Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
D

Donas (Marthe)

Peintre belge (Anvers 1885  –Andregnies 1967).

Marthe Donas, l'une des premières peintres cubistes belges, est également connue sous le nom de Tour Donas et de Tour d'Onasky. Elle effectue des études à l'Académie des beaux-arts d'Anvers puis séjourne aux Pays-Bas, en Grande-Bretagne et en Irlande. Elle arrive à Paris en 1916 et s'inscrit à l'atelier de la Grande Chaumière puis à l'atelier d'André Lhote en 1917, qui la marque durablement. Elle travaille également dans l'atelier du sculpteur Alexandre Archipenko. Dès 1919, ses œuvres sont reproduites dans la revue De Stijl par Van Doesburg. Elle est ensuite très liée avec Herwarth Walden, qui publiera ses compositions dans sa revue Der Sturm en 1920. Elle réalise des œuvres abstraites au début des années 20, telles que la Composition n° 6 (1920), qui montre un arrangement de formes géométriques et d'aplats de couleur disposés dans le plan du tableau, et participe au Salon de la " Section d'or " en 1920 et 1921. Elle cède son atelier, 26, rue du Départ, à Paris, à Mondrian, quand celui-ci rentre à Paris. Ses œuvres sont acquises par Marcel Duchamp et Catherine Dreier et se trouvent aujourd'hui dans la collection de la " Société anonyme ", à Yale : sa Nature morte, qui emploie également le collage, n'est pas loin de l'esthétique de Juan Gris et d'Archipenko. Elle retourne ensuite à Anvers et cesse de peindre en 1927. Elle ne retrouvera une activité artistique qu'en 1948, qu'elle poursuivra jusqu'à sa mort.

donateur

Personne qui fait don à une église, à un établissement religieux, à un hôpital d'un tableau votif sur lequel elle est représentée seule ou entourée de sa famille ou, le plus souvent, accompagnée de son saint patron.

   C'est une des premières manifestations de la peinture de portrait dans les productions du Moyen Âge, telles qu'on en rencontre très souvent dans les compositions religieuses du XIVe au XVIIe s., aussi bien dans les miniatures que dans les tableaux de chevalet. Le donateur est représenté à droite ou à gauche du sujet principal, debout ou à genoux. Sur les triptyques, il figure souvent dans les volets. La peinture italienne du quattrocento montrait les donateurs de profil, alors que, dans les tableaux ou les enluminures français et flamands, ceux-ci étaient représentés de trois quarts. Au XIVe s., le donateur était de taille réduite par rapport aux personnages sacrés, le Christ, la Vierge ou les saints. Mais le XVe s., plus réaliste, supprima cette hiérarchie dans la représentation, en donnant au donateur la même importance qu'aux personnages divins et aux saints patrons (J. Van Eyck, la Vierge du chancelier Rolin, Louvre ; Raphaël, la Madone de Foligno, Rome, pinacothèque du Vatican).

Donato de' Bardi

Peintre italien (Pavie ?, documenté à Gênes et en Ligurie de 1476 à 1450/51).

L'œuvre de ce peintre a été en 1973 reconstitué par Federico Zeri à partir d'un triptyque du Metropolitan Museum (une Vierge d'humilité avec saint Philippe et sainte-Agnès) signé Opus Donati et attribué jusque-là au Vénitien Donato Bragadin, l'auteur d'un Lion de saint Marc avec saint Jérôme et saint Augustin (1459) du palais ducal de Venise. Quatre Saints (Gênes, Accad. Ligustica), une Présentation au Temple (Milan, coll. part.) et un Saint Jérôme (musée de Brooklyn), appartenant à un polyptyque dont d'autres panneaux ont été identifiés dans des coll. part., sont rapprochés par F. Zeri du triptyque et mis en relation avec la Crucifixion sur toile du musée de Savone, chef-d'œuvre de Donato de' Bardi, établi à Gênes, où il est appelé " pictor " dès 1426 et où il reçoit en 1434 une commande pour la cathédrale. Son art, formé à l'origine dans le cercle du style gothique international finissant, présente des rapports avec celui de certains peintres flamands (Cristus, Rogier Van der Weyden), connus peut-être grâce aux tableaux de cette école conservés à Gênes, et avec celui des peintres de l'école d'Avignon, voisine.

Donoso (José Jiménez)

Peintre espagnol (Consuegra, prov. de Tolède, v. 1632  – Madrid 1690).

L'importance de José Donoso dans l'évolution de la peinture madrilène surpasse celle de son œuvre conservée. Elle tient surtout au rôle de l'artiste, aussi efficace que celui de Herrera le Jeune, dans la diffusion du baroque décoratif borrominesque. Formé à Madrid avec Francisco Fernández, ayant reçu des conseils de Carreño, le jeune Donoso passa sept années à Rome, d'où il revint en 1657 avec un prestige d'architecte, de dessinateur de retables, de fresquiste qui lui valut des commandes nombreuses et finalement, en 1685, le titre de peintre du chapitre de Tolède. Ami et collaborateur de Claudio Coello, qu'il contribua sans doute à orienter vers la fresque, il peignit avec lui en 1671 le vestiaire de la cathédrale de Tolède et en 1673 des plafonds à la Casa de la Panadería de Madrid ainsi que de nombreuses décorations, aujourd'hui perdues, dans des églises madrilènes. De ses ensembles de peintures, celui de S. Isidro de Madrid a disparu en 1936 et celui du couvent de la Victoria a été dispersé (Miracle de saint François de Paule au Prado, Annonciation de 1677 à l'université Saint-Jacques de Compostelle. La personnalité du peintre, dessinateur et perspectiviste habile, très apprécié par les contemporains et furieusement attaqué par le Néo-Classicisme, reste pour nous assez indécise.

Doomer (Lambert)

Peintre néerlandais (Amsterdam 1624  – id.  1700).

Il fut l'élève de Rembrandt v. 1642 mais le style de ce dernier, curieusement, ne l'influença pas. De 1644 à 1646, il voyagea en Allemagne, puis en France avec le peintre Willem Schellinks et alla voir deux de ses frères, installés à Nantes : c'est de cette époque que datent la Vue du Pont-Neuf à Angers (Louvre), l'Auberge près de Nantes (Rijksmuseum) et une passionnante suite de dessins d'un très vif intérêt topographique représentant surtout les bords de Loire (bons exemples à Paris, Petit Palais). ll alla également en Suisse, d'où il rapporta des paysages dessinés. De 1669 à 1693 ou 1695, il résida à Alkmaar, où il fit des portraits de notables dans la manière de Van der Helst (les Régentes de l'orphelinat, Alkmaar, hôtel de ville) et dont il peignit de délicieuses vues. Son style, influencé par G. Eeckhout, est d'une grande simplicité et d'un profond naturalisme. On doit encore à Doomer quelques bons dessins d'animaux (Tête de bouquetin, Rijksmuseum) et des tableaux à sujet pastoral, comme le Passage du gué de Strasbourg. Comme beaucoup d'artistes du Siècle d'or, il avait un second métier, celui de fabricant de cadres, et il fournissait nombre d'artistes amsterdamois de son temps.