Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
S

spatialisme

Faire correspondre à " l'ère spatiale " un " art spatial ", tel est le projet de ce mouvement qui se constitue entre 1947 et 1952, autour de Fontana (1889-1868). Rejetant à la fois la tradition réaliste et le courant abstrait contemporain, les spatialistes recherchent des formes d'art inconnues et utilisent des moyens techniques nouveaux (lumière de Wood, néon, radar, télévision) refusant de situer leur travail aussi bien dans la peinture que dans la sculpture. En 1949, a lieu à Milan la première exposition spatialiste et en 1952 l'exposition Arte Spaziale.

spatule

Instrument de métal en forme de petite pelle aplatie, semi-rigide, ou couteau flexible à manche droit que les peintres utilisent comme racloir ou pour lisser la couche picturale.

Speckaert (Hans)

Peintre flamand (Bruxelles v.  1540 ? – Rome v. 1577).

Rares sont les éléments biographiques concernant ce peintre que Van Mander rencontre à Rome en 1575. Il était originaire de Bruxelles et mourut à Rome probablement en 1577, d'une maladie qui l'avait contraint plusieurs années auparavant à renoncer à rentrer aux Pays-Bas. Des gravures et des inscriptions anciennes sur des dessins ont permis de regrouper une partie de son œuvre graphique, dont le style s'est constitué sur des suggestions italiennes très diverses, qui vont de Raphaël à Michel-Ange, en passant par Polidoro da Caravaggio, Salviati, Raffaellino da Reggio et Parmesan et qui justifient ses affinités avec son compatriote Jan Soens (dessins au Louvre, à Düsseldorf, Bayonne et Londres, V. A. M.). Plusieurs tableaux ont pu être rapprochés de ce groupe de dessins : Diane et Actéon (Rome, Palazzo Patrizi), Jaël et Sisera (Rotterdam, B. V. B.), Moïse et le serpent d'airain (Buenos Aires, Museo Nacional de Bellas Artes) et la Conversion de saint Paul (Louvre), qui montrent la même culture très éclectique que les dessins, mais où certaines figures trahissent plus nettement les attaches avec l'art septentrional d'un Floris, par exemple. Le style très mouvementé de l'œuvre de Speckaert fait de lui, dès les années 1570, un précurseur des maniéristes nordiques de la dernière génération, Spranger, Cornelis Van Haarlem, Goltzius. On connaît un seul portrait de sa main, celui d'un de ses plus importants graveurs, Cornelis Cort (Vienne, K. M.).

Spencer (Stanley)

Peintre britannique (Cookham on Thames, Berkshire, 1891  – id.  1959).

Il fut élève à la Slade School de Londres (1908-1912) et, encore étudiant, commença à peindre des épisodes de la Bible, qu'il situa dans un décor moderne et familier. Après avoir servi en Macédoine dans le corps médical pendant la Première Guerre mondiale, il décora une chapelle commémorative à Burghclere, dans le Hampshire (1926-1932, études à Londres, Tate Gal.), de scènes tirées de son expérience personnelle de la guerre. Il entreprit ensuite plusieurs ensembles de peintures religieuses, qu'il jugea toujours plus significatives que ses portraits et ses paysages. Il traita à plusieurs reprises le thème de la Résurrection (1923-1926, Tate Gal. et polyptyque des années 1945-1950). Son art obsessionnel et visionnaire peut être considéré comme la dernière phase du Réalisme préraphaélite. Spencer exposa souvent à la Royal Academy, devint académicien en 1950, eut une rétrospective de son œuvre à la Tate Gal. en 1955. Il est principalement représenté à Ottawa (N. G.) et à la Tate Gallery, Londres. Un musée Stanley Spencer a été créé dans sa ville natale et une importante exposition a eu lieu en 1991 (Londres, Barbican Art Gal.).

Sperl (Johann)

Peintre allemand (Buch, près de Nuremberg,  1840  – Aibling  1914).

Il apprit la technique de la lithographie, avant d'entrer en 1865 à l'Académie de Munich, qu'il quitta pour l'école de Ramberg (1866-1875), où il rencontra Leibl. Il fut initié par Ramberg à la peinture de genre, qui lui valut certains succès (notamment auprès d'amateurs américains) malgré le style anecdotique de ses tableaux (Parure pour la fête, v. 1880, Nuremberg, Städtische Gal.).

