Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Flouquet (Pierre-Louis)

Peintre belge (Paris 1900  Bruxelles 1967).

Après ses études à l'Académie des beaux-arts de Bruxelles, Flouquet connaît une phase cubiste et arrive à l'Abstraction en 1920. Il collabore à la revue 7 Arts dès sa fondation, en 1922. Les tableaux qu'il exécute alors jouent sur des contrastes de formes opposant des cylindres à des plans, des figures pouvant rester apparentes malgré leur stylisation : ses tableaux (Construction n° 34, 1925) sont assez proches de ceux de Fernand Léger et de Willi Baumeister. Flouquet a réalisé également de nombreuses linogravures, dans lesquelles il a joué des oppositions du noir et du blanc. Il a exécuté aussi des vitraux pour la Cité moderne de Berchem Saint-Agathe, construite par l'architecte Victor Bourgeois en 1923. Flouquet a exposé à Berlin chez Horwarth Walden dans la galerie Der Sturm en 1925. Il a abandonné la peinture après 1930 pour se consacrer à l'écriture et au journalisme. L'artiste est représenté dans les musées belges ainsi qu'au musée de Grenoble.

Fluxus

En 1952, aux États-Unis, au collège de Black Mountain, deux musiciens (John Cage et David Tudor), un peintre (Robert Rauschenberg) et un chorégraphe (Merce Cunningham) organisent un spectacle, précurseur des happenings, qui constitue la première tentative de fusion entre diverses formes d'expression. Cet événement, conjugué à la leçon de Dada (surtout de Duchamp) et à l'enseignement libérateur de musique expérimentale que Cage donne à New York, va déclencher un comportement spécifique chez un certain nombre d'artistes (Dick Higgins, Alison Knowles, La Monte Young, Henry Flynt, Ray Johnson, Robert Watts, George Brecht, Robert Filliou et George Maciunas) " ayant quelque chose d'indescriptible en commun " (G. Brecht). Grâce à l'action dynamique de Maciunas, ils organisent en 1961, à la galerie AG de New York, une série de Performances (essai de synthèse entre la musique concrète, les arts visuels et des gestes banals et quotidiens). Maciunas part en Europe avec l'intention de publier une revue qu'il intitulerait " Fluxus " dans le but " de refléter l'état de flux dans lequel tous les arts se fondent avec le respect de leur media et de leur fonction ". À son arrivée il contacte des artistes de divers pays : Wolf Vostell, Nam June Paik et Ben Patterson à Cologne, Emmet Williams à Darmstadt, Joseph Beuys à Düsseldorf, Addi Koepcke à Copenhague, Robert Filliou à Paris et Ben à Nice. Un peu partout, à Londres, à Paris, à Stockholm, Maciunas organise des Fluxus/Performances ou Festivals Fluxus, dont le plus célèbre a lieu à Wiesbaden en septembre 1962. Il revient finalement à New York, où il réalise son premier concert Fluxus. En 1964 Dick Higgins, un des principaux protagonistes de Fluxus, crée une nouvelle revue Something Else Press, pour permettre une plus large diffusion des idées Fluxus. En dehors des Performances et des concerts, les artistes font connaître leurs travaux par des éditions de livres, des multiples et des films.

   Plus qu'un mode d'expression déterminé, Fluxus est avant tout une attitude devant la vie, une tentative d'abolir les frontières séparant celle-ci du domaine de la création artistique. Il n'y a plus d'objet privilégié sacralisé par le dénominatif " art ", ni de catégorie fixe comme théâtre, musique, art plastique et littérature, mais une base commune se traduisant par des propositions, des gestes et des actions ayant recours à ces disciplines.

Fogolino (Marcello)

Peintre italien (Vicence ?v.  1483-1488  – Trente ? v.  1558).

Sa présence est attestée en 1519 et en 1520 à Vicence, mais à cette date il avait déjà séjourné huit ans à Venise ; ses débuts, en effet (tableaux au Rijksmuseum, à Berlin et à Venise, Accademia), sont liés à la première diffusion du style de Titien et tout particulièrement à la culture padouane, v. 1510-11. On a même judicieusement proposé de lui attribuer quelques fresques de l'église des Eremitani à Padoue (datées 1511). Le chef-d'œuvre de sa jeunesse demeure pourtant l'Adoration des mages peinte pour l'église S. Bartolomeo à Vicence (auj. au musée de la ville), qui témoigne d'une excellente compréhension de la première manière de Pordenone (fresques de S. Salvatore à Collalto). Fogolino est attesté à plusieurs reprises dans la ville de Pordenone et, en 1521, il achève à S. Lorenzo di Rorai Grande les fresques commencées par Pordenone. En 1523, il travaille pour la cathédrale de Pordenone (où l'on voit encore 2 de ses tableaux d'autel) et avant 1527 il exécute des fresques pour le château de Malpaga. En 1927, exilé du territoire de la république de Venise, il se fixe à Trente, carrefour des cultures allemande et italienne, où il est chargé d'importants travaux et où son talent s'épanouit. Ses travaux pour le château de Buonconsiglio (1531-32) rappellent Dosso Dossi et Romanino par leur style fougueux et excentrique, à la fois vénitien et durérien. À cette même veine appartiennent les fresques de Castelvecchio, celles, moins connues, de l'église S. Antonio à S. Daniele del Friuli, ainsi que le tableau d'autel de Sainte Anne pour la cathédrale de Trente et le petit Concert du musée de Vicence. Dans les œuvres tardives de Fogolino, comme le retable de Povo et les fresques du palais de l'archevêché d'Ascoli Piceno (1547), on relève facilement l'emprunt de formules raphaélesques. Marcello Fogolino fut ainsi un excellent graveur : il reste de lui six gravures signées.

Fohr (Karl Philipp)

Peintre allemand (Heidelberg 1795  – Rome 1818).

Il eut pour premiers maîtres Friedrich Rottmann à Heidelberg et Georg Wilhelm Issel à Darmstadt. Des études poursuivies à l'Académie de Munich (1815-16) ne lui furent guère profitables, mais un voyage entrepris à cette même époque, de Munich à Vérone par le Tyrol, marqua son évolution artistique. Dans ses paysages peints ou dessinés, il utilise avec prédilection le motif des vieux burgs, animés souvent de petites figures anecdotiques ou historiques. Ses paysages tardifs s'apparentent à ceux de Koch. Son œuvre peint est peu considérable, et le Paysage des monts Sabins (1818, Wolfsgarten, coll. part.) est considéré comme son chef-d'œuvre. Le portrait dessiné de l'époque romantique allemande atteint avec Fohr son plus haut degré de perfection. La plupart de ses dessins sont au musée de Heidelberg (Autoportrait, Schadow, Koch, Horny) et aux cabinets d'Estampes de Dresde, de Francfort et de Darmstadt.