Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Saytour (Patrick)

Artiste français (Nice 1935).

Après des études à l'école des Arts décoratifs de Nice, puis à l'école Camondo à Paris, Saytour utilise le pliage comme moyen de limiter les surfaces à peindre, par l'accentuation des plis et des bosses. En 1967, il prend comme matériaux des tissus imprimés " surchargés par de légères retouches qui paraissent souvent absorbées, fondues dans le graphisme " (Sans titre, 1967, Saint-Étienne, M. A. M.). Cet intérêt porté à la matérialité de la toile, que Saytour partage avec les membres du groupe Support-Surface, avec qui il expose à partir de 1969 (École spéciale d'architecture, Paris, 1969 ; musée du Havre, 1970 ; A.R.C., Paris, 1970 ; Théâtre de Nice, 1971), est visible dans de nombreuses œuvres fragmentant le support (Sangle, 1969 ; Rouleau, sangle, 1970). Une problématique similaire apparaît à partir de 1974. En 1976, les Tuilages, exposition d'une toile, permettent de révéler les traces d'un travail de solarisation, dans de grandes pièces, comme ce tondo traversé par une planche de bois (Tuilage, Paris, M. N. A. M.). Cet intérêt sur les matériaux communs se retrouve dans la série d'œuvres créées à partir de papiers peints et de tapis d'Orient, pris dans des motifs de ferronneries (Musée savoisien, Chambéry, 1981-82). L'usage que Saytour fait, par la suite, d'objets en trois dimensions s'inscrit dans la même interrogation sur les matériaux : en 1986, il présente une série de pièces composées de sièges pris dans des gangues de béton ou posés sur des croissants de pierre ou de métal (musée Ingres, Montauban, 1986). Il a réalisé à Hirson, en Picardie, une fontaine au centre– ville (1990). En 1980, le musée de Saint-Étienne a présenté une exposition d'ensemble de son œuvre. Celle-ci est représentée dans plusieurs musées (Marseille, musée Cantini ; Paris, M. N. A. M. ; Toulon). Patrick Saytour est professeur à l'école des beaux-arts de Nîmes.

Scacco (Cristoforo)

Peintre italien (Vérone  – connu à Naples, en Campanie et dans le Latium de 1493 à 1500).

Il se forma probablement entre 1485 et 1490, dans l'ambiance d'une culture vénéto-lombarde. Sur les bases stylistiques des constructions géométriques de Bramante, il développa des suggestions de Mantegna et du jeune Bramantino. Les caractères de cette formation sont évidents dans les premières œuvres qui nous sont parvenues (Madone, Londres, coll. part. ; Saint Jean-Baptiste, Avignon, Petit Palais). Sur cet éclectisme se greffe l'enseignement plastique qu'offre alors Melozzo dans sa période romaine. Il s'y ajoute encore l'influence d'Antoniazzo dans sa dernière phase d'activité, qui accuse son style le moins vigoureux.

   La production connue de Scacco va de 1493 (date du polyptyque de Pente, auj. à Naples, Capodimonte) à 1500 (date du polyptyque du musée de Capoue). Elle comprend les triptyques au dôme de Fondi et à l'église S. Giovanni Battista à Monte S. Biagio, une Annonciation à l'église de l'Annunziata de Nola, un triptyque provenant de Piedimonte d'Aliffe dans la coll. Cini de Venise, deux triptyques à Naples (Capodimonte) et un Saint Michel à l'église S. Pietro in Vincoli de Salerne. Cette œuvre, en dépit de sa réalisation dans une atmosphère étroitement provinciale — Fondi, Monte S. Biagio, Nola —, est d'un grand intérêt pour la connaissance du courant qui, de la fin du XVe s. au début du XVIe, s'étendit aux Flandres, à la France et à l'Espagne avec un retentissement particulièrement significatif dans toute la péninsule Ibérique.

scapigliatura

Mouvement littéraire italien, qui eut son centre à Milan dans les années 1860-1870. Remis à la mode par le roman de Cletto Arrighi, La Scapigliatura e il 6 febbraio (1861), le terme de scapigliatura (" bohème ") désigne à la fois une volonté de rupture avec les mythes de la bourgeoisie libérale et la naissance d'une nouvelle sensibilité décadente. Le mouvement doit aussi son originalité à ses liens avec les avant-gardes picturales et musicales de l'époque. Dans le domaine pictural, Tranquillo Cremona en est le principal représentant ; il use d'une palette fondée sur la vibration de la lumière et de la couleur. Citons aussi Daniele Ranzoni, dont l'œuvre est d'une grande délicatesse bannissant la virtuosité. Medardo Rosso est, dans le domaine de la sculpture, l'interprète original de ce courant.

Scarsellino (Ippolito Scarsella, dit)

Peintre italien (Ferrare v. 1550  – id. 1620).

C'est au moment où la peinture ferraraise s'acheminait vers une période de déclin, accablée d'abord par les restrictions de la Contre-Réforme, ensuite par la décadence politique de la ville, que Scarsellino entreprit de se faire l'héritier et le porte-parole d'un passé glorieux. Formé sur le modèle de Parmesan, mais anti-intellectualiste par tempérament, il préféra s'éloigner du Maniérisme élégant et réfléchi de ce dernier pour renouer avec le monde féerique et sentimental de Dosso Dossi, qu'il considéra sans doute comme son maître idéal. Amené ainsi à remonter aux sources qui avaient alimenté l'art de son compatriote, il s'en fut à Venise, v. 1570-1574, où il trouva auprès des œuvres tardives de Véronèse des suggestions du même ordre que celles que Dosso avait trouvées auprès de Giorgione et du jeune Titien. On date de cette période la Vierge et l'Enfant de la G. N. de Parme, l'œuvre la plus représentative des recherches de l'artiste. Par la suite, en abordant des thèmes mythologiques (Diane et Endimyon et Vénus au bain, av. 1590, Rome, Gal. Borghèse), il parvint à ressusciter, sur des fonds de paysages vénitiens, le climat magique de Dosso. Sur cette voie, et en dépit des sollicitations de la Contre-Réforme, auxquelles il ne resta pas insensible (Jardin des Oliviers et Déposition, Rome, G. N., Gal. Barberini), il devint novateur lorsqu'il décora l'abside de l'église S. Paolo à Ferrare (entre 1590 et 1600) presque uniquement avec des paysages, des arbres et des montagnes se détachant sur un ciel immense. La suite de son activité est marquée par l'influence des Carrache, d'abord (Saint Michel avec saint Jacques, église paroissiale de Cento), par celle du Baroque naissant enfin, dans sa dernière œuvre connue, datée de 1615 (la Sainte Famille avec sainte Barbe et saint Charles Borromée de la Gg de Dresde).