Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
G

Grau (Xavier)

Peintre espagnol (Barcelone 1951).

Après des études à l'école des Beaux-Arts de Barcelone, sa rencontre avec Broto l'amène à s'inscrire dans la perspective critique d'une peinture abstraite en marge des préoccupations formalistes de la période. C'est ainsi qu'en 1976 il est présent dans une exposition collective de la gal. Maeght de Barcelone, aux côtés de Broto. La peinture de Grau est le résultat de tensions entre le dessin et la couleur, exploitées d'une manière intuitive, spontanée et reposant cependant sur les données historiques de l'Action Painting. Grau poursuit ses investigations en développant, non sans lyrisme, une peinture gestuelle dont les références à l'Abstraction américaine (De Kooning, Joan Mitchell, Cy Twombly) sont nombreuses et toutefois transgressées pour donner naissance à la recherche d'un style personnel.

    Il a essentiellement exposé en Espagne (gal. Buades à Madrid, qui a organisé sa première exposition personnelle en 1979, puis gal. Maeght de Barcelone) et participé à des manifestations de groupe en France.

Graubner (Gotthard)

Peintre allemand (Erlbach 1930).

De 1947 à 1948, il étudie à l'Académie des beaux-arts de Berlin, puis à la Kunstakademie de Dresde jusqu'en 1951. Il quitte l'Allemagne de l'Est et poursuit ses études à l'Académie de Düsseldorf jusqu'en 1959 : il fréquente alors le groupe Zéro. En 1960, il expose à la galerie Schmela ses premiers monochromes : Espaces colorés, dans lesquels les inégalités chromatiques évoquent une sensation de l'espace qui donne à la peinture des dimensions nouvelles, à la fois concrètes et diaphanes. Puis, à partir de 1963, il réalise des Corps colorés ou tableaux-coussins. Posés à même le sol, les coussins sont imbibés de couches de couleurs très fluides que l'artiste frotte à l'aide d'un balai. La tension du Nylon permet des nuances très fines et intensifie l'effet de la couleur. Les Corps spatiaux colorés, conçus dès 1971, sont composés d'un châssis sur lequel deux couches de toile séparées par de la ouate synthétique prennent une forme bombée. L'effet spatial de ses grandes surfaces de couleur est accentué par le caractère tridimensionnel de ses œuvres. Il enseigne à Hambourg (1965-1969) et à Berlin (1973-1976), puis à l'Académie de Düsseldorf. Il a participé à toutes les manifestations internationales : Documenta 4 (1968) et 6 (1977), Biennale de Venise (1982), et a connu d'importantes expositions, principalement en Allemagne (Hambourg, 1975 ; Baden-Baden, 1980 ; galerie m, Bochum, 1984). Un ensemble d'œuvres a été présenté (Paris, Gal. Karsten Greuc) en I996.

Graves (Morris)

Peintre américain (Fox Valley, Oregon, 1910-Loleta, Californie 2001).

Originaire de l'ouest des États-Unis et voyageur intrépide, il puise son inspiration à la fois dans un profond sentiment de la nature et dans les philosophies orientales (notamment le zen bouddhiste), largement répandues autour de Seattle, où il séjourne à plusieurs reprises. Graves lui-même s'engage très jeune comme marin et fait, entre 1928 et 1930, trois voyages en Orient (Pacifique, Chine et Japon). Autodidacte, il développe rapidement un style très personnel dans plusieurs séries de tableaux (1937 : Painted Message Series, qu'il réalise pour le Federal Art Project ; 1938-39 : Purification Series ; 1941 : Inner Eye Series ; 1944 : Old Pine Top Series ; 1945 : Crane Series ; 1946-47 : Chinese Bronze Series). En 1938-39, il fait la connaissance de Mark Tobey, originaire lui aussi du nord-ouest des États-Unis et dont il partage les préoccupations philosophiques. L'œuvre de Graves, par ses sujets autant que par son style, échappe cependant à toute catégorie précise : les étranges oiseaux, qui sont l'un de ses sujets favoris (Bird in the Spirit, 1940-41, New York, Whitney Museum ; Blind Bird, 1940, New York, M. O. M. A.), sont en fait des allégories imprécises et poétiques qu'une écriture délicate et souvent transparente souligne légèrement. La plus importante collection de son œuvre se trouve au musée de l'université d'Eugène, Oregon, qui lui a consacré une rétrospective en 1966.

gravure

On désigne par gravure l'art de tracer par incision, à la surface d'une matière quelconque, des caractères, des ornements ou des figures ; par extension, le terme s'applique aussi au résultat obtenu par l'impression du matériau gravé encré sur une feuille, généralement de papier.

   Selon les procédés utilisés, on obtiendra une gravure sur bois (xylographie, bois gravé) une gravure sur métal (burin, eau-forte, taille-douce), une gravure sur pierre (lithographie : dans ce cas, le matériau n'est pas " gravé ", à proprement parler), une gravure sur linoléum (linogravure). [Voir ESTAMPE.]

Grebber (les)

Peintres néerlandais.

 
Frans Pietersz (Haarlem 1573  – id.  1649). Élève de Jacob Savery, il fut doyen de la gilde des peintres de Haarlem en 1627 ; il copia Bruegel de Velours et fut le maître de Peter Lely en 1637.

 
Pieter Fransz (Haarlem v. 1600 – id. 1652/53). Fils de Frans Pietersz, il fut son élève et se forma dans l'atelier de Goltzius. En 1632, il est franc maître à la gilde de Saint-Luc de Haarlem, sa clientèle est essentiellement catholique. Ses scènes de genre : les [OE]uvres de charité (1628, Haarlem, musée Frans Hals), Moïse frappant le rocher (musée de Tourcoing), la scène dite la Leçon de tatouage (Louvre) relèvent du goût caravagesque tout en étant caractérisées par une clarté générale, de belles harmonies de gris clairs et un modelé souple et rond qui lui viennent sans doute des tableaux tardifs de Cornelis Van Haarlem ; mais il a aussi inconstestablement subi l'influence de Rubens et celle de Jordaens. Pieter Fransz se montre excellent décorateur et peintre d'histoire, actif et ambitieux dans sa participation aux peintures de la Huis ten Bosch de La Haye. Son art présente des affinités avec celui de Paulus Bor (son Adoration des mages du musée d'Amersfoort est comparable à celle de Grebber du musée de Caen, de 1638) et avec celui de Salomon Bray, par sa conception d'un luminisme clair et par la saveur de ses formes rondes au relief puissant ; il prolonge un maniérisme lisse dans le cadre d'une rhétorique académisante, en marge des rembranesques auxquels il est pourtant lié.