fréquenter un atelier, celui de Borovikovsky, qui devient son ami. En outre, il consacre une bonne partie de son temps à copier les tableaux de maîtres à l'Ermitage. Il se fait alors connaître comme caricaturiste et comme portraitiste, utilisant le pastel, dont les couleurs tendres annoncent déjà le délicat coloris de sa peinture de plein air. Son Autoportrait (1811, Saint-Pétersbourg, Musée russe) lui ouvre les portes de l'Académie. En 1820, découvrant, dans une exposition où est présentée la Messe chez les Capucins de Granet (Ermitage), le clair-obscur et la perspective, l'artiste se retire dans sa propriété de Safonkovo, près de Tver, et se consacre à cette étude. Désormais, son activité picturale, doublée d'un enseignement dans l'école qu'il a fondée en 1822, est orientée vers l'analyse d'après nature de la vie paysanne. La Grange (1823, Saint-Pétersbourg, Musée russe), premier fruit de ses travaux, rappelle autant par la construction méticuleuse que par les effets de mise en page les premières recherches des peintres italiens du XVe s., et la série des saisons (Au labour, le printemps ; À la moisson, l'été, v. 1830, Moscou, gal. Tretiakov). Considéré comme le précurseur des Peredvijniki (les " peintres ambulants "), Venetsianov se place pourtant bien en marge de ce mouvement. Sa peinture, dépourvue de toute recherche systématique de démonstration didactique, conserve une fraîcheur et une spontanéité libres de toutes considérations moralisatrices.