Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
I

Iriarte (Ignacio de)

Peintre espagnol (Azcoitia, Guipuzcoa, 1621  – Séville 1685).

Basque par son nom, sa famille, son lieu de naissance, Iriate appartient pourtant à l'école de Séville, où il se forma comme peintre et connut rapidement le succès comme paysagiste. Il compta parmi les fondateurs de l'Académie de peinture, créée en 1660, et dont il fut le premier secrétaire. Ami de Murillo, qui louait ses paysages, il fut peut-être son collaborateur pour certains fonds de tableaux. Il exporta même des paysages à l'étranger. Malheureusement, on ne connaît de lui qu'une œuvre de 1665, un Paysage montagneux (Prado) ; deux autres tableaux du Prado (Paysage avec ruines antiques, Paysage avec pasteurs) appartiennent sans doute à la même série. Ce sont des œuvres robustes, assez sévères, dans une gamme de vert sombre et de roux, mais baignées d'air et habilement composées en profondeur. Ils peuvent servir de référence pour identifier d'autres paysages dispersés dans les musées de divers pays. Iriarte est un des très rares paysagistes spécialisés dans l'Espagne du Siècle d'or et presque le seul en dehors de la Cour.

Isabey (Eugène)

Peintre français (Paris 1804 – Montévrain, près de Lagny, Seine-et-Marne, 1886).

Fils de Jean-Baptiste Isabey, Eugène Isabey fut contraint par son père d'embrasser une carrière de peintre. Sa vie se déroula sans épisodes dramatiques, il chercha son inspiration dans les sites et les régions que ses voyages l'amenèrent à visiter : la Normandie (où il revint sans cesse), la Bretagne, l'Auvergne, le midi de la France, l'Algérie (il accompagna l'expédition d'Alger comme peintre officiel), la Hollande et l'Angleterre. Il débuta au Salon de 1824 avec des marines et ne cessa de pratiquer ce genre (ports, scènes de plage, tempêtes en mer, scènes de pêche), où se trouve le meilleur de sa production. Dans ces peintures se manifeste l'influence reçue des paysagistes anglais, et plus précisément de Bonington. Isabey apprit de celui-ci le jeu des demi-teintes blondes et des gris subtils suscitant une lumière nacrée (le Pont de bois, Louvre), ajoutant souvent à ces calmes mouvances l'emportement d'un tempérament romantique (le Port de Dieppe, 1842, musée de Nancy) et s'élevant parfois jusqu'à une grandeur pathétique (l'Embarquement des Cendres à Sainte-Hélène, 1842, Versailles). Mais il prit aussi de lui le goût de l'intimisme (Madame Isabey et sa fille, Paris, musée Carnavalet) et surtout celui des scènes de genre situées dans les siècles passés. Traitées à l'huile ou à la gouache d'un pinceau minutieux, ces scènes évoquent les peintures hollandaises du XVIIe s., dont elles reprirent souvent la composition et les décors (Un mariage à Delft, 1847, Louvre). Par la diversité de son art et de ses moyens d'expression, Isabey fut un des plus grands parmi les petits maîtres romantiques. Par l'influence directe exercée sur Boudin et sur Jongkind, à qui il enseigna à traduire la luminosité de l'atmosphère, il constitua un des principaux chaînons reliant l'école des paysagistes de 1830 à l'Impressionnisme. De nombreux musées conservent de ses œuvres : Amiens, Béziers, Caen, Dieppe, Honfleur, Laval, Le Havre, Marseille, Montpellier, Nantes, Perpignan, Reims, Toulouse, Paris (musée d'Orsay).

Isabey (Jean-Baptiste)

Peintre français (Nancy 1767  – Paris 1855).

Dès 1780, il entre, à Nancy, dans l'atelier de Claudot, maître d'Augustin. À Paris depuis 1785, il obtient la commande des portraits des ducs d'Angoulême et de Berry. La reine le remarque et sa carrière de portraitiste de cour paraît tracée. Mais, avec la Révolution, ses modèles prennent le chemin de l'exil, et la reine demande un ultime " portrait de consolation " à l'artiste. Protégé par son maître David, Isabey participe au Recueil de portraits des députés de l'Assemblée nationale et peut, en 1791 et en 1793, exposer des portraits de Conventionnels et de personnalités en vue. Aux Salons de 1794 et de 1797, il introduit avec le Départ, le Retour et la Promenade en barque le genre, nouveau en France, du dessin en manière d'aquatinte anglaise. Sa vogue ira désormais croissant. Professeur de dessin à l'institut Campan de Saint-Germain, il est introduit par ses élèves Hortense et Eugène de Beauharnais auprès de leur mère, la future impératrice Joséphine, dont il sera le meilleur portraitiste dans plusieurs dessins, aquarelles et miniatures (1798, coll. baron Lejeune ; l'Impératrice couronnée de fleurs, musée d'Angers ; l'Impératrice apprenant la victoire d'Austerlitz, coll. Prince-Napoléon ; Devant sa psyché, Louvre ; Après le divorce, Louvre).

   Plus nombreuses encore sont ses effigies du premier Consul, qui en apprécie la ressemblance, obtenue sans séance de pose (Bonaparte à Malmaison, Salon de 1802, Malmaison : la Revue du Quintidi, Salon de 1804, Louvre ; la Visite de la manufacture des frères Sevenne, Versailles, musée).

   Avec l'Empire, voilà Isabey " Peintre dessinateur du Cabinet de Sa Majesté, des cérémonies et des relations extérieures. Ordonnateur des réjouissances publiques et des fêtes particulières aux Tuileries, Dessinateur du Sceau des Titres, Premier Peintre de la chambre de l'Impératrice pour les présents " ; d'où ses dessins pour les blasons de la nouvelle noblesse, pour l'ordre de la Légion d'honneur (incendiés sous la Commune), ses miniatures de l'Empereur ou de l'Impératrice ornant maintes tabatières, ses effigies des familiers de la Cour et surtout, en collaboration avec Fontaine et Percier, l'exécution du monumental Livre du sacre de S. M. l'Empereur (Malmaison ; dessins préparatoires au Louvre).

   Décorateur en chef des Théâtres impériaux, attaché à la Manufacture de Sèvres pour la Table des maréchaux (1806-1810, Malmaison) ou le Secrétaire de la famille impériale (projet, musée de Sèvres), Isabey craignait de tomber en disgrâce après le divorce ; mais, inaugurant pour elle la série fameuse de ses " portraits en voiles ", il fut nommé professeur de la nouvelle Impératrice et reçut la commande de deux grandes miniatures représentant l'Empereur et l'Impératrice en costume de mariage (Vienne, K. M.) ainsi que d'un collier groupant pour Marie-Louise les visages des membres de sa famille. C'est encore à lui que revint d'exécuter pour l'empereur d'Autriche le premier portrait du Roi de Rome (Vienne, K. M., et esquisse au Louvre ; exemplaire de Napoléon Ier, Malmaison).

   Désemparé par la chute de l'Empire, Isabey est cependant chargé, grâce à Talleyrand, de commémorer le Congrès de Vienne (esquisses, Louvre) et peut, pendant les Cent-Jours, apporter à Napoléon un dernier et touchant souvenir, Marie-Louise et son fils (coll. Prince-Napoléon). Malgré un portrait de Louis XVIII et le titre de peintre du cabinet de Charles X, il voit sa popularité décroître. Il est oublié sous Louis-Philippe, qui lui accorde une maigre pension, et, ultime consolation, Napoléon III lui confère le grade de commandeur de la Légion d'honneur. L'artiste a consigné ses souvenirs dans ses Mémoires.