Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
B

Bickerton (Ashley)

Artiste américain (La Barbade 1959).

Les œuvres de Ashley Bickerton apparaissent sur la scène new-yorkaise en 1984 ; elles sont alors constituées de fines planches d'aggloméré recouvertes de mots et de non– mots tels cow-boy, bob, reg-bot. Réduisant le langage pictural à sa plus simple expression, ces œuvres sont un prélude aux constructions en forme de boîtes dont les lourdes structures métalliques et les surfaces colorées font penser à Donald Judd. Des travaux tels Gug, Guh, Ugh et Ugohk, de 1985-1986, utilisent des onomatopées pour base d'exercices volumétriques que Bickerton définit comme des symphonies pour toilettes publiques. S'élevant contre le mythe de l'inspiration artistique opposée au mercantilisme de la production de masse, Bickerton invente un nom de fabricant, Susie, destiné à remplacer sa signature et qui prendra rapidement valeur de marque déposée. En 1988, son travail s'oriente vers une redéfinition de la peinture à partir d'un objet minimal et austère saturé de logos, de poignées de cuir et autres gadgets. Le Tormented Self-portrait (Susie at Arles) de 1989 en est l'illustration parfaite avec sa surface lisse regroupant artistiquement des autocollants d'entreprises et stipulant : " Choisissez vous-même vos produits et faites votre propre portrait. "

   Adaptés à la circulation croissante des œuvres sur le marché, les objets de Bickerton, qualifiés d'" art-marchandise ", sont, d'après l'artiste, " ce que l'on fait de mieux en matière d'expériences intellectuelles et sensuelles ". En 1990, le M. N. A. M. de Paris a présenté le travail de Bickerton dans le cadre de l'exposition " Art et Publicité ".

Bidauld (Jean-Joseph-Xavier)

Peintre français (Carpentras 1758  – Montmorency 1846).

Il est, avec Pierre-Henri de Valenciennes, J.V. Bertin et Boguet père, l'un des principaux représentants du paysage néoclassique en France. Formé par son frère Jean-Pierre-Xavier, peintre à Lyon, il découvre la peinture hollandaise et la haute montagne au cours d'un voyage à Genève ; il s'exerce en Provence avant de venir à Paris (1783), où il copie les paysagistes des Pays-Bas (Berchem, Potter, Hué) pour le marchand de tableaux Dulac et reçoit les conseils de Joseph Vernet. C'est en Italie (de 1785 à 1790) qu'il trouve son style, élaborant des paysages composés d'après ses études sur le motif : Paysage romain (1788, musée de Bâle), Vue d'Avezzano (1789, Louvre).

   Après son retour, il expose régulièrement au Salon et exécute des commandes officielles : quatre toiles pour la Casita del Labrador au palais d'Aranjuez pour Charles IV d'Espagne (toujours en place) ; en 1807, quatre toiles pour le salon Murat du palais de l'Élysée (une exposée encore) ; en 1818, deux toiles pour le château de Maisons (Louvre) ; deux compositions en 1817 et 1822 pour la galerie de Diane de Fontainebleau (le Chevalier Bayard, paysage historique, musée de Valence ; Vue de la plaine d'Ivry, Toulouse, palais Maréchal Niel). Par les petits personnages qui les animent, nombre de ses verdures, de facture précise et de couleurs fraîches, offrent un prétexte historique ou mythologique : Vue de l'Isola di Sora (1817, Fontainebleau), Grotta Ferrata (1844, musée de Carpentras). Il est en 1823 le premier paysagiste à entrer à l'Institut. Défenseur du paysage historique, il s'oppose à la nouvelle école naturaliste et est à l'origine du refus au Salon de 1836 des œuvres de Huet et de Rousseau.

Biederman (Charles)

Peintre américain (Cleveland 1906-Red Wing, Minnesota, 2004).

Charles Biederman est l'artiste majeur de l'art américain dans le domaine du relief. Il a effectué ses études à l'école de l'Art Institute of Chicago de 1926 à 1929. Il s'est ensuite rendu à New York en 1934, où il a rencontré les principaux animateurs de l'avant-garde artistique de l'époque, Albert E. Gallatin, George L. K. Morris tout comme Alfred H. Barr.

   À cette époque, il découvre la peinture de Cézanne, de Braque et de Picasso ainsi que le Surréalisme. Il a sa première exposition en 1936 à la galerie Pierre Matisse de New York. Il réalise au début de cette même année ses premiers tableaux abstraits, qui témoignent toutefois de l'influence de Fernand Léger. Il se rend à Paris en 1936-37, où il fait la connaissance de la plupart des artistes parisiens de l'époque et en particulier de César Domela.

   De retour aux États-Unis, il se consacre à la réalisation de reliefs qui marquent à la fois son évolution et l'originalité de sa recherche. Ses reliefs, qui sont constitués de plans disposés dans l'espace et de formes colorées, sont agencés selon des principes fondés sur l'horizontale et la verticale à la suite de Mondrian. Charles Biederman utilise des matériaux très variés, en particulier le bois, le métal, le Plexiglas, qu'il peint de façon strictement anonyme. Ses compositions témoignent souvent de l'influence de César Domela, bien que ses œuvres continuent par leur titre d'évoquer des paysages ou des localités (New York, 1940). Il s'établit à Red Wing, dans le Minnesota, en 1942, et s'arrête pour un temps de peindre afin de terminer la rédaction d'un livre qu'il avait commencé en 1938 et qui paraîtra en 1946 : Art as the Evolution of Visual Knowledge (l'Art comme évolution de la connaissance visuelle). Dans ce livre, qui est conçu comme une histoire de l'art, Biederman retrace toutes les étapes de la création contemporaine pour aboutir à son époque et justifier son travail, en prédisant notamment, à la suite de Mondrian, la disparition de la peinture au profit de la synthèse des arts et, d'autre part, une intégration véritable des artistes dans la société. À la suite de cet ouvrage, ses premiers reliefs témoignent de sa nouvelle orientation : Red Wing (1950, Minneapolis Institute of Art, Minneapolis) est un relief composé de plans parallèles verticaux, disposés perpendiculairement à la surface, dont les couleurs différentes provoquent des effets de reflets. Ce style n'est pas éloigné de l'art de Jean Gorin. Ces œuvres, qu'il qualifie de " structuristes ", sont constituées de plans et de surfaces juxtaposés ou superposés. Elles sont considérées comme des recherches en vue de leur intégration dans l'espace ou dans l'environnement. Biederman a l'occasion de publier ses théories à de nombreuses reprises, dans ses propres ouvrages ou dans des articles, en particulier dans la revue Structure, publiée aux Pays-Bas par Joost Baljeu à partir de 1958. Il expose dans de nombreuses manifestations internationales telles que Experiment in Constructie, qui a lieu en 1962 au Stedelijk Museum d'Amsterdam, et il a sa première exposition rétrospective en 1965 au Walker Art Center de Minneapolis, qui sera suivie, à Minneapolis toujours, à l'Institute of Arts, d'une rétrospective en 1976-77. Charles Biederman a eu une influence considérable sur une partie de l'art américain par l'intermédiaire de ses reliefs structuristes, ainsi qu'au Canada et en Europe. Des artistes comme Elie Bornstein, David Barr ou encore Joost Baljeu ont été à un moment ou à un autre influencés directement par lui.