Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Huit (groupe des) [Hongrie]

Ce groupe comprenait R. Bérény, D. Czigány, B. Czóbel, Ö. Márffy, D. Orbán, B. Pór et L. Tihanyi, qui s'étaient réunis en 1909 autour de K. Kernstok et qui s'opposaient à l'Impressionnisme. À l'exemple de Cézanne et du Fauvisme, auquel Czóbel participa, ces peintres se penchèrent sur les problèmes posés par l'agencement des formes dans l'espace. Cependant, l'art français n'exerça qu'une influence superficielle sur leur activité. Les membres du groupe des Huit n'eurent pas de style commun et apportèrent à leurs préoccupations des solutions individuelles. Leurs œuvres sont toutefois caractérisées par l'accent donné à la vigueur de la composition, et leur tendance à l'Expressionnisme les apparente à Die Brücke et à Der Blaue Reiter. Leur première exposition eut lieu en 1911, et leur dernière en 1912. Leur héritage artistique fut repris par les activistes. En 1919, sous la République hongroise des Conseils, leur activité connut un nouvel essor. Les membres du groupe se virent confier des fonctions importantes, mais ils furent contraints d'émigrer après la chute du régime. Béla Czóbel, Robert Bérény et Ödön Márffy se rallièrent à l'école de Post-Nagybánya.

Huit (groupe des) [Tchécoslovaquie]

Cette association d'artistes tchèques (en tchèque Osma [1907-1911]), fut fondée par Emile Filla, Bohumil Kubišta, Otakar Kubin (Coubine), Willi Nowak, Antonin Procházka, qui s'étaient liés à l'Académie des beaux-arts de Prague, dont ils rejetaient l'enseignement, lui reprochant notamment de ne pas s'ouvrir aux grands courants de l'art européen. Au cours de nombreux voyages en Europe occidentale (France, Allemagne, Italie), ces artistes découvrirent de nouveaux horizons. Ils trouvèrent dans les œuvres de Greco, de Rembrandt, de Poussin et de Daumier la solution à de nombreux problèmes ; mais c'est la découverte des œuvres de Munch, de Van Gogh et de Cézanne qui joua un rôle décisif dans leur quête d'une expression moderne. Après une première phase, marquée surtout par l'influence du Symbolisme expressionniste de Munch et centrée sur les moments dramatiques de la vie psychique, leur attention se porte sur les problèmes de la construction du tableau et la fonction symbolique de la couleur. En 1908, le groupe des Huit organise une seconde exposition, à laquelle se joint Vincenc Beneš. On assiste alors à une géométrisation progressive des formes, qui ne cherche pas leur analyse objective, mais qui est mise au service d'une déformation expressive : de là naît la formule originale d'un " Cubisme expressionniste ", illustré surtout par les œuvres de Filla, de Kubišta et de Procházka entre 1908 et 1911. En 1909 et 1910, les Huit exposèrent leurs idées dans les Volné Směry (Tendances libres), revue de la société d'art Mánes, et soumirent à une vive critique les positions conservatrices de leurs aînés. En 1911, ils décidèrent de quitter la société Mánes et se lièrent à d'autres représentants de la jeune avant-garde pour fonder le groupe des Plasticiens (Skupina výtvarných umělċ), appelé communément " le Groupe ". Outre les artistes cités plus haut, celui-ci comprit notamment les peintres Josef ˇCapek et L. ˇSima, les architectes J. Chochol et J. Gočár, l'écrivain Karel ˇCapek. Il publia son propre périodique, Umělecký Měsičník (le Mensuel des arts), et bénéficia du soutien de l'historien d'art Vincenc Kramář, qui réunit entre 1910 et 1913 une remarquable collection de Picasso, de Braque et de Derain (auj. au musée de Prague). Mettant une sourdine à l'exaltation expressionniste précédente, il adhéra franchement à l'esthétique cubiste, qui, toutefois, se teinte souvent chez lui de lyrisme et de poésie. Entre 1912 et 1914, il organise de nombreuses expositions à Prague et à l'étranger, auxquelles furent conviés Picasso, Derain, Gris, Friesz, Munch, Kirchner. Prague devint ainsi l'un des foyers européens qui vit la diffusion de l'art moderne. La Première Guerre mondiale devait interrompre brutalement cette activité.

Hulsdonck ( Jacob Van)

Peintre flamand (Anvers 1582  – id. 1647).

Il fit son apprentissage à Middelburg, puis s'installa à Anvers, où il fut maître de la gilde de Saint-Luc en 1608 ; il peignit des natures mortes et des bouquets de fleurs, souples et aérés, qui rappellent ceux de A. Bosschaert (le Déjeuner, musée de Nancy ; Nature morte, musée d'Orléans ; Fruits et vases, Nature morte, musée de Quimper ; 2 Natures mortes, musée de Melun). Citons aussi des tableaux au De Young Museum de San Francisco, aux Offices et dans de nombreuses coll. part.

Hummel (Johann Erdmann)

Peintre allemand (Kassel 1769  – Berlin 1852).

Il fut élève de l'Académie de Kassel de 1782 à 1792. Un voyage en Italie de 1792 à 1799 le mit en rapport avec Carstens, Koch, Rohden, Reinhart et Weinbrenner. À partir de 1800, il est à Berlin et devient en 1809 professeur d'architecture, de perspective et d'optique à l'Académie. Il a peint des paysages, surtout des vues de villes, des tableaux de genre (la Chapelle, 1816, musée d'Erfurt) et des portraits. Il recherche les effets compliqués de construction de l'espace et de reflets, qu'il rend avec une extrême exactitude, comme dans le Bassin de granit (av. 1832, musées de Berlin).

Hundertwasser (Friedrich Stowasser, dit Fritz)

Peintre autrichien (Vienne  1928 – en mer, à bord du Queen-Elizabeth II, 2000).

Autodidacte, il se rendit en 1950 à Paris ou il revint fréquemment. Sa première exposition individuelle eut lieu à l'Art-Club de Vienne en 1952. En 1954, il fut révélé par le critique Julien Alvard au public parisien à la gal. Paul Facchetti. Sa peinture (il est avant tout aquarelliste) s'inspire tantôt de Klee et de dessins d'enfants, tantôt de formes puisées dans l'ouvrage de Prinzhorn Bildnerei der Geisteskranken (la " création artistique chez les malades mentaux "), de principes abstraits, de lignes tracées par une main enfantine sur le pavé, mais aussi des collages de Schwitters (dont il se détourne bientôt) et de la tonalité comme du style ornemental de ses compatriotes Schiele et Klimt. Sous le pinceau de l'artiste, tous les éléments, maisons, jardins, têtes en forme de sphère, yeux en amandes, larmes, barbes, gouttes de pluie, se regroupent en de féeriques compositions dont les couleurs rappellent parfois celles des miniatures orientales. Hundertwasser est représenté à Vienne (Österr. Gal., musée du XXe siècle et Kulturamt), à New York (Brooklyn Museum), à São Paulo (M. A. M.), à Amsterdam (Stedelijk Museum) et à Paris (M. N. A. M.).