Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
H

Hoecke (Jan Van den)

Peintre flamand (Anvers 1611  – id.  1651).

Fils du peintre Kaspar Van den Hoecke, il fut surtout très influencé par Van Dyck ainsi que par Rubens, dont il fut l'élève et le collaborateur (décorations pour l'entrée du cardinal Infant en 1635). Il fit le voyage d'Italie, passant par Rome et Venise, ces deux pôles de la peinture, puis fut nommé à Vienne peintre de la cour de l'archiduc Léopold Guillaume, pour qui il exécuta des copies d'après Véronèse, Titien, des cartons de tapisseries et de nombreux tableaux, que conserve le K. M. de Vienne. Parmi ces derniers, citons les Douze Mois de l'année, deux Portraits de l'archiduc, l'Allégorie du Jour et de la Nuit, l'Amour triomphant des Arts et des figures mythologiques. Les collections du musée des Beaux-Arts de Bordeaux comportent un très beau tableau de lui, la Déploration du Christ, réplique d'une œuvre originellement conçue pour l'église Saint-Jean de Malines.

   En 1647, Hoecke rentra à Anvers, où sont conservés certains de ses tableaux religieux (églises Saint-Jacques et Saint-Willibrord) ainsi qu'un Saint François d'Assise en adoration devant l'Enfant Jésus (musée d'Anvers).

 
Son demi-frère Robert (Anvers 1632 – Bergues 1668) fut peintre de genre et exerça aussi des fonctions militaires. Aussi, en 1661, il est " contrôleur des fortifications pour le service de Sa Majesté ". Franc maître en 1644, il quitta Anvers après 1647 pour Bruxelles, puis, après 1650, s'installa à Bergues. Auteur de près de 50 œuvres recensées, il exécuta des scènes militaires ainsi que des scènes d'hiver, tableaux de petit format souvent peints sur cuivre et caractérisés par un fourmillement de figures au coloris vif, dans une gamme généralement très claire et délicate. Les touches sont si fines qu'il faut presque observer à la loupe les détails de son Campement (musée de Dunkerque) ou de l'Assaut de la forteresse (Ermitage). À Bergues, où l'artiste vécut, l'église Saint-Victor conserve 14 de ses paysages avec motifs de scènes religieuses, traités dans le même esprit anecdotique et la même virtuosité que le Paysage d'hiver (musée de Strasbourg) ou le Campement (musées de Berlin).

Hoefnagel (Georg) , dit aussi Joris Hoefnagel

Peintre et graveur flamand (Anvers 1542  – Vienne 1600).

Étant, comme son père, marchand de pierreries, il commença à peindre à l'aquarelle pendant ses voyages d'affaires en Espagne (1563-1567) et en France (1561). Après le sac d'Anvers par les soldats espagnols en 1576, il partit avec son ami le géographe Ortelius à la découverte des pays étrangers et visita l'Italie, l'Angleterre, l'Allemagne, où il rencontra Hans Fugger qui le recommanda au duc Albert V de Bavière, et l'Autriche. Il collabora, pour le compte de l'éditeur Georges Bruin, à plusieurs volumes du Civitates orbis terrarum. De 1582 à 1590, il a enluminé pour Ferdinand, archiduc du Tyrol, le Missel romain conservé à la B. N. de Vienne, dont il orna les 650 pages de fleurs, de fruits et d'insectes, de sorte que l'ouvrage semble plutôt un recueil scientifique. C'est en 1590 qu'il entra au service de l'empereur Rodolphe II. Entre 1591 et 1594, il décora un volume calligraphique de Georg Bocskay destiné à ce prince (Vienne, K. M.). L'Album d'insectes de la Bibl. royale de Bruxelles fut aussi exécuté à Prague pour l'empereur Rodolphe II à la fin du XVIe s. Sur chacune des 100 pages du recueil, Hoefnagel a représenté, sur fond blanc à l'aquarelle, 5 insectes différents disposés avec une rigoureuse symétrie. Son métier est celui d'un miniaturiste qui rend avec infiniment de précision les moindres détails, fruit de son observation, et qui soigne avec raffinement les bordures de ses motifs, décorées d'allégories de grostesques et de fantasmagories. Sa composition est touffue, mais un rythme élégant l'anime et fait voisiner avec bonheur le naturalisme et l'abstraction décorative. Deux miniatures qui forment un diptyque (musée de Lille) portent un monogramme et la date de 1591 (Allégories sur la brièveté de la vie). Hoefnagel prolonge dans son œuvre la tradition des miniaturistes flamands mais il la renouvelle par le réalisme de son observation animalière et certaines mises en page décoratives ornées de motifs Renaissance, ainsi que par son sens du paysage topographique.

Hoerle (Heinrich)

Peintre allemand (Cologne  1895  – id.  1936).

Heinrich Hoerle est, avec Franz-Wilhelm Seiwert, le principal animateur du groupe des artistes progressistes de Cologne. Ses débuts sont expressionnistes. Il participe ensuite à l'activité du Dadaïsme dans la ville de Cologne aux côtés de Theodor Baargeld et collabore à la revue Der Ventilator. Dès 1919, il rencontre Franz-Wilhelm Seiwert. Il participe ensuite au groupe d'obédience dadaïste Stupid, comme le montre le portefeuille de gravures qu'il publie en 1920 sur le thème des invalides de guerre. C'est dans cette veine qu'il a l'occasion de collaborer avec la revue Die Aktion de Franz Pfemfert, dans laquelle il publie des gravures sur bois. À partir de 1922, il est fortement marqué par l'art de Giorgio De Chirico et la peinture métaphysique. Ses tableaux, tel Masques (1924, Cologne, Museum Ludwig), montrent l'influence de cet artiste, ainsi que celle de Juan Gris et du purisme. Par la suite, Heinrich Hoerle s'intéresse à des compositions représentant des personnages hiératiques, toujours présentés de face ou de profil et qui peuvent évoquer l'art byzantin : ses thèmes sont à connotation politique et revendicatrice, comme le tableau Arbeiter (1931) ou encore la peinture Drei Invaliden, intitulée également Maschinenmänner (" Hommes-machines ") [1930, coll. part., Cologne], qui montre, dans un style influencé à la fois par Giorgio De Chirico et Fernand Léger, des invalides de guerre réduits à l'état de machine, qui rappelle à la fois l'art de George Grosz et celui d'Otto Dix.

   À partir de 1929, Heinrich Hoerle collabore à la revue a bis z, que dirige Franz-Wilhelm Seiwert et dont il compose notamment le n° 1. Heinrich Hoerle conjugue la peinture métaphysique et les formes du purisme au profit d'un engagement politico-social très appuyé.