Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
B

Bracquemond (Félix)

Peintre et graveur français (Paris 1833  – id. 1914).

Découvert, alors qu'il était écuyer, par le peintre Guichard, il reçut de lui ses premières leçons, mais il garda un esprit indépendant et, tout en reflétant les tendances de son temps, un faire original. Il débuta par des portraits (Portrait de Horace de Montègre, 1860, Paris, Orsay) qui retinrent l'attention de la critique moderne : Th. Gautier, Baudelaire. Pionnier du japonisme, il s'inspira des estampes des maîtres japonais pour créer le fameux service de table, en faïence décorée, réalisé par le céramiste Rousseau en 1866. Il fut aussi un peintre attachant de paysages à l'huile et à l'aquarelle (Louvre, cabinet des Dessins), qui très tôt l'ont apparenté aux impressionnistes. Mais c'est dans la gravure qu'il atteignit le sommet de son art. Travaillant seul d'après Boissieu, Jacques et Bléry, il affirma vite son autorité. Le Haut d'un battant de porte (1852), le Portrait de Meryon (1854), son ami, comptent parmi les planches les plus célèbres du XIXe s. Il est l' auteur de beaux portraits dessinés (Louvre, cabinet des Dessins) et gravés d'Edmond de Goncourt. Il participa avec Théophile Gautier et Baudelaire à la fondation de la Société des aquafortistes (1862). C'est en s'inspirant de Bracquemond et sur son conseil que les plus grands graveurs ont œuvré.

Braekeleer (les de)

Famille de peintres belges.

 
Ferdinand (Anvers 1792  – id.  1883) fut un peintre de genre à la manière du XVIIe s. ; lointain épigone de Van Ostade et de Téniers, il est représenté notamment dans les musées d'Anvers, de Bruxelles et de Gand.

   Son fils aîné, Ferdinand le Jeune (Anvers 1828 – id. 1857) , fut également peintre de genre suivant la tradition du XVIIe s.

 
Henri (Anvers 1840 – id. 1888).

   Frère de Ferdinand le Jeune, il est le plus célèbre des trois. Il suivit de 1854 à 1861 les cours de l'Académie d'Anvers, où il se lia avec Jan Stobbaerts. Neveu d'Henri Leys, il subit son influence et commença sa carrière en réaliste, peignant des toiles sombres, témoignant d'une scrupuleuse observation (la Blanchisseuse, Anvers, M. R. B. A.). Peu à peu, sous l'influence à la fois d'Holbein et de Metsys, il s'intéressa à un certain archaïsme comme à la conception de la réalité du XVIIe s. (Portrait d'Hélène, sœur de l'artiste, 1863). Cette tendance se confirma à la suite de voyages en Allemagne (1863-64) et en Hollande (1863), où Braekeleer fut frappé par Pieter De Hooch et Vermeer. Il s'attacha dès lors, dans une technique méticuleuse, à rendre l'atmosphère des chambres silencieuses, que leur décor suranné, leurs objets familiers saturent de présence excessive autour d'un personnage généralement seul (le Géographe, 1871, Bruxelles, M. R. B. A.) ou que la grille des fenêtres défend contre les sollicitations du dehors, bien plus que celles-ci n'en favorisent l'accès (l'Homme à la fenêtre, Anvers, M. R. B. A.). Cette vision de la solitude annonce l'art des Symbolistes.

   Atteint de troubles mentaux, il cesse de peindre entre 1880 et 1884. À la fin de sa carrière, Braekeleer donne plus d'importance à l'étude de la lumière, sous l'influence de l'Impressionnisme (Femme du peuple, v. 1887, Bruxelles, M. R. B. A.). Il est bien représenté à Anvers ainsi qu'à Bruxelles, à Gand, à Tournai et à Verviers.

Brailes (William de)

Enlumineur anglais (XIIIe s.).

Cet artiste est, avec Matthew Paris, le seul enlumineur anglais du XIIIe s. dont on connaisse le nom. Des témoignages rapportent qu'il travaillait en 1260 à Oxford, dans le quartier des enlumineurs (Catte Street) ; l'un de ses ouvrages, signé, le représente en clerc tonsuré. On lui doit des peintures de manuscrits (Sarum Hours, Jugement dernier, 1230-1250, Cambridge, Fitzwilliam Museum) et de psautiers (Oxford, New College) ainsi que des miniatures séparées (Baltimore, W. A. G.). Des peintures murales et des vitraux (Oxford, Chapter House, Christ Church Cathedral) lui sont également attribués.

Brakenburg (Richard)

Peintre néerlandais (Haarlem 1650  – id. 1702).

Inscrit à la gilde de Haarlem en 1669, il travailla également à Leeuwarden. Élève d'Adriaen Van Ostade, il a dû être également celui de Steen, dont il se montre l'exact pasticheur, sans grande originalité et avec quelque vulgarité dans la couleur, plus vive, et la surcharge de ses compositions. Ses tableaux sont d'ailleurs nombreux. Le musée de Bordeaux conserve l'un d'eux (1692), et le musée de Lille une Scène galante (1699).

Bramante (Donato d'Angelo, dit)

Peintre et architecte italien (près d'Urbino 1444  –Rome 1514).

Les renseignements concernant l'activité picturale de ce fameux architecte se limitent à la première partie de sa vie ; il se peut cependant qu'il ait continué à peindre par la suite. Il se forma entre 1470 et 1477 à Urbino, foyer artistique particulièrement brillant, animé par Federico da Montefeltro. Le plus ancien document mentionne la frise des Philosophes, sur la façade du Palazzo della Podestà à Bergame : les liens qui unissent cette œuvre au Studiolo du palais d'Urbino dû à Pedro Berruguete et à Juste de Gand sont si nombreux que la conception même du Studiolo pourrait bien revenir à Bramante lui-même, avant 1476. Il aurait également pu intervenir à la Cappella del Perdono, où une décoration équilibrée et raffinée unifie et élargit l'espace. La même conception de la structure et de la perspective se retrouve dans les peintures des Arts libéraux, qui décoraient les murs de la bibl. du Palais (Londres, N. G.) et qui sont dues sans doute à Pedro Berruguete. À trente-trois ans environ, Bramante avait quitté Urbino, ayant acquis un style qui devait essentiellement ses caractères à Melozzo da Forlí, à Piero della Francesca et à Mantegna. La reconstitution de la salle d'armes qu'il décora à fresque, à la Casa Panigarola de Milan (fragments conservés à la Brera), la récente découverte des peintures de la chapelle Saint-Jean-Baptiste à S. Pietro in Gessate permettent d'affirmer la cohérence de sa vision architecturale et la portée morale de ses puissantes figures, projetées hors de leurs cadres en trompe-l'œil. Le Christ à la colonne, provenant de l'abbaye de Chiaravalle (Brera), serait l'une de ses dernières œuvres milanaises (v. 1490) ; l'intensité de cette image de la souffrance est admirablement soulignée par un éclairage lunaire sans doute inspiré par Piero et Giovanni Bellini. L'influence de Bramante sur ses contemporains fut considérable, et ne se limite pas à ses élèves, dont le plus fidèle fut Bramantino. Les formes architecturales qu'il avait mises à la mode furent utilisées dans les fonds des tableaux non seulement en Lombardie (Bergame, Casa Angelini), mais également à travers le Piémont et la Ligurie, jusqu'en Provence et même en Castille. Le mythe de Bramante, interprète dogmatique, héritier d'un style classique acquis par l'étude minutieuse des ruines romaines, dont Vasari fut l'un des artisans, se dissipe donc peu à peu.