Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
M

Meléndez (Luis)
ou Luis Menéndez

Peintre espagnol (Naples 1716  – Madrid 1780).

Fils du peintre miniaturiste Francisco Meléndez, qui séjourna à Naples de 1699 à 1717, il suit à Madrid les cours de l'Assemblée préparatoire pour l'Académie de San Fernando. Classé premier en 1745, il exécute un vibrant Autoportrait (1746, Paris, Louvre) qui mêle l'influence de L. M. Van Loo à la tradition vériste espagnole et laisse présager son talent en développant ce domaine (Autoportrait, coll. Masaveu). Mais, à la suite de dissensions causées par son père, il est renvoyé en 1748. Après un séjour à Rome et à Naples, il rentre à Madrid en 1753. Tout en essayant vainement (1760 et 1772) d'obtenir la place de peintre de Chambre, il enlumine, suivant l'exemple de son père, les livres de chœur de la chapelle royale (Madrid, Palais royal). Il semble s'être ensuite exclusivement consacré au genre de la nature morte, fondée sur la représentation d'aliments. De 1759 à 1774 datent quarante-quatre natures mortes qui, en 1800, étaient regroupées au Palais d'Aranjuez ; en 1772, il mentionnait cette entreprise au roi comme étant " un divertissant cabinet avec toutes les espèces de comestibles produits par le climat espagnol grâce aux quatre éléments... " (38 peintures au Prado, dont Pommes, poires, boîtes de douceurs (1759) ou Prunes, figues, pain et récipient). Il dut également peindre pour des amateurs madrilènes. Disposés de façon plus ou moins compacte sur une table, les objets, traités avec des harmonies subtiles, ressortent vigoureusement sur un fond sombre, et la toile unit sobriété et mystère, à l'image des natures mortes du XVIIe s. espagnol (Oranges et noix, 1772, Londres N. G.). Curieusement, l'une de ses dernières œuvres (Fruits dans un paysage, Prado) place les fruits sur une diagonale devant un ciel de tempête. Il mourut dans la plus grande pauvreté en 1780. Deux rétrospectives ont été consacrées à l'artiste (Madrid) en 1983 et (Raleigh, Dallas, New York) en 1985.

Mellan (Claude)

Peintre français (Abbeville 1598- Paris 1688).

Formé à Abbeville, puis à Paris, Mellan se rendit en 1624 à Rome, où il travailla dans l'atelier de Simon Vouet : là il inventa le procédé de la gravure à une seule taille qui fit sa gloire et grava d'après les maîtres italiens. Aucun des tableaux peints en Italie par lui et qu'il grava lui-même (Samson et Dalila, Saint Jean-Baptiste dans le désert, Madeleine) n'est conservé : on attribue à l'artiste sans certitude le Joseph interprétant les songes de Rome (Gal. Borghèse) et l'Hérodiade du musée de Montpellier. Rentré à Paris en 1636, Mellan fut nommé graveur ordinaire du roi. On possède de lui de nombreux dessins, des portraits, en buste le plus souvent, d'une grande sensibilité (Pierre Dupré, Simon Vouet, Louvre ; Paris, Inst. néerlandais, Rijksmuseum ; surtout Ermitage et Stockholm, Nm). Mais l'artiste reste avant tout un graveur, qui produit environ 400 planches, représentant des sujets de l'Ancien et du Nouveau Testament (la Crucifixion, 1647, 1665 ; la Nativité, 1662), des blasons, des frontispices et surtout des portraits (Richelieu, Mazarin, Louis XIV). Sa technique est bien particulière (les ombres sont indiquées par de simples tracés parallèles nuancés, sans hachure en " contre-taille ").

Mellery (Xavier)

Peintre belge (Bruxelles 1845  – id. 1921).

Élève de Portaels, il suivit les cours de l'Académie de Bruxelles de 1860 à 1867. Ayant obtenu le prix de Rome, il séjourna en Italie et fut surtout frappé à Venise et à Rome par la peinture du quattrocento. Il fut d'abord influencé par Leys et C. De Groux. En 1880, un voyage dans l'île de Marken (Hollande) le sensibilisa à une qualité particulière de silence et de solitude, qu'il appelait " l'âme silencieuse des choses " et qu'il exprima le mieux dans ses études d'intérieurs, souvent vides, toutes soumises au jeu velouté des valeurs (Intérieur de cuisine, v. 1890, musée d'Anvers). Mellery a laissé également des compositions symboliques peuplées de figures allégoriques et mythologiques monumentales fort différentes. Souvent exécutées à la sépia sur fond d'or, ces compositions sont un véritable tribut à l'esthétique en faveur à la fin du siècle (Automne, 1890, Bruxelles, M. R. B. A. ; L'art touche au ciel et à la terre, 1894). Dessinateur de grand talent, Mellery a pratiqué surtout le crayon Conté (l'Escalier, Bruxelles, M. R. B. A. ; l'Âme des choses, musée d'Anvers). Il exposa au Salon des Vingt, à la Libre Esthétique et au Salon des Rose-Croix, et illustra avec C. Meunier la Belgique de C. Lemonnier. Il est représenté surtout dans les musées belges (Bruxelles, Ixelles, Mons, Anvers, Gand).

Mellin (Charles)

Peintre français (Nancy 1597 [ ? ]  – Rome 1649).

La redécouverte de Mellin est récente et la connaissance de son œuvre, loin d'être achevée. Cet œuvre — et les dessins de l'artiste en particulier — semble avoir été confondu très tôt avec celui de ses contemporains, notamment Poussin. À Rome dès 1622, il l'emporte en 1630 sur Poussin et Lanfranco, qui semblent, avec Vouet, avoir eu le plus d'influence sur son art, lors d'un concours pour la décoration de la chapelle de la Vierge à Saint-Louis-des-Français. Il avait auparavant peint à fresque deux lunettes du cloître de la Trinité des Monts et des plafonds au palais Muti. On le retrouve à Monte Cassino en 1636-37 où il exécute les fresques des voûtes du chœur dans l'église abbatiale (détruites en 1944) et divers tableaux (la découverte, il y a quelques années, du Sacrifice d'Abel, signé et daté de 1634, donc antérieur à cet ensemble, révèle un artiste puissant et novateur). Il séjourne à Naples entre 1643 et 1647 et y peint plusieurs tableaux d'autel, notamment une Immaculée Conception et une Annonciation pour S. Maria Donna-regina Nuova (in situ).

   Il est trop tôt pour porter un jugement sur l'art de celui que l'Italie range, sous le nom de Carlo Lorenese, aux côtés de Claude Lorrain et de Nicolas Poussin pour représenter l'art français du XVIIe s. à Rome, mais les quelques tableaux retrouvés, comme Saint François de Paule (Musée lorrain de Nancy), la Charité romaine (Louvre) ou le Portrait supposé du général del Borro (musées de Berlin), font du peintre un artiste éclectique, chaleureux, et un coloriste habile qui mérite une réhabilitation.