Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Deux (Fred)

Dessinateur et graveur français (Paris 1924).

Né dans un milieu ouvrier, il se passionne, jeune, pour le dessin, et suit les cours des Arts et Métiers en 1941, tout en travaillant en usine. Libraire à Marseille en 1947, il lit beaucoup, notamment Cendrars, qui le frappe énormément, et les surréalistes. La découverte de Klee lui révèle sa vocation. Il rejoint bientôt le Surréalisme à Paris et fait sa première exposition en 1953 (librairie le Fanal). Il participe un temps aux manifestations surréalistes, mais quitte le mouvement en 1954. Replié dans l'Ain, il écrit, sous le nom de Jean Douassot, la Gana, qui connaît un vif succès, et mène parallèlement, depuis, une carrière d'écrivain et de dessinateur. Il expose ses dessins en 1959 à la gal. du Dragon, en 1962 à la gal. Daniel Cordier, en 1967 à la gal. Petit, en 1970 chez Alphonse Chave à Vence, en 1971 au Lutrin à Lyon et ses gravures en 1973 à la Cité universitaire, à Paris, et, depuis 1980, à la gal. Jeanne Bucher. S'il a été profondément marqué par Klee, Fred Deux s'est rapidement dégagé de lui, créant son propre univers. Aux scènes figuratives, qui précèdent les années 60, succèdent des recherches graphiques plus fluides, recueillant dans une trame très fine des frissons, des effets d'ombre, des croissances moléculaires que l'on retrouve dans les œuvres ultérieures (dans les années 70) au service d'une nouvelle figuration, à la fois fantastique et démoniaque. À partir de 1982, il réalise de grands dessins (Mémoire retrouvée, Pouvoirs du double), et publie des recueils d'" histoire naturelle " (la Matrice, 1977 ; Voies de passage, 1980 ; Grand Signe ou le Palais de la mémoire, 1988). Ses œuvres (crayon et aquarelle) ont été présentées à Paris (gal. Jeanne Bucher) en 1989. Fred Deux est représenté au M. N. A. M. de Paris. Le M. B. A. de Charleroi (Belgique) lui a consacré une exposition en 1995-96.

Devade (Marc)

Peintre français (Paris 1943  – id.  1984).

Le travail de l'artiste s'est d'abord fondé, à partir de 1967, sur les oppositions chromatiques et les plans linéaires sécants entre eux, dans la continuité de l'esthétique de Mondrian, Newman et Noland. La couleur, à l'acrylique, est répartie en bandes verticales ou obliques suivant un strict agencement en termes de lignes et d'angles, sur des formats d'abord rectangulaires, puis carrés (Peinture, 1971, Paris, M. N. A. M.). Cette réflexion sur les constituants de la peinture s'accompagne d'une réflexion idéologique qui prend pour référence le matérialisme dialectique. Exposant avec Support-Surface au M. A. M. de la Ville de Paris en 1970 et à la VIIe Biennale de Paris, Devade fonde la revue Peinture, cahiers théoriques, en juin 1971, avec Bioulès, Cane et Dezeuze. À partir de 1972, évoluant vers une déréalisation plus radicale de l'objet peint, la grille linéaire structurant l'espace coloré disparaît. La couleur donne maintenant le dessin ; l'encre remplace l'acrylique afin de multiplier les valeurs à l'intérieur d'une même unité chromatique. Encres et glacis superposés, épandus sur la toile, restituent un espace sans frontière où la couleur crée elle-même sa profondeur. Les analogies avec la peinture extrême-orientale et celle de Rothko ne doivent pas cacher la différence radicale de la recherche, dénuée de toute effusion mystique. En 1975, les toiles, dans le prolongement l'une de l'autre, sont vissées par les châssis, qui organisent ainsi le dessin général à l'intérieur duquel un autre se module par la couleur. Des dessins au crayon sur papier de couleur ou quadrillé (1975) représentent l'aspect graphique du même problème. Devade a exposé à la gal. le Haut Pavé en 1970, chez Daniel Templon de 1972 à 1975 et à la gal. Gérald Piltzer en 1975 et en 1976. En 1991, il participe à la rétrospective Support-Surface du M. A. M. de Saint-Étienne. Il est représenté au M. N. A. M. de Paris.

Devambez (André)

Peintre français (Paris 1867  –id.  1944).

Il fut professeur à l'E. N. B. A. de Paris (1929), et son œuvre comprend, d'une part, des compositions religieuses et historiques de style académique et des portraits réalistes ; d'autre part, des dessins humoristiques, parus notamment dans le Rire et l'Illustration, ainsi que de nombreux tableautins de genre, peuplés d'une foule de petits personnages vus en perspective plongeante, multiples scènes inspirées par la Commune et la Première Guerre mondiale. On doit également à cet artiste indépendant et inventif, plein d'humour et parfois de cocasse poésie, des affiches (l'Aliment complet, le Conseiller municipal) et des illustrations pour la Fête à Coqueville d'Émile Zola. Il est représenté à Paris : musée d'Orsay (la Charge, 1902) ; E.N.B.A. ; musée Victor-Hugo (Jean Valjean au tribunal), dans les musées de Quimper, de Tourcoing, de Rouen, de Dijon, de Cholet, ainsi que par un important ensemble d'œuvres au musée de Beauvais. Devambez a également exécuté une suite de 12 tableaux décoratifs sur le thème de la vie et des inventions modernes pour l'ambassade de France de Vienne (1910).

devant d'autel

Panneaux ou toiles décorés de personnages ou de scènes religieuses sculptés ou peints, que l'on applique sur le devant et sur les côtés de l'autel à la fois pour le protéger et l'orner.

   À l'origine, les devants d'autel étaient en orfèvrerie (voir ANTEPENDIUM). Au Moyen Âge, la sculpture et la peinture reproduisirent en trompe-l'œil l'aspect du métal. En Espagne, le devant d'autel était désigné sous le nom de " frontal " ; en Italie, sous celui de " paliotto ".

devant de cheminée

Tableau en trompe-l'œil encastré entre les montants d'une cheminée pour en masquer le fond pendant les mois d'été.

   Apparus au Moyen Âge, les devants de cheminée furent tout d'abord constitués d'un bâti de menuiserie rempli de paille (Vierge à l'écran d'osier du Maître de Flémalle, Londres, N. G.), puis, à la Renaissance, de cuir ou de tissus. Au XVIIe s., ils étaient le plus souvent de papier ou de tapisserie, mode qui se prolongea au XVIIIe s.

   C'est sous Louis XIV qu'apparaît le devant de cheminée peint, qui représente le plus souvent une nature morte désordonnée, vue en perspective, dont le premier plan est éclairé alors que le fond reste dans la pénombre. Le XVIIIe s. français fut l'âge d'or des devants de cheminée peints ; Roland de La Porte, Boucher (en 1742 pour Choisy) et Oudry (en 1741 pour le marquis de Béringhen, en 1742 pour Watelet) en peignirent.

   Les devants de cheminée ont été souvent découpés pour former des tableaux autonomes ; cependant, on en conserve encore de Chardin (la Nappe servie, Chicago, Art Inst.) et surtout d'Oudry (le Tabouret de laque ; le Chien à la jatte de porcelaine, 1751, Glasgow Art. Gal. ; Nature morte de livres, musée de Montpellier), de Huet (La leçon de lecture, Chantilly, musée Condé). La mode de ces tableaux peints en devants de cheminée semble être passée à la fin du XVIIIe s.