Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Wols (Wolfgang Schulze, dit)

Peintre allemand (Berlin  1913  – Paris  1951).

Élevé à Dresde, où il reçut une formation de violoniste et de photographe, il fut également l'élève de l'ethnologue Frobenius et passa en 1932 quelques jours au Bauhaus de Dessau avant de regagner Paris et d'y entrer en contact avec les milieux surréalistes. En 1932, il commence à exécuter ses dessins à l'encre de Chine et à l'aquarelle (Montagne érotique, Paris, coll. part.). Entre 1933 et 1935, il voyage et séjourne notamment à Barcelone et Ibiza, d'où les phalangistes l'expulsent. À la déclaration de guerre, il est interné comme citoyen allemand, puis libéré en 1940. Il se réfugie alors dans le midi de la France (Cassis, Dieulefit) et ne revient à Paris qu'en 1945. À partir de 1946, sans abandonner l'aquarelle, il pratique davantage la peinture et expose en 1947 chez René Drouin.

   Inventeur du Tachisme, Wols constitue en quelque sorte le pôle européen du mouvement incarné, outre-Atlantique, par Jackson Pollock. Cependant, son œuvre, accomplie dans une profonde détresse morale et physique, demeure celle d'un solitaire en dehors de tout circuit esthétique ou commercial. Aux alentours de 1940, Wols peint surtout des aquarelles, aux accents surréalistes. Il crée des espaces aérés où se déploient des scènes de rêves, où s'imposent des réalités oniriques. La légèreté aérienne de ces œuvres rappelle l'art de Klee par la sûreté du trait et le goût des notations précises, fouillées (Sorcières en marche, v. 1945 ; Autoportrait). Situé à la jonction de l'Expressionnisme et du Surréalisme, l'art de Wols apparaît comme une écriture serrée et précise, réseaux denses et touffus de lignes et de formes rigoureuses sur des fonds, en général aquarellés, de couleurs pâles et impalpables où dominent les roses, les bleus, les jaunes (la Ville magique, v. 1951). Par sa singularité et sa démarche profondément existentielle, et malgré son volume restreint, cette œuvre prend dans l'art d'après-guerre une place majeure dont témoigne son influence sur le développement ultérieur de l'Abstraction lyrique. Wols, qui est également l'auteur de poèmes d'inspiration mystique extrême-orientale s'est illustré également comme photographe. Il est représenté dans les musées allemands (Hambourg, Cologne, Munich, Stuttgart), à Paris (M. N. A. M. et M. A. M. de la Ville), au musée de Lyon et à New York (M. O. M. A.).

Wood (Grant)

Peintre américain (Amamosa, Iowa, 1891  – 1942).

Grant Wood est l'auteur d'American Gothic, l'un des plus célèbres tableaux de la peinture des États-Unis. Fils de Quaker, Grant Wood est élève jusqu'à l'âge de dix ans dans une ferme dont l'atmosphère le marquera toute sa vie. Il apprend les métiers du bois et du fer à la Minneapolis School of Design and Handicraft puis étudie de 1906 à 1916 la peinture dans les cours du soir de l'Art Institute de Chicago. Il voyage à plusieurs reprises en Europe dans les années 20 mais ne se montre pas intéressé par l'avant-garde. La peinture des primitifs flamands et celle de Memling en particulier, vue à la Pinacothèque de Munich alors qu'il travaille sur des vitraux en 1928, l'attirent davantage. De retour aux États-Unis, il s'associe au mouvement régionaliste de l'" American Scene ". Ses portraits, ses paysages et ses panneaux décoratifs sont d'une facture de plus en plus soignée. Il représente des scènes de campagne avec des figures, rappelant les fermiers de son enfance. Ainsi est né en 1930 son tableau American Gothic (Chicago, Art Institute), qui connaît un succès immédiat. S'inspirant de l'art des primitifs tout autant que de la photographie populaire, Wood présente de face un couple de paysans devant sa maison. Mais la force de ce tableau, qui est aujourd'hui une véritable icône nationale, réside à la fois dans son aspect traditionnel, dans sa description de la province américaine et dans sa défense de la dignité et de l'universalité des pionniers du Nouveau Monde. La forme de triptyque mise en œuvre dans Dinner for Threshers (le Déjeuner après le battage, 1934) en constitue un autre témoignage. En 1934, Grant Wood est nommé directeur du Federal Art Project de l'Iowa. En 1937, il illustre Main Street de Sinclair Lewis. De 1934 à 1937, il travaille à la décoration de la bibliothèque de l'université d'État de l'Iowa à Ames, où il enseignera jusqu'à sa mort. La précision de son métier, la profondeur et la finesse de ses analyses psychologiques tout comme son refus de la littérature ont permis à cet art de dépasser le régionalisme. Il est représenté dans les principaux musées américains, notamment ceux de New York, de Chicago, de San Francisco et de Minneapolis.

Wood (Thomas Waterman)

Peintre américain (Montpelier, Vermont, 1823  – id.  1903).

Fils d'un ébéniste, il travailla pour son père pendant sa jeunesse. Wood était autodidacte, et ses premières œuvres, des paysages du Vermont rendus de manière fine et réaliste, datent des années 1844-45. De 1852 à 1855, il résida à New York et approfondit sa connaissance de la peinture européenne et américaine en fréquentant les expositions de la National Academy of Design et celles de la Düsseldorf Gallery. Tout au long de sa carrière, Wood connut un grand succès comme portraitiste ; il travailla à New York, Québec, Toronto et dans le Sud, à Nashville et Louisville (Franklin Hoyt, 1855, Montpelier, Wood Art Gal.).

   En 1858, il voyagea en Europe et s'installa quelque temps à Paris, où il exécuta de nombreuses copies de maîtres anciens et de peintres contemporains qu'il admirait (Léon Cogniet, Delaroche). En même temps, il commença à peindre des scènes de genre, qui le rendirent célèbre après son retour en Amérique. Établi dans le Sud au moment de la guerre de Sécession, il consacra plusieurs de ses compositions à la vie des Noirs ou à leur rôle durant la guerre civile : The Contraband, The Volunteer, The Veteran (1865-66, Metropolitan Museum). En 1867, il s'établit à New York, où, exposant à la N. A. D., il fut immédiatement reconnu comme un artiste d'importance. Élu membre de la National Academy en 1871, il en devint vice-président en 1879 et président en 1891. Son œuvre, dont les thèmes et la technique la rapprochent de celle d'Eastman Johnson, n'a pas connu la même gloire posthume. Wood légua la plus grande partie de ses toiles et aquarelles à sa ville natale, où elles forment le noyau de la Wood Art Gal. Ce n'est que fort récemment que son œuvre a été reconsidérée et a repris la place qui lui est due dans l'histoire de la peinture de genre américaine au XIXe s.