Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
F

faïençage

État de détérioration d'un tableau dû à de très fines craquelures, généralement provoquées par le travail différent de l'enduit et de la pellicule picturale ou par la superposition de certaines couleurs. Ces craquelures ressemblent à celles que l'on rencontre sur certains vases de faïence.

Faistauer (Anton)

Peintre autrichien (Saint-Martin-sur-Lofer, près de Salzbourg,  1887  – Vienne  1930).

Il fréquenta l'Académie des beaux-arts de Vienne de 1906 à 1909 et fonda avec Schiele, Gütersloh, Wiegele et d'autres artistes le Neue Kunstgruppe. Sa première exposition, très remarquée, eut lieu en décembre 1909 et sa seconde — à laquelle participa Kokoschka — en 1911. En 1919, Faistauer s'installa à Salzbourg, où il fonda la nouvelle association des artistes Wassermann. Deux ans plus tard, il écrivit Neue Malerei in Österreich, ouvrage (paru en 1934) qui fournit des données essentielles sur la vie artistique autrichienne de l'époque. Il peignit en 1922-23 les fresques sur la vie de Marie de l'église paroissiale de Morzg, près de Salzbourg, et en 1926, année où il quitta cette ville pour s'installer à Vienne, celles qui décorent le foyer du Festspielhaus de Salzbourg (déposées en 1939 sous le régime nazi, elles furent remises en place en 1956). Il fut l'un des promoteurs de la réaction contre l'Académisme et contre la Sécession, devenue trop tributaire de l'art décoratif. On lui doit des natures mortes, des portraits, des paysages, et ses fresques représentent des scènes religieuses et symboliques. Intéressé par la représentation de la réalité matérielle, il s'attache à la valeur constructive de la couleur, utilisant une touche large et épaisse. Dans les années 20, sa palette devient plus légère et les formes plus solidement définies. Il est représenté à Vienne (Österr. Gal.) : Nu sur le sofa rouge (1913), Portrait d'Hugo von Hofmannsthal (1928), Paysage salzbourgeois (1929).

Falcone (Aniello)

Peintre italien (Naples 1607  – id. 1656).

Il fut le représentant le plus remarquable de la peinture de genre à Naples v. 1630. Bien que son séjour à Rome ne soit pas attesté, il fut certainement en rapport avec les peintres romains de bambochades et il occupa à Naples une position analogue à celle de P. Van Laer, développant ses dons exceptionnels de naturaliste et d'observateur attentif de la réalité dans le climat d'un caravagisme en " mineur ". De telles qualités, qui le rangent aux côtés d'artistes comme Do, Guarino, Passante, sont attestées par ses meilleures œuvres : la Maîtresse d'école (Coll. part), le Repos pendant la fuite en Égypte, 1641 ; (cathédrale de Naples), l'Aumône de sainte Lucie (Naples, Capodimonte), le Concert (Prado).

   Ses Batailles (de bons exemples au Louvre [1631], à Naples [Capodimonte] et à Stockholm [Nm]), genre dont il se fit une spécialité, font de lui le précurseur à Naples d'un Micco Spadaro et d'un Salvator Rosa, et en Espagne d'un Estebán March et d'un Juan de Toledo. Parmi ses œuvres, on peut encore citer les Gladiateurs et les Soldats romains entrant au cirque (Prado), qui, avec d'autres tableaux à sujets romains peints par des artistes italiens, décorèrent le palais du Buen Retiro à Madrid.

   Falcone peignit aussi les fresques dans les églises de S. Paolo Maggiore (1641-42) et du Gesù Nuovo (avant 1652). Il revient alors à des modèles décoratifs plus conventionnels et plus solennels, accusant des résultats nettement inférieurs à ceux de ses œuvres de chevalet.

Fantin-Latour (Henri)

Peintre français (Grenoble 1836  – Buré, Orne, 1904).

Il reçut un premier enseignement de son père, qui avait connu un renom de portraitiste à Grenoble. Venu enfant à Paris avec sa famille, il entra en 1851 dans l'atelier de Lecoq de Boisbaudran, mais c'est au Louvre qu'il découvrit ses maîtres en Titien, Véronèse, Van Dyck et Watteau. Son amitié avec Whistler l'entraîna en Angleterre, où sa notoriété s'établit rapidement et où il effectua quatre séjours entre 1859 et 1881, en y poursuivant des échanges avec les Préraphaélites, et plus précisément Rossetti.

   Son premier envoi au Salon en 1859 fut écarté (Autoportrait, musée de Grenoble). Il connut une meilleure fortune en 1861, mais, après un nouvel échec en 1863, il participa au " Salon des refusés ". À partir de 1864, il figura à chaque Salon. Fantin se révéla d'abord par ses portraits : portraits individuels (Édouard Manet, 1867, Chicago, Art Inst. ; Madame Fantin-Latour, 1877, musée de Grenoble), doubles portraits (les Deux Sœurs, 1859, musée d'Anvers ; Monsieur et madame Edwards, 1875, Washington, N. G. ; la Lecture, 1877, musée de Lyon) et portraits collectifs, qui restent les plus célèbres et qui, par leur groupement, évoquent ceux de la Hollande du XVIIe s. Ils sont aujourd'hui réunis au musée d'Orsay : l'Hommage à Delacroix (1864), l'Atelier des Batignolles (1870), Coin de table (1872), Autour du piano (1885) montrent l'image véridique d'artistes et d'écrivains.

   Mais l'art de Fantin trouva deux autres formes d'expression : la nature morte et la composition poétique. Les natures mortes témoignent, comme les portraits, d'un sentiment réaliste. Il s'attache à les rendre d'un pinceau minutieux, en serrant la forme des fleurs, des fruits et des objets placés dans une lumière claire et subtile. La Nature morte des fiançailles (1869, musée de Grenoble) est sans doute le plus émouvant de ces tableaux. À l'opposé, il créa dans ses compositions un monde irréel et féerique peuplé de nymphes vêtues de voiles, qui prolongea le souvenir de Prud'hon en y mêlant une influence préraphaélite. La majeure partie de ces œuvres fut suscitée par sa passion pour la musique. Fantin emprunta ses thèmes à Schumann, à Wagner, à Berlioz, et voulut magnifier ce dernier dans l'allégorie du musée de Grenoble, l'Anniversaire (1876). C'est également son engouement pour l'opéra qui inspira ses importantes séries de lithographies, plus spécialement vouées à Berlioz et à Wagner.

   Si Fantin fut étroitement lié avec les impressionnistes, qu'il retrouvait au café Guerbois et qu'il admirait, il se dissocia de leur mouvement par un métier traditionnel, une réserve, une recherche psychologique dans ses portraits, un dessin précis dans ses natures mortes, un goût des noirs et des gris, des harmonies sombres. Il fut aux côtés de Carrière un des derniers " intimistes ". Une exposition a été consacrée à Fantin-Latour (Paris, Ottawa, San Francisco) en 1982-83.