   En 1881, il suivit Leibl à Aibling, dans les Préalpes bavaroises, où les deux artistes demeurèrent jusqu'en 1892, avant de se retirer à Kutterling. Sperl, étudiant sans cesse la nature, revint sous la direction de son ami à la peinture de paysage. Ils composèrent, v. 1883, des tableaux en commun, Leibl animant de personnages les paysages de Sperl (Scènes de chasse, Cologne, W. R. M.). La simplicité du thème et une absolue soumission aux apparences caractérisent les œuvres de Sperl. Peintre de plein air, celui-ci admirait Constable et se sentait en affinité avec l'école de Barbizon. Ses tableaux, d'une touche légère aux gradations subtiles, valent par la couleur, qui suggère la matière et évoque l'espace par des taches diaprées. Dans Sommertag bei Kutterling (1904), à la composition très dépouillée, la touche sensible rend toutes les vibrations de la nature. Après la mort de Leibl, en 1900, il composa aussi de vastes panoramas. En 1910, une attaque d'apoplexie l'obligea à abandonner la peinture. Sperl est abondamment représenté à Hanovre, Nuremberg (Städtische Gal.) et Munich (Bayerische Staatsgemäldesammlungen).

Spilliaert (Léon)

Peintre belge (Ostende 1881  – Bruxelles 1946).

Fils d'un parfumeur hollandais, autodidacte, après un court passage à l'Académie de Bruges, il commence à peindre en 1900 et pratique presque exclusivement, tout au long de sa carrière, l'aquarelle, l'encre de Chine, la gouache, le pastel et les crayons de couleur. Ses débuts révèlent déjà un symbolisme poétique et aigu très personnel (Contemplation, v. 1900, Bruxelles, bibl. Albert-Ier). En 1903-1904, il travaille pour l'éditeur Edmond Deman et fréquente le milieu littéraire du symbolisme belge, Hellens, Verhaeren, Maeterlinck, qui l'inspirera souvent. Il s'installe sur les quais d'Ostende dans un atelier que Permeke occupera plus tard. Il fait en 1904 un premier séjour à Paris, où il reviendra régulièrement l'hiver, et expose au Salon des indépendants en 1909, en 1911 et en 1913. Personnalité complexe, son art se situe au confluent de plusieurs tendances contemporaines. Certaines de ses œuvres, respectueuses des deux dimensions et marquées par le japonisme, se rapprochent de celles des Nabis par leur attention malicieuse aux scènes de la vie quotidienne, bien que leur facture soit plus nerveuse et sèche (le Coup de vent, 1908 ; Baigneuse, 1910, Bruxelles, M. R. B. A.). Ses mises en page, saisissantes, et son goût pour l'insolite ont pu faire considérer l'artiste comme un précurseur du Surréalisme (le Vertige, 1908, musée d'Ostende ; Galerie royale à Ostende, 1908, Bruxelles, M. R. B. A. ; Digue et kursaal d'Ostende, 1908) ; certains thèmes repris de la tradition réaliste débouchent sur un expressionnisme parfois voisin de celui de Munch (la Buveuse d'absinthe, 1907 ; Clair de lune et lumière, v. 1909, Paris, Orsay), et quelques-unes des figures synthétiques annoncent par ailleurs celles de Permeke (les Fiancés, v. 1907).

   Spilliaert réside à Bruxelles de 1917 à 1921, où il se fixera en 1935 ; il reste en contact avec Paris, où il s'est fait une clientèle, il y est en relation avec Paul Guillaume, G. Coquiot, Zborowski. Après la guerre, le port d'Ostende continue à l'inspirer (nombreuses Marines au pastel, à la gouache ; Baigneuses) sans préjudice des sujets les plus divers, traités avec la même verve expressive et synthétique. En 1937, Spilliaert découvrit la région des Fagnes (Ardennes), où il exécuta des études d'arbres dont le dessin précis et l'atmosphère rappellent le réalisme magique (le Coupe-feu, 1944, musée d'Ostende ; Troncs de hêtres, 1945, aquarelle et encre de Chine, Bruxelles, M. R. B. A.). Il est représenté dans les musées belges, à Ostende et à Bruxelles. Une importante exposition consacrée à Spilliaert a été organisée à Paris (Grand Palais) et Bruxelles (Musées royaux) en 1981-82 et une exposition a été présentée (Ostende, M. B. A.) en 1996.