Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
H

Horemans (les)

Peintres flamands.

 
Jan Josef I, dit le Vieux ou le Sombre (Anvers 1682  – id. 1759). Peintre de genre, franc maître à Anvers en 1706, il multiplie les petits tableaux de mœurs, des intérieurs de cuisine, des consultations de médecin (Bruxelles, M. R. B. A.), qui prolongent au XVIIIe s. la manière de Téniers. Il réalisa un tableau corporatif représentant l'Installation solennelle de l'abbé de Saint-Michel, protecteur du serment de l'Escrime (Anvers, musée de la Vieille-Boucherie). Avec son Braconnier dénoncé (Bruxelles, M. R. B. A.), Horemans reflète l'amenuisement du style de la peinture flamande de genre au XVIIIe s., dont le ton anecdotique et amusant fut très prisé et repris par de nombreux peintres, tels que J. B. Lambrechts.

 
Peter Jacob (Anvers 1700 – id. 1766) . Frère de Jan Josef, il exécuta portraits et scènes de genre. Il fut peintre ordinaire de l'Électeur Charles Albert de Bavière, à Munich, à partir de 1727. Il décora de fêtes galantes et de sujets mythologiques les châteaux de Schleissheim et de Nymphenburg.

 
Jan Josef II, dit le Jeune (Anvers 1714 – id. apr. 1790) . Fils du précédent, franc maître à Anvers en 1766-67, il fut doyen de la corporation en 1768-69 et en 1776-77. À partir de la tradition de Téniers et de Coques, l'artiste réalise une synthèse de la scène de mœurs et du portrait caractéristique du XVIIIe s. flamand. Ses scènes de la bourgeoisie — le Menuet (musée de Genève), la Signature du contrat de mariage (Bruxelles, coll. baron Descamps), l'Entrée du prince Charles de Lorraine à Anvers (1749, Anvers, musée de la Vieille-Boucherie) — évoquent l'art de Longhi ou de Zoffany. Agréable décorateur, il peignit pour le château d'Andweck une série des Saisons (Metropolitan Museum).

Horenbout (Gérard)
ou Gérard Hoorenbaut
ou Gérard Huerbaut

Peintre et enlumineur flamand (Gand, actif de 1487 à 1541 env.).

Maître en 1487, il est peintre et valet de chambre de Marguerite d'Autriche en 1515 et se rend ensuite en Angleterre, où il perd sa femme en 1529. Autrefois identifié par erreur avec le Maître de l'Hortulus animae, il est l'auteur des enluminures des Heures Sforza (British Museum) et de certaines illustrations du Bréviaire Grimani (Venise, Bibl. Marciana). Un triptyque de la Parenté de sainte Anne (musée de Gand), signé Gerardus, et les portraits de Lievin Van Pottelsberghe et de sa femme (id.) lui ont été rendus.

horizon

Ligne horizontale parallèle à la ligne servant de base au tracé perspectif d'un tableau.

   L'horizon, en perspective, est généralement situé à la hauteur de l'œil de l'observateur, et il indique le point de rencontre du ciel et de la terre. La ligne d'horizon, selon les époques, a été tantôt abaissée, tantôt relevée : certains peintres du XIXe s. (par exemple Gauguin), en remontant la ligne d'horizon, ont réduit le ciel à une étroite bande bordant le haut de la composition. Ce procédé avait déjà été employé par les Byzantins et les peintres primitifs de tous pays.

Hörmann (Theodor von)

Peintre autrichien (Imst, Tyrol,  1840  – Graz  1895).

Hörmann était officier lorsque, en 1873, il demanda l'autorisation de poursuivre des études à l'Académie, où enseigne alors Feuerbach. De 1875 à 1883, il fut professeur de dessin et maître d'armes à la Militär-Realschule de Saint-Pölten, tout en continuant à peindre. Nommé capitaine, il quitta l'armée en 1884 pour se consacrer uniquement à son art. Il séjourne de 1886 à 1890 à Paris, fréquentant l'atelier de Raphaël Collin, sans que dans ses paysages la manière décorative de ce dernier soit sensible ; sa peinture claire, ses paysages paisibles à la lumière chantante l'apparentent plutôt à Pissarro dans les tableaux de sa période parisienne, d'une technique parfaite. Dans la petite Vue des Tuileries (1888, Vienne, Österr. Gal.), où l'on voit au premier plan la silhouette d'une petite fille jouant au cerceau, se révèle déjà, au-delà des recherches d'atmosphère, le dynamisme d'une manière sans cesse plus forte. Dans Znaim en hiver (id.), la nature commande la composition ; la pente vers le fleuve, l'échelonnement des maisons, la disposition des rues dans des perspectives différentes donnent la sensation du mouvement. Cette innovation artistique est encore plus évidente dans sa Vue de Prague (1890, id.), où apparaissent, dans le lointain, le tracé anguleux des bordures de parcs et des rues, les façades irrégulières des maisons, avec un effet de perspective inversée qui produit une tension annonçant l'Expressionnisme. Dans presque toutes ses œuvres, Hörmann se révèle un coloriste subtil. Peu apprécié par les jurys, il exposa rarement, et son œuvre fut découverte après sa mort à l'exposition de 1899 de la Sécession viennoise.

Horn (Rebecca)

Artiste allemande (Michelstadt 1944).

Rebecca Horn conjugue une multitude de pratiques aussi diverses que la performance (Documenta 5 de Kassel en 1972, Kunstverein de Cologne en 1977), la réalisation de films, le dessin, l'écriture et la construction de machines. Ces dernières, qui sont dans un premier temps des objets, évoluent ensuite vers des installations supposant une organisation globale de l'espace de la galerie ou du musée. Plumes et javelots tournoyants, projections de peinture, marteaux frappeurs, bacs à bulles de mercure instaurent un dialogue entre le mécanique et l'organique. Cet échange concrétisé par des alternances tensions/décharges évoque Duchamp, à qui l'artiste rend hommage par des titres explicites : la Machine de la mariée bleu de Prusse, 1988. Les machineries de Rebecca Horn, produisant et enregistrant le mouvement, résultent de réglages temporels minutieux et d'une sensibilité sismographique mystérieuse (Bain noir avec pendule, 1982). Désignant l'acte créateur, le travail de Rebecca Horn manifeste une synthèse originale d'art primitif (plumages, tas de pigments, drippings et jets mécaniques de peinture), d'arts conceptuel et minimal (métal poli, surfaces liquides) et de dadaïsme (machines improductives ou célibataires). En 1986, l'A. R. C., musée d'Art moderne de la Ville de Paris, présenta l'exposition " Nuit et jour sur le dos d'un serpent à deux têtes ", consacrée à Rebecca Horn. Une importante rétrospective a été consacrée à l'artiste (New York, Eindhoven, Berlin, Vienne, Londres et Grenoble) en 1994-1995.