Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Warhol (Andy)

Peintre américain d'origine slovaque (Pittsburgh 1928  – New York 1987).

L'un des artistes les plus fameux du pop art, il fit une carrière fulgurante à partir de 1960. Dès son arrivée à New York, quelques années auparavant, il avait travaillé et acquis une réputation considérable comme dessinateur publicitaire (ses dessins de cette époque ont été exposés au Gotham Book Mart de New York en 1971). Attentif aux premières manifestations d'un retour à la figuration dans la peinture américaine aux alentours de la fin des années 50, il commença par peindre des toiles dont les sujets étaient empruntés à l'imagerie quotidienne : bandes dessinées (comme, à la même époque, Roy Lichtenstein) ou agrandissements d'étiquettes familières (Dick Tracy, 1960 ; Nancy, 1961 ; Del Monte Peach Halves, 1961, Stuttgart, Staatsgal.). Encore expressionnistes dans le traitement de leurs surfaces, ces toiles allaient rapidement faire place à des séries plus contrôlées, où l'imagerie, de son côté, prenait un aspect sériel (Campbell's Soup Cans, 1961-62 ; Close Cover before Striking, 1962 ; Plane Crash, 1963, Cologne, W. R. M. ). Enfin, bien que Warhol ait sans doute expérimenté cette technique dès 1961-62, ce n'est que v. 1964 qu'il adopta un procédé mécanique d'application sérigraphique sur toile qui permit l'élaboration de séries abondantes telles que celles des Marilyn (New York, M. O. M. A.), des Jackie Kennedy (16 Jackies, 1964, Minneapolis, Walker Art Center), des Elvis (1965, musée de Toronto), des Mona Lisa (1965, Metropolitan Museum), des Flowers (1965, id.). Bien des aspects de l'art de Warhol se rapprochaient du cinéma (réalisme immédiat et distanciation), auquel l'artiste s'est beaucoup consacré à partir de 1963 (Kiss). L'originalité des méthodes de tournage de Warhol (personnages improvisant devant une caméra fixe) a marqué considérablement l'avant-garde cinématographique. Après la tentative d'assassinat dont il est victime en 1968, il se consacre de plus en plus à des œuvres de commande mondaine, qu'il abandonne parfois pour des séries portant sur l'abstraction (Oxydation, 1982) ou le renouveau d'une figuration expressionniste (collaborations avec Basquiat en 1986).

   Andy Warhol est l'artiste pop qui s'est le mieux identifié dans sa vie même aux courants de mode qui ont traversé son époque. Portraitiste des " monstres sacrés " (y compris dans les années 80, de l'emblème du dollar auquel il consacra une série de toiles — Dollar Sign [LC 1221], 1981), il devint lui-même un des personnages les plus en vue et les plus recherchés de la " jet set " internationale. Une exposition rétrospective lui a été consacrée en 1990 (New York, M. O. M. A. ; Paris, M. N. A. M. ).

Waroquier (Henry de)

Peintre et graveur français (Paris 1881  – id. 1970).

Autodidacte en peinture, il fut de 1900 à 1919 professeur de composition décorative à l'École Estienne. Avant la Première Guerre mondiale, sa peinture se rattache au Cubisme, interprété dans des rythmes décoratifs inspirés de l'Extrême-Orient. Peintre de paysages, Waroquier a donné des vues de Bretagne, puis d'Italie (Vue de Venise, le Palais ducal et Santa Maria della Salute, 1913, Paris, M. N. A. M.), d'Espagne et de Corse. De 1932 à 1936, il se tourna vers l'étude de la figure humaine. Par la suite, il s'est inspiré beaucoup de la mythologie, unissant les mythes antiques à la cosmogonie moderne dans un style baroque et onduleux. En 1937, il exécuta une décoration murale pour le palais de Chaillot : la Tragédie. Son œuvre graphique fut exposée à Paris : en 1952 (env. 200 planches) au M. N. A. M. et en 1955 à la B. N. Il a illustré de nombreux livres, dont les Amours de Marie de Ronsard. Il est représenté à Paris (M. N. A. M. et musée des Arts décoratifs).

Wasmann (Friedrich)

Peintre allemand (Hambourg 1805  – Merano, Tyrol, 1886).

Il fut élève de l'Académie de Dresde de 1825 à 1828. À partir de 1829, il travaille à Munich. Après un séjour de 1830 à 1832 à Merano, il réside de 1832 à 1835 en Italie, puis à Munich et dans le Tyrol ; de 1843 à 1846, il est à Hambourg et, à partir de 1846, à Merano. Il a peint des portraits, d'une exécution très scrupuleuse, où l'influence des Nazaréens est sensible (la Sœur de l'artiste, 1822, Hambourg, Kunsthalle), des paysages largement esquissés, imprégnés d'un vif sentiment de la nature, et des scènes de genre. Il est représenté dans les musées allemands : à Berlin, Brême, Hanovre et surtout Hambourg.

Waterhouse (John William)

Peintre britannique (Rome 1849  – Londres 1912).

Élève de son père, peintre de Leeds, il commence à exposer dès 1870 et entre à l'école de la Royal Academy en 1871. Ce maître de la peinture narrative combine deux influences : le préraphaélisme de Rossetti et Burne-Jones et la peinture française de Bastien-Lepage. Ses premiers travaux sont tournés vers l'allégorie traitée sur un mode néoclassique (le Temple d'Esculape, 1877). Puis il illustre les mythes classiques et les légendes (Naissance d'Adonis, 1899) et réalise des peintures d'après des poèmes de Keats, de Tennyson ou de Shakespeare (Marianne, femme du roi Hérode le Grand, 1887). Le début de sa phase poétique est marqué par la Dame de Shalott (1886, Londres, Tate Gal.). Waterhouse possède un grand sens de la composition servi par une superbe technique et une maîtrise parfaite des effets dramatiques (la Tempête, 1916). Il crée un style de beauté féminine hautaine qui lui assure une grande popularité (Danaïdes, 1904). Vers la fin de sa vie, il produit de nombreux tableaux représentant des femmes au milieu de fleurs (le Parfum de la rose, 1908).

Waterloo (Anthonie)

Peintre et graveur néerlandais (Lille v. 1610  – Utrecht 1690).

Ce paysagiste, mais aussi marchand de tableaux, qui vécut surtout aux environs d'Utrecht ainsi qu'à Leeuwarden, est mentionné à Amsterdam en 1640. Il visita l'Allemagne, les Pays-Bas du Sud et l'Italie. Son Paysage boisé (Rijksmuseum) ainsi que 2 paysages conservés aux Offices et au musée de Bordeaux sont de rares exemples de son œuvre peint. On sait que Jan Weenix collabora avec l'artiste, peignant des motifs et des personnages dans ses paysages. Ces peintures de Waterloo le cèdent, par le nombre et la qualité, à ses gravures et à ses dessins, représentant le plus souvent des sites boisés (Louvre) ou la lisière d'une forêt en hiver (Paris, Inst. néerlandais). Généralement exécutés à la pierre noire et au lavis, ces dessins, peu contrastés dans les valeurs, s'apparentent fort à ceux de S. de Vlieger et de Roghmann ; dessins achevés, ce ne sont pas des esquisses, mais des œuvres d'art en elles-mêmes, pour la vente. À l'instar de L. Doomer, Waterloo les rehausse parfois d'aquarelle (Rotterdam, B. V. B. ; Rijksmuseum).