Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Corpora (Antonio)

Peintre italien (Tunis 1909-Rome 2004).

Après avoir vécu à Tunis, puis à Paris, il s'établit en Italie et travaille à Rome à partir de 1932. Ses premières œuvres, des natures mortes, des marines, des fleurs, se ressentent de son séjour parisien par leur recherche d'une abstraction formelle très proche de celle de Braque, tout en restant sensibles au coloris de Bonnard et de Matisse. À partir de 1945, son parcours artistique reflète les différentes recherches de la peinture italienne de l'après-guerre : il fait partit du groupe néo-cubiste de Rome, puis du Fronte nuovo delle arti, avec lequel il expose à la XXVIe Biennale de Venise. En 1948, il s'oriente nettement vers l'art abstrait en participant au Gruppo degli Otto en compagnie d'Afro, Birolli, Moreni, Santomaso, Turcato et Vedova, pour parvenir enfin à une peinture proche de l'école de Paris et particulièrement de Manessier et de Singier. La couleur est le facteur essentiel d'une interprétation non figurative, expression d'une sensibilité personnelle, instinctive et lyrique (Temps sur les rochers antiques, 1959. En évoluant, sa couleur devient plus pure et s'articule en de larges surfaces planes horizontales et verticales avec une recherche plus évidente d'organisation rationnelle (Mémoire d'un matin, 1966. Après 1970, ses peintures évoluent sensiblement grâce à l'utilisation de grandes plages colorées, structurées par un réseau de quelques lignes foncées (le Matin de tous les jours, 1972. Les œuvres de Corpora sont conservées dans de nombreux musées d'art moderne, notamment à Rome, à Trieste, à Paris (M. N. A. M.), à São Paulo, à New York (M. O. M. A.), à Pittsburgh, à Hambourg (Kunsthalle) et à Stockholm.

corporation

Association d'artisans exerçant une même activité professionnelle ou artistique.

   Les corporations sont probablement apparues en Occident dès le XIIe s., mais elles ne prirent vraiment d'importance qu'à partir des XIIIe-XIVe s., époque où elles furent plusieurs fois réorganisées (Livre des métiers, d'Étienne Boileau). L'objectif de la corporation était de préserver la profession contre l'empiétement des autres métiers, en codifiant les conditions de travail (matériaux employés, division du travail, moment d'exécution, prix) et en veillant à la formation professionnelle.

   Les corporations de peintres sont nées au XIIIe s. au moment où, en raison de la laïcisation de la peinture de manuscrits, les ateliers corporatifs remplacèrent les scriptoria monastiques. Outre l'organisation propre des ateliers produisant des manuscrits (à l'intérieur desquels le travail était réparti entre les " hystorieurs ", les " vignetteurs ", ou peintres de bordure, et les peintres de " champaignes "), on distinguait les peintres " de plate peinture ", les peintres " selliers ", les peintres " imagiers ". Le métier de peintre fut longtemps regroupé en une corporation commune avec celui des sculpteurs, des verriers, de tous les artisans qui produisaient des ouvrages décoratifs. À l'intérieur même de la corporation, les privilèges différaient aussi : l'enlumineur flamand ne pouvait pratiquer que l'enluminure, tandis que les peintres réalisaient toutes sortes de travaux, étaient organisateurs de fêtes, ensembliers, conseillers artistiques. Les membres des corporations jouissaient d'une plus grande liberté que ceux des gildes ; ils n'étaient pas tenus à résidence fixe et pouvaient se déplacer pour trouver du travail ; par contre, ils étaient astreints à une formation professionnelle qui les menait, en passant par le compagnonnage, de l'apprentissage à la maîtrise ; cette dernière s'acquérait après la réalisation d'un " chef-d'œuvre ". Seuls les peintres " de cour " pouvaient être dispensés de l'apprentissage ou des obligations du " maître " ; le titre de " varlet " donnait une grande liberté pour exercer le métier de peintre. Outre la défense de la profession, la corporation devait veiller à garantir la qualité du travail. Les événements politiques et sociaux des XVe et XVIe s. modifièrent quelque peu la structure des corporations ; le nombre de maîtres fut de plus en plus réduit, tandis que celui des compagnons augmentait. Les maîtres devinrent des privilégiés, pourvus d'avantages politiques et sociaux. De plus en plus, à partir de la fin du XVe s., ces maîtres se regroupent dans des gildes, surtout en Flandre ; ces dernières prennent peu à peu le pas sur les corporations, qui disparaissent au XVIIIe s.

corporation (portrait de)

Portrait de groupe pratiqué en Hollande, et notamment à Amsterdam, dès le XVIe s.

   La catégorie la plus ancienne de ces portraits collectifs est le portrait des gardes civiques, effectué à l'occasion d'un banquet ou d'une sortie et destiné à orner les locaux de la corporation. Plus tard, les autres organismes corporatifs se firent représenter (syndics, régents, gilde des chirurgiens). Parmi les plus célèbres, citons le Banquet des officiers de Saint-Georges (1627, Haarlem, musée Frans Hals) et les Régentes de l'hospice des vieillards (1664, id.) par Frans Hals ; la Ronde de nuit (1642, Rijksmuseum) par Rembrandt.

Correa de Vivar (Juan)

Peintre espagnol (Mascaraque, prov. de Tolède, v. 1510  – Tolède 1566).

Correa semble avoir joué un rôle important, dans le milieu artistique tolédan, mais, n'ayant pu obtenir la charge de peintre de la cathédrale de Tolède, donnée à Comontes en 1547, il travaille pour divers couvents et églises de la ville impériale et des provinces d'Ávila et de Guadalajara. Ses premières œuvres (retables pour les Clarisses de Griñon, 1530, et les églises de Meco, prov. de Madrid, et de Mora) témoignent d'une très nette influence de Juan de Borgoña, avec lequel il dut faire son apprentissage. À partir de 1540, on observe de clairs emprunts aux grands maîtres de la Renaissance, connus par l'intermédiaire de gravures mais aussi au contact des artistes espagnols ayant séjourné en Italie tels que Juanes et A. Berruguete. La Vierge de l'Annonciation (musée d'Oviedo) est proche de Ýañez. La pratique de modèles raphaélesques est sensible dans la Mort de la Vierge (Prado) et dans les panneaux de S. Martin de Valdeiglesias (vies de saint Bruno et de saint Bernard) recueillis par le Prado et déposés dans plusieurs musées de province. Le retable d'Almonacid de Zorita (1554), consacré à la vie de la Vierge, a été retrouvé au couvent des oblats d'Oropesa (prov. de Tolède). L'une de ses dernières œuvres (1559) est le triptyque de l'Annonciation (panneau central au Prado) provenant du cloître du monastère de Guisando. Correa apparaît comme un romaniste habile, sensible au paysage mais dépourvu de vigueur.