Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Ryder (Albert Pinkham)

Peintre américain (New Bedford, Massachusetts, 1847  – Elmhurst, Long Island, 1917).

Cet artiste solitaire fut peu connu de son vivant. Né dans une famille de marins, il s'installa à New York en 1867. Après avoir reçu une formation de graveur, il se mit à peindre puis étudia à l'Académie nationale de New York (1871). Plus attiré par l'imaginaire que par la réalité, il emprunte ses sujets à des sources littéraires diverses, Chaucer, Shakespeare, les romantiques, E. Poe (Siegfried et les filles du Rhin, Washington, N. G. ; Jonas, Washington, Smithsonian Institution), autant qu'à la Bible et à la mythologie classique, mais l'illustration du texte est très libre et c'est le thème général qui retient son attention plus que l'anecdote. Il fut, en 1877, l'un des fondateurs de la Society of American Artists, qui se voulait plus libre que la N. A. D.

   Généralement de petites dimensions, les tableaux de Ryder sont couverts de couleurs épaisses et sombres. Par la superposition des pâtes travaillées au couteau et par les glacis, l'artiste cherche à suggérer la matière des objets (l'Oiseau mort, Washington, Phillips Coll.), inaugurant ainsi une nouvelle manière de traduire le réel. Ses paysages, souvent chargés de significations allégoriques, révèlent un tempérament romantique. Mais le goût de la simplification et des empâtements expressifs fait de lui l'un des précurseurs de l'art moderne. Ryder se rendit plusieurs fois en Europe (1877, 1882, 1887, 1896), mais semble n'avoir guère été influencé par la peinture de ses contemporains, pas plus que par l'art du passé. Cependant, son art, tourné vers le monde intérieur, offre de nombreuses analogies avec celui de Redon et de Gauguin. Il occupe, quoi qu'il en soit, une place à part, originale dans la peinture américaine du XIXe s.

Ryman (Robert)

Peintre américain (Nashville, Tennessee, 1930).

Il travailla avec Albers à Black Mountain College et produisit d'abord, dans les années 50, des peintures et des collages dérivés du Cubisme. Il ne conserva de l'Expressionnisme abstrait que la recherche, plus exigeante, de la matérialité de la peinture et le sens du travail gestuel, et ses sources se trouvent plutôt dans les peintures blanches de Malévitch. Ryman choisit le format carré comme forme neutre et le blanc comme teinte fondamentale, mais à laquelle la lumière, l'éclairage attachent maintes nuances. En 1959, il exécute de petites peintures sur papier-calque, puis au vinyle, admettant un effet de transparence renvoyant au support mural. Les relations constantes avec l'espace avoisinant la peinture caractérisent l'art de Ryman, qui donne également une grande importance à la matière du support (lin, coton, papier, fibre de verre, bois, métal) et au médium (huile, gouache, caséine, émail). La série de peintures intitulée Standard (1966-67) est ainsi exécutée sur acier laminé très finement ; en 1969, Ryman exploite le papier gaufré ; en 1971-72, les Surface-Veil sont les plus vastes toiles carrées utilisées par l'artiste : la limite du geste de peindre détermine ainsi la limite de la peinture. Afin de bien mettre en évidence la façon dont ses peintures dépendent matériellement du mur sur lequel elles sont accrochées, il décide, à partir de 1976, de laisser très apparentes les attaches métalliques qui les y maintiennent, les faisant fabriquer à l'occasion spécialement et les mentionnant toujours dans la description technique de l'œuvre (Midland I, 1976, Paris M. N. A. M ; Resource, 1984). En 1983-84, il réalise quelques peintures à l'huile sur fibre de verre, qu'il dispose soit perpendiculairement au mur en les faisant reposer par une de leurs extrémités sur deux tiges métalliques, soit parallèlement au mur mais en avancée (Factor, 1983 ; Pace, 1984). Des rétrospectives de son œuvre ont eu lieu au Guggenheim Museum de New York en 1972, au Stedelijk Museum d'Amsterdam en 1974, au M. N. A. M. de Paris en 1981. Une importante exposition lui a été consacrée (Paris, Renn, espace d'art contemporain) en 1991-92 et une nouvelle rétrospective itinérante a eu lieu dans diverses villes américaines (New York, M. O. M. A.) et à Londres (Tate Gallery) en 1993-94.

Rysbrack (Pieter)

Peintre flamand .

Maître à Anvers en 1673, Pieter Rysbrack se rendit à Londres en 1675, puis à Paris ; rentré à Anvers en 1687, il s'installa à Bruxelles vers 1720. Marqué par son séjour parisien, il donna des Paysages dans le goût de Dughet et de Francisque Millet (exemples aux musées d'Anvers, de Darmstadt, et à Hambourg, Kunsthalle).

 
Il fut le maître de Breydel et de ses fils, John Michael (Anvers 1693-Londres 1770) , qui fut un sculpteur et connut la gloire en Angleterre, et Geerard (Anvers 1696-id. 1773) . Maître à Anvers en 1726, ce dernier séjourna à Paris entre 1747 et 1754 ; peintre d'animaux, il se caractérise par une observation minutieuse, mais trop appliquée de la nature : Oiseaux et poissons, Gibier dans un paysage (1751, Louvre), Chasse au loup, Chasse au cerf (musée de Senlis).