Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
B

Bussy (Simon)

Peintre français (Dole 1870  – Londres 1954).

Condisciple de Matisse dans l'atelier de Gustave Moreau, cet indépendant, ami d'André Gide et lié au groupe de Bloomsbury, est l'auteur de petits tableaux, et très souvent de pastels, élégamment simplifiés dans des couleurs fortes et raffinées : portraits (André Gide, 1925 et 1939 ; Paul Valéry, 1927, musée d'Uzès), paysages du midi de la France et d'Égypte, études d'animaux pleines d'humour et d'efficacité décorative (exemples aux musées de Besançon, de Roubaix et de Beauvais). Les musées de Beauvais, de Dole et de Roubaix ont consacré une exposition à Simon Bussy en 1996.

Butinone (Bernardino)

Peintre italien (Treviglio v.  1450 ; documenté de 1484 à 1507).

Ses deux œuvres principales : le grand polyptyque de l'église S. Martino de Treviglio (commandé en 1485, non achevé de payer en 1507) et les fresques (Scènes de l'histoire de saint Ambroise, chapelle Griffi de l'église S. Pietro in Gessate à Milan, 1489-1493), très endommagées en 1943, ont été réalisées avec la collaboration d'un autre peintre de Treviglio, Bernardino Zenale, avec lequel Butinone travaille de manière régulière à partir de 1485. Dans cet ouvrage commun, Butinone représente essentiellement l'apport des écoles de Padoue et de Ferrare. Après une première période influencée par Foppa, mais où se retrouvent toujours des réminiscences padouanes (triptyque avec la Madone, saint Vincent et saint Bernardin, date peu lisible, faussement déchiffrée 1484, Brera), cette tendance s'affirme dans une série de petits panneaux avec des Scènes du Nouveau Testament (Londres, N. G. ; musées de Vicence, de Bergame, de Brooklyn, de Chicago, d'Édimbourg, de Pavie : coll. part.) et dans 2 grandes " pale " avec la Madone sur un trône (Milan et Isola Bella, coll. part.). Butinone fut le principal intermédiaire entre la culture ferraraise et les Lombards de la fin du XVe s. et du début du XVIe, de Bramantino à Gaudenzio Ferrari.

Buytewech (Willem)

Peintre et graveur néerlandais (Rotterdam v. 1591  – id.  1624).

Parti, à une date que l'on ignore, pour Haarlem, où il s'inscrit à la gilde en 1612, il retourne en 1617 à Rotterdam ; il y finira ses jours non sans voyager souvent à travers la Hollande, notamment à Scheveningen, à La Haye, à Nordwijk. Il semble aussi être resté en contact avec Amsterdam, centre des principales éditions littéraires (Buytewech connut une importante activité d'illustrateur), et surtout avec Haarlem. Ses tableaux sont peu nombreux : seuls 8 d'entre eux sont authentiques, et presque tous représentent, avec une tendance souvent moralisatrice et allégorique, des sociétés galantes, dont les costumes et les attitudes évoquent la préciosité des premières années du siècle. Ces tableaux sont essentiels dans l'évolution de la peinture de genre, telle que la pratiqueront à Haarlem un Dirck Hals et à Amsterdam les Codde, Duyster, Molenaer et Duck ; ils attestent l'indéniable modernité de Buytewech, qui se place ainsi au centre de tous les nouveaux courants qui animent l'art hollandais. En dehors des musées de Berlin et de Budapest, c'est surtout aux Pays-Bas que l'on peut voir ses œuvres, au Rijksmuseum, à Rotterdam (B. V. B.), ainsi qu'au musée Bredius de La Haye : Joyeuse Compagnie représentant aussi les " Quatre Sens " (v. 1620).

   Mais le talent de Buytewech se manifeste davantage dans ses nombreux dessins, d'un graphisme toujours spirituel et nerveux, élégant dans sa sécheresse un peu saccadée et qui en fait bien le contemporain d'un Callot et d'un Bellange ; il cherche comme eux, sans vraiment y parvenir, à atteindre un réalisme affranchi du formalisme maniériste, comme en témoignent la suite d'amusantes silhouettes masculines conservées dans les cabinets de Dessins de Hambourg, de Rotterdam et de l'Institut néerlandais de Paris, ou bien la série de dessins des cabinets de Berlin et de Brême. Il faut mentionner également de très belles études de paysages souvent inspirées d'Elsheimer et qui dénotent d'indéniables rapports avec l'art fantastique d'Hercules Seghers (Londres, British Museum et Courtauld Inst.). Il s'agit parfois d'un accord très heureux entre le paysage et la scène de genre, comme dans les dessins des Saisons et des Éléments, qui furent gravés par Jan Van de Velde (l'Été, 1622, cabinet des Dessins de Berlin ; l'Air, Rotterdam, B. V. B.).

   On connaît de son fils, Willem le Jeune (Rotterdam 1625 - id. 1670) , quelques rares tableaux, des Annonces aux bergers, qui rappellent le genre de Benjamin Cuyp, et surtout des paysages, comme la Vue de dunes (Londres, N. G.).

Bylert (Jan Van)

Peintre néerlandais (Utrecht 1597/1598  – id.  1671).

Élève de son père, peintre verrier, puis d'Abraham Bloemaert, il est signalé à Rome en 1621 où il peint un tableau de genre, l'Introduction d'un nouveau membre à la Schildersbent (Amsterdam, Rijksmuseum), où il glisse son autoportrait. De retour à Utrecht en 1624, il s'inscrit en 1630 à la gilde, dont il est le doyen de 1632 à 1635. Nettement affilié au mouvement caravagesque dans ses premières œuvres : Saint Sébastien (Vienne, Gal. Harrach), Vocation de saint Matthieu (Utrecht, église vieille-catholique de Sainte-Marie), il pratique assez vite un Caravagisme fort personnel, teinté de Classicisme, insistant sur les couleurs froides et claires plutôt que sur de purs contrastes de lumière et d'ombre, à l'aide d'une facture lisse qui souligne nettement, parfois même avec sécheresse, le contour des formes. En 1635, avec le Festin de Cléopâtre, tableau dur, précis et rhétorique (Berlin), Bylert s'affirme en pleine possession de son style. Le peintre n'évite d'ailleurs pas toujours une certaine lourdeur des formes et une vulgarité des expressions, très caractéristiques de sa manière. Mais la Vierge et l'Enfant de Brunswick (Herzog Anton Ulrich-Museum) [qui a pu être attribuée à Vouet, puis à Champaigne] donne la meilleure idée de ce Caravagisme académisant et apaisé où l'on perçoit en effet une certaine résonance française. Le registre de Bylert est assez varié, allant des sujets traditionnels de concerts, festins ou scènes de mœurs à petites figures (l'Entremetteuse, musée de Lyon ; les Cinq Sens, musée de Hanovre) aux scènes mythologiques, historiques ou religieuses (nombreuses Vierges à l'Enfant), en passant par les figures isolées de Bergères ou les Musiciennes vues à mi-corps, si fréquentes chez les Utrechtois (Marketenster, musée d'Utrecht ; Joueuse de luth, Brunswick, Herzog Anton Ulrich-Museum ; Bergère, musée de Dunkerque). Bylert a peint également des portraits, le plus souvent à des dates tardives (1637-1647, 1649), dans un style sage, voisin de celui de Honthorst, mais avec une grande finesse de ton, tel l'Inconnu du musée de Göttingen. Au musée d'Utrecht, on peut voir des exemples de tous les genres traités par Jan Van Bylert.