Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Claus (Émile)

Peintre belge (Vijve-Saint-Éloi 1849  – Astene 1924).

Il suit les cours de Nicaise de Keyser et de Jacob Jacobsz à l'Académie d'Anvers de 1870 à 1874 et expose pour la première fois à Bruxelles en 1875. Jusqu'en 1888, il reste fidèle à un réalisme sentimental ou de tendance sociale : son Combat de coqs en Flandre, exposé à Paris en 1882, le rend célèbre (Waregem, coll. part.). Il excelle alors dans des décors pittoresques (peinture de genre et portrait) qui rappellent Bastien-Lepage.

   S'étant installé en 1888 dans la vallée de la Lys, à Astene, il se rend peu après à Paris où il retourne à plusieurs reprises en 1890-91 et 1892. Là, sous l'influence de Pissarro et de Sisley, il a la révélation de l'Impressionnisme, dont il devient en Belgique l'ardent propagateur. Il produit pourtant encore des tableaux à sujet narratif (la Récolte de betteraves, 1890, musée de Deinze ; la Levée des nasses, 1893, Ixelles, musée des Beaux-Arts), puis se consacre exclusivement au paysage, surtout celui des bords de la Lys, dans une palette lumineuse et colorée. Il participe à plusieurs cercles comme celui des Vingt de la Libre Esthétique et le cercle Vie et lumière, qu'il fonde en 1904 avec Ensor, Lemmen, Anna Boch... L'admiration pour Monet le conduit à Venise en 1906. Exilé à Londres pendant la guerre, il prend alors la Tamise pour thème favori (Londres, midi en novembre, 1916, Bruxelles, M. R. B. A.). Une exposition rétrospective lui fut consacrée en 1927 par la Société nationale de Bruxelles. Il est représenté en Belgique, à Ixelles, Courtrai, Gand, Liège, Anvers (M. R. B. A.) et Bruxelles (M. R. B. A.), mais aussi en Allemagne, à Dresde et Berlin (N. G.), ainsi qu'en France (Rayon de soleil, 1899, Paris, Orsay ; Brouillard sur la Lys, Douai, musée de la Chartreuse).

Clavé (Antoni)

Peintre espagnol (Barcelone 1913-Saint-Tropez 2005).

Il bénéficie de l'enseignement des cours du soir de l'École des beaux-arts de Barcelone de 1926 à 1932. Peintre et décorateur, il travaille pour le cinéma et la publicité. En 1937, il s'engage dans l'armée de la République, puis, après la victoire des nationalistes en 1939 émigre en France. Ses premiers travaux témoignent de son intérêt pour les collages cubistes. Il expérimente divers papiers (papier peint, carton). En 1939, il réalise à Paris ses premières lithographies. Il y demeure le temps de la Seconde Guerre mondiale, y expose pour la première fois en 1942 (gal. Castelucho), l'année de sa rencontre avec Picasso. Jusqu'à la fin des années 50, des thèmes classiques — intérieurs et portraits — dominent l'œuvre. Son expérience des arts graphiques le conduit, à partir de 1959-60, vers l'abstraction. Elle lui permet également de développer son goût pour la matérialité de la peinture et pour des supports diversifiés (aluminium, tissu peint, teint ou imprimé, journaux). À plusieurs reprises, il utilise la technique de l'empreinte : la Main (1960-1964), Souvenir de l'année 28 (1968), À Saint-John Perse (1977). Clavé est l'auteur de reliefs en bronze (Trois Visages, 1966), d'assemblages et de sculptures en plomb (Armoire bleue, 1962) qui le rapprochent de l'Art brut.

   L'œuvre de Clavé est connu en Europe depuis la fin des années 40 (Anglo — French Art Center, Londres, 1947 ; gal. Obelisco, Rome 1951 ; gal. Drouant David, Paris 1953). Il obtient une reconnaissance internationale dès 1961, date à laquelle le musée Rath de Genève lui consacre une première rétrospective. Les Instrumentos Extranos sont présentés Sala Gaspar en 1977, au centre Georges-Pompidou à Paris en 1978. Une centaine d'œuvres de Clavé sont exposées dans le pavillon espagnol lors de la Biennale de Venise de 1984. L'artiste n'aura de cesse de diversifier les techniques : " Tapicerias — Assemblages " exposés en 1964 par le musée d'Art moderne de Bilbao, eaux-fortes et aquatintes réalisées en Provence en 1965, " gaufrages " sur aluminium en 1972, papiers et toiles froissées ou plissées (Toile froissée sur fond noir, 1978), collages (Howard Street, 1989). Il est l'auteur de nombreux décors pour le ballet (notamment pour Roland Petit) et pour le cinéma.

   Ses œuvres sont présentes dans les collections du M. E. A. C. de Madrid, de la Fundació Caixa de Pensions de Barcelone, du M. A. M. de la Ville de Paris et des musées de Genève, Boston, São Paulo.

Clemente (Francesco)

Peintre italien (Naples 1952).

Il appartient au groupe des artistes de la trans-avant-garde italienne de la fin des années 1970. Il étudie l'architecture à Rome. Marqué par les expériences de J. Beuys, de Cy Twombly et de Boetti, il commence à peindre en 1970, en réaction contre ceux qui annoncent la fin de la peinture, avec des techniques traditionnelles (fresques, aquarelles, peintures à l'huile, mosaïques, dessins). En 1973, il voyage en Inde, où il vit une partie de l'année depuis 1975. Son répertoire iconographique et métaphorique est issu de la tradition classique, judéo-chrétienne et orientale. Il peint des figures qui subissent des déformations, des contorsions ou des transformations. Peintre subjectif par excellence, ses autoportraits sont un des thèmes récurrents de son œuvre (Autoportrait, 1979, où il se représente la tête séparée du corps). En 1981, il fait un premier séjour à New York, où il vit régulièrement depuis 1982. Il y conçoit un cycle de tableaux à l'huile qu'il intitule les Quatorze Stations (1981-82). Ses images sont un mélange d'abstraction, combiné avec des éléments figuratifs (visages, corps, membres, orifices) dans un espace où chaque symbole maintient son individualité tout en restant en relation avec les autres (Fresques de la piscine de Saint-Moritz, 1982 ; Tendre Mensonge, 1984 ; le Troisième Autel, 1990 ; The Sky, pastel, 1994-95). Une exposition Clemente, Basquiat, Warhol a été présentée (Kassel, Museum Fridericianum) en 1996.

Clemer (Hans)

Peintre actif en Piémont et en Provence à la fin du XVe et au début du XVIe siècles.

On a récemment identifié le Maître d'Elva, peintre anonyme connu par des retables et des peintures murales conservés dans la région de Saluces en Piémont (Elva, Revello, Saluces) et datant des dernières années du XVe siècle et des premières du XVIe, avec un artiste connu par des documents : Hans Clemer, résidant à Saluces et qui travailla aussi pour la Provence. Il était d'origine nordique (flamand ou allemand), ce que confirme l'examen de son style, et cousin de Josse Lieferinxe, le plus grand peintre de l'école d'Avignon du tournant du siècle. Ses liens avec la manière provençale se remarquent dans son chef-d'œuvre, la monumentale Madonne de Miséricorde, peinte vers 1498-99 pour le marquis de Saluces, Ludovico II (Saluces, Museo Casa Cavazza). Le retable qu'il peignit en 1508 pour les Frères mineurs d'Aix a disparu, mais plusieurs retables conservés en Provence (églises de Pertuis, Vinon, La Celle, Tarascon, ce dernier daté 1513), ainsi que deux Saints à la cathédrale d'Aix ont pu lui être attribués.