Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
A

Angelico (Guidolino Di Pietro, en religion Fra Giovanni da Fiesole, dit Fra) (suite)

Le séjour à Rome

L'étape suivante de l'activité d'Angelico est son séjour romain avec à ses côtés son jeune élève Benozzo Gozzoli. On sait qu'il était en juillet 1445 encore à Florence et en mai 1446 déjà à Rome. En 1447, il décorait la chapelle Majeure de Saint-Pierre (auj. détruite). De la même année nous conservons les fresques de deux travées à la voûte de la chapelle S. Brizio du dôme d'Orvieto, exécutées avec Gozzoli durant les vacances estivales. Sont également détruits une chapelle de S. Niccolò (ou du Saint-Sacrement) dans le palais du Vatican, un studiolo pour lequel Angelico recevait des paiements en 1449. Seule la chapelle Nicolina nous est conservée avec des Scènes de la vie des saints Étienne et Laurent, identifiée d'habitude avec la " capella secreta D.  N. Pape ", dont la décoration, selon les documents, était en cours d'exécution en 1448. En vue d'effets monumentaux mais sobres, le peintre dispose de grandes formes avec un résultat qui, parmi ceux qui avaient déjà été obtenus, est le plus conforme à l'esprit de la Renaissance.

Les dernières années

En juin 1450, Fra Angelico était de nouveau à Florence, prieur du couvent de San Domenico. Durant cette période, il exécute des portes pour l'armoire des ex-voto de l'église de l'Annunziata (auj. à Florence, museo di San Marco) avec l'aide d'élèves, comme pour l'exécution du Retable de Bosco ai Frati (id.), qui semble presque une œuvre de jeunesse de Benozzo Gozzoli. En 1452, Angelico refuse de décorer l'abside de la cathédrale de Prato ; en décembre 1454, il est cité dans un document de Pérouse ; le 18 février 1455, il meurt à Rome et est enseveli à S. Maria sopra Minerva.

L'influence de Fra Angelico

Fra Angelico fut le chef ou tout au moins le modèle de tout un groupe de miniaturistes et de peintres florentins, parmi lesquels on distingue Battista di Biagio Sanguigni, Zanobi Strozzi (le Maître de la Madone de Buckingham Palace ?), Domenico di Michelino, Andrea di Giusto et surtout Benozzo Gozzoli. Mais on peut aussi juger l'importance de Fra Angelico par l'influence qu'il eut sur des artistes qui ne furent pas directement en relation avec lui, comme Pesellino et Filippo Lippi, et par la portée qu'ont pu avoir des œuvres comme le Couronnement du Louvre pour Domenico Veneziano et Piero della Francesca, et, en conséquence, sur les développements ultérieurs de la peinture italienne.

Anglada Camarasa (Hermenegildo)

Peintre espagnol (Barcelone 1872  – Pollensa 1959).

Il étudia à l'école des Beaux-Arts de Barcelone avec le peintre Modest Urgell comme professeur et, en 1898, séjourna à Paris. Il peignit surtout la vie populaire espagnole et les scènes de la vie parisienne.

   Anglada Camarasa pratiqua également le paysage et le portrait. Son style moderniste, aux arabesques mouvantes, et une pâte hardiment colorée lui valurent une renommée internationale. Il a voyagé en Europe et aux États-Unis, ses œuvres ont été exposées à New York, Philadelphie et Pittsburg.

   Présent en 1915 au Palais des expositions de Madrid, il a obtenu de nombreux prix (Venise en 1907 et 1911, prix March à Madrid en 1957). Il est représenté au M. A. C. de Barcelone et au M. A. M. de Madrid.

Angrand (Charles)

Peintre français (Criquetot-sur-Ouville, Seine-Maritime, 1854  – Rouen 1926).

Après quelques essais académiques à l'école des beaux-arts de Rouen, Angrand s'installe à Paris en 1882, où il rencontre Seurat, Signac et Van Gogh et participe en 1884 à la fondation du Salon des indépendants. Influencé par Pissarro (Basse-Cour, 1884, Copenhague, N. C. G.) et par Signac (Talus de chemin de fer, 1886, Paris, musée d'Orsay), il utilise avec finesse le pointillisme de Seurat tour à tour d'une manière rigoureuse et contrastée ou au contraire harmonieuse et nuancée (la Seine à l'aube, 1889, Genève, Petit Palais). Il se fait remarquer au Salon en 1887 ainsi qu'à l'exposition des néo-impressionnistes et au Salon d'art Keller et Reiner en 1901. Retiré en Normandie à partir de 1896, il se détache du mouvement néo-impressionniste. Devenu solitaire, il se consacre surtout au dessin (délicates Maternités au crayon Conté de 1899, scènes de travaux rustiques), peint v. 1908 en larges touches vives comme Lucie Cousturier (Sur le seuil, coll. part.), puis réalise de très subtils paysages au pastel (la Maison blanche, Louvre).

Anguissola (Sofonisba)

Peintre italien (Crémone 1531/32  – Palerme 1625).

De famille patricienne, elle fut célèbre comme portraitiste dans les régions soumises à l'autorité espagnole. Elle vécut à Madrid de 1559 à 1580 env. Son style, qui présente des affinités avec celui des portraitistes de la cour d'Espagne, est également coloré d'un accent naturaliste qui rappelle les peintres " de genre " de Crémone, les Campi. (Elle fut l'élève de Bernardino v. 1545.) Elle est l'auteur de nombreux autoportraits et de portraits de famille (1555, musée de Poznań). Ses cinq sœurs furent également peintres.

Anker (Albert)

Peintre suisse (Ins, canton de Berne  1831  – id. 1910).

Issu d'un milieu bourgeois, Anker abandonne en 1854 des études de théologie et entre, à Paris, dans l'atelier de Gleyre (1854-1856). Attiré par la peinture d'histoire (Luther au monastère de Erfurt, 1861, Berne, Kunstmuseum), il trouve cependant très tôt, sous l'influence des peintres anecdotiques allemands et de l'art de Chardin, les thèmes qui seront ceux de toute sa carrière : scènes villageoises, figures d'enfants et de vieillards, natures mortes. Apparemment très proche d'un Courbet et d'un Millet, Anker n'appartient pourtant pas au Réalisme, dont il ignore la truculence et les inquiétudes sociales. Ses scènes de genre (Enfants sur la balançoire, 1890, Winterthur, fondation O. Reinhart), ses portraits d'enfants (Louise, 1874, id.) décrivent dans une matière nourrie et crémeuse une existence morale idyllique où tout est calme, grâce et innocence. Artiste profondément enraciné dans la tradition, il a laissé par ailleurs des peintures sur faïence et des gravures sur bois d'une grande puissance décorative. Il est également représenté dans les musées de Bâle, de Berne et de Zurich.