Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
A

Antoniazzo Romano (Antonio di Benedetto Aquilio degli Aquili, dit)

Peintre italien (actif de 1460 à 1510 à Rome et dans le Latium).

S'il fut influencé à ses débuts par Fra Angelico, Benozzo Gozzoli et surtout Piero della Francesca (1464, Retable du Museo Civico de Rieti), Antoniazzo est surtout connu comme le principal élève de Melozzo da Forlí. Des premières années du séjour romain datent le triptyque de l'église S. Francesco de Subiaco (1467) et les fresques du monastère de Tor de' Specchi à Rome. En 1469, l'artiste peint pour le couvent des Augustiniens, au champ de Mars, les armes du cardinal de Rohan, dessinées par Rossellino. La période la mieux connue de son œuvre se situe entre 1480 et 1490 ; fixé à Rome, l'artiste travaille beaucoup au Vatican aux côtés de Melozzo da Forlí. Sans doute est-ce à cette période, et pas plus tôt, qu'Antoniazzo subit de façon profonde l'ascendant de Melozzo, particulièrement sensible dans les peintures de la modeste Camera di Santa Caterina (1482, S. Maria sopra Minerva, où se trouve aussi l'Annonciation Torquemada), ou dans l'imposante Sainte Anne, la Vierge et l'Enfant Jésus (coll. part.), peinte sur fond d'or, ainsi que dans les très belles peintures de S. Giovanni Evangelista de Tivoli. Mais Antoniazzo a sa personnalité propre. Son art est profondément enraciné dans la tradition médiévale : on lui attribue l'interprétation de la Navicella de Giotto (Avignon, Petit Palais). En 1480-1482, Pérugin travaille à la chapelle Sixtine. Cette rencontre, comme celle, en 1474, de Ghirlandaio, présent à la bibl. Vaticane, devait enrichir l'art d'Antoniazzo d'accents ombriens déjà perceptibles dans des œuvres antérieures : Madones (Avignon, Petit Palais ; musée de Detroit ; musée de Houston ; Pérouse, G. N.), Triptyque Caetani (Fondi, S. Pietro). Les œuvres les plus personnelles se situent entre 1480 et 1485 : Crucifixion avec saint François de Lewisburg (Burcknell University), définie par R. Longhi comme " à mi-chemin " entre les Florentins et Melozzo ; Nativité (Rome, G. N., Gal. Barberini), autrefois donnée à Domenico Ghirlandaio ; Madone de Velletri (Museo Capitulare) ; Trois Saints (Montefalco, S. Francesco), œuvre d'une très belle inspiration.

   Dans les années 1485-1490, l'attirance pour la grâce ombrienne l'emporte sur la rigueur et les recherches spatiales des œuvres déjà citées. L'art d'Antoniazzo tend à devenir plus conventionnel, avec des schémas de composition plus stéréotypés ou plus confus : Triptyque de la Sainte Face (Prado), qui provient selon toute vraisemblance de S. Giacomo degli Spagnoli de Rome, Madone du tribunal de la Sacra Rota (Vatican, pin.) et plusieurs Madones et saints (Rome, G. N., Gal. Barberini et Saint-Paul-hors-les-Murs ; Capoue, cathédrale). La dernière œuvre datée est la " pala " de S. Maria del Prato à Campagnano (1497), dont on ne conserve que le fragment du Museo Civico de Viterbe.

   À travers cette production très abondante, Antoniazzo apparaît comme la personnalité la plus importante du XVe s. à Rome. Il fut un véritable chef d'école et eut d'innombrables imitateurs, dont les œuvres sont globalement classées sous son nom. Son fils Marcantonio, dont l'activité est documentée entre 1505 et 1521 à Rieti, est l'auteur d'un triptyque peint pour le réfectoire de S. Chiara (1511, Rieti, Museo Civico) et d'œuvres auparavant attribuées à Antoniazzo.

Antonio da Fabriano (Antonio di Agostino di ser Giovanni, dit)

Peintre italien (documenté entre 1451 et 1489).

Différentes œuvres attestent son activité dans la région des Marches entre 1450 et les années 1480. Comme d'autres peintres des Marches et de l'Ombrie de cette époque, il utilise, avec un style rude et vigoureux, certains apports du Nord, en les mêlant à une traduction provinciale de l'art de Piero della Francesca. La secrète sensibilité flamande révélée par une de ses premières œuvres (Saint Jérôme, 1451, Baltimore, W. A. G.) persiste jusque dans le triptyque (1474) de l'église S. Clemente à Genga, près d'Ancône. On trouve des traces d'influence de sa peinture dans l'Italie méridionale et en Sicile. Plusieurs de ses œuvres sont conservées à Fabriano (musée et église S. Lucia).

Antonio Veneziano (Antonio di Francesco da Venezia, dit)

Peintre italien (actif entre 1369 et 1388).

En 1369-70, sa présence est attestée à Sienne ; en 1374, il est inscrit à l'" Arte dei medici e speziali " de Florence ; de 1384 à 1387, il travaille aux fresques du Campo Santo de Pise, illustrant les trois derniers épisodes de la Vie de saint Rainier ; enfin, il date de 1388 le tableau de la Confraternité de S. Niccolò Reale à Palerme (musée diocésain). Malgré son origine vénitienne, qui a suggéré des rapprochements assez discutables avec des artistes du nord de l'Italie tels que Tommaso da Modena, Antonio Veneziano se rattache à l'école toscane : dans la décoration à fresque du tabernacle de la Torre degli Agli à Novoli, près de Florence, son style, nettement florentin, se situe dans la grande tradition de la première moitié du trecento plus que dans le courant d'Orcagna. On a supposé qu'il avait pu collaborer avec Andrea da Firenze pour les fresques de celui-ci à Santa Maria Novella de Florence. La netteté incisive des formes doit beaucoup à l'exemple de Taddeo Gaddi, alors que l'expression un peu lourde des personnages s'inspire de Francesco Traini, qu'Antonio a certainement étudié durant son séjour pisan, comme le démontre le polyptyque (démembré) de la Madone à l'Enfant (Boston, M. F. A.) avec les Saints Pierre, Paul, Barthélemy et André (coll. part.). Parmi ses autres œuvres, on peut citer une Vierge à l'Enfant avec des anges, au musée de Hanovre, centre d'un polyptyque dont les musées de Berlin conservent d'autres éléments.

Anunciação (Tomàs da)

Peintre portugais (Lisbonne 1818  – id. 1879).

Après ses études à l'Académie des beaux-arts de Lisbonne, il se spécialisa dans le paysage. À Paris en 1867, il découvrit l'école de Barbizon et les peintres animaliers Troyon et Rosa Bonheur. Il introduisit le sentiment lyrique du paysage dans la peinture portugaise et, connu surtout comme peintre animalier, il exerça une grande influence sur ses disciples de l'Académie des beaux-arts de Lisbonne, où il fut nommé professeur de paysage en 1852. Fort apprécié de son temps, notamment du roi Fernando, il a laissé une œuvre abondante, et quelque peu monotone, dispersée entre des collections privées et les musées portugais. Le M. A. C. de Lisbonne conserve plusieurs de ses toiles, notamment Vue d'Amora, Chemin de Sintra, Troupeau dans le paysage, ainsi que la composition intitulée Cinq Artistes à Sintra, peinte par Cristino da Silva (1829-1877) en 1855, représentant Anunciação au travail, en pleine nature. Cet hommage rendu par ses compagnons, est le seul portrait collectif d'un groupe d'artistes exécuté dans le cadre du romantisme portugais.