Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
A

Alma (Peter)

Peintre néerlandais (Medan, Sumatra, indonésie, 1886  – Amsterdam 1969).

Après ses études à l'Académie des beaux-arts de La Haye de 1904 à 1906, Peter Alma est marqué par le Néo-Impressionnisme, puis le Cubisme. Il séjourne à Paris en 1914 et se trouve dans l'entourage de Fernand Léger et de Diego Rivera. Il fait partie du groupe hollandais de Paris avec Conrad Kickert, Piet Mondrian et Lodewijk Schelfhout. Dès ce moment, ses paysages et ses natures mortes présentent une figuration stylisée qui tend à l'art monumental. Il expose en 1912-13 au Moderne Kunstkring d'Amsterdam, à la Sonderbund Ausstellung de Cologne et au Salon des indépendants de Paris. Il se trouve aux Pays-Bas en 1914, s'installe à Laren et entre en contact avec Mondrian, Le Fauconnier et Bart Van der Leck, qui l'influence particulièrement. Il met alors au point sa manière en utilisant des couleurs primaires, des surfaces planes, des formes élémentaires, des compositions généralement fondées sur l'horizontale et la verticale et l'absence de profondeur : ses figures évoquent à la fois les affiches et les cartes à jouer. En 1921, il se rend en U.R.S.S., où il rencontre Kandinsky, Lissitzky, Tatlin et Malevitch et voit au retour en 1922 la première exposition d'art russe à Berlin à la gal. Van Diemen. Il a alors des contacts avec Gerd Arntz, qui s'installera d'ailleurs aux Pays-Bas en 1934. Son tableau Chômeurs dans la salle d'attente (1929, Amsterdam, Stedelijk Museum) montre, avec son sujet traité de manière très simplifiée, la volonté de réaliser un art possédant un contenu critique très marqué, qui l'apparente à l'art des progressistes polonais ou des artistes allemands " engagés " tels que Oskar Nerlinger.

Almada-Negreiros (José de)

Peintre portugais (île de São Tomé 1893  – Lisbonne 1970).

Cet artiste, également auteur de poèmes (K4, le Carré bleu, 1917), de romans (Nom de guerre, 1925, publié en 1938), d'essais et de pièces de théâtre, fut avec le poète Fernando Pessoa (1888-1935) la figure de proue de la première génération du " modernisme " portugais. Caricaturiste à ses débuts (1912), c'est comme poète qu'il a participé au mouvement futuriste de Lisbonne en 1915-1917. Après un court séjour à Paris (1919-20), qui l'orienta définitivement vers les arts plastiques, il émigra de 1927 à 1932 à Madrid, où il a laissé des peintures murales, maintenant disparues, pour des salles de spectacle et collaboré à des journaux (El Sol). Ce dessinateur habile a produit de nombreux portraits, dont quelques-uns en peinture (Fernando Pessoa, 1956, Lisbonne, fondation Gulbenkian). Il est aussi l'auteur des fresques des gares maritimes de Lisbonne (1943-1948), qui constituent l'ensemble le plus important de peinture moderne réalisé au Portugal, en même temps qu'un témoignage sensible de la nostalgie portugaise. Sa manière un peu précieuse (natures mortes, figures ; Lisbonne, coll. Pereira-Coutinho, coll. M. Vinhas) a retenu les stylisations du Cubisme, et son intérêt à la fois spéculatif et poétique pour la science des nombres (qui l'a amené à étudier sans cesse, depuis 1926, la composition du célèbre polyptyque du XVe s. attribué à Nuno Gonçalves) est lié à l'Abstraction géométrique, à laquelle il a contribué en 1957 par des compositions fort rigoureuses (Lisbonne, coll. part.), dont on peut rapprocher le panneau Commencer (1969, Lisbonne, fondation Gulbenkian). Des tapisseries (1952, Lisbonne, hôtel Ritz) et des vitraux (1938, église de Fátima) complètent son œuvre.

Aloïse (Aloïse Corbaz, dite)

Peintre suisse (Lausanne1886 – asile de la Rosière, Gimel,1964).

Internée de 1918 à sa mort, elle traduit sa volonté schizophrène de s'absenter du monde dans une " mascarade " de figures désincarnées, mais assimilées à des personnages historiques ou mythiques (les Amoureux, v. 1949, Lausanne, musée de l'Art brut). Ses grands dessins aux crayons de couleurs vives, marqués par une tendance au symbolisme et à la métamorphose, se soustraient à la dimension du réel par un refus de l'espace et de la profondeur (couleurs en aplats, frontalité, orbites remplies de bleu à la place des yeux, etc.). Aloïse est notamment représentée au musée de Lausanne. L'actrice Delphine Seyrig interpréta le rôle d'Aloïse dans le film de Liliane de Kermadec (Aloïse, 1975). Un ensemble significatif d'œuvres d'Aloïse a été présenté au musée de Rochechouart en 1989.

Alsloot (Denys van)

Peintre flamand (Malines 1570  – Bruxelles 1628).

Maître en 1599, au service des archiducs d'Autriche Albert et Isabelle, il collabora fréquemment avec H. de Clerck. Paysagiste minutieux dans le goût de Coninxloo et de Bruegel de Velours, ses grandes vues des environs de Bruxelles (l'Abbaye de la Cambre, 1609, musée de Nantes) annoncent le paysage de l'école de Bruxelles. Le Louvre possède un très fin Paysage d'hiver d'un irréalisme encore maniériste, mais d'un genre en vogue au XVIIe s.

Alt (Rudolf von)

Peintre autrichien (Vienne 1812  – id. 1905).

Cet important védutiste fut célèbre, bien au-delà des limites de l'Autriche, par ses paysages de ruines, ses vues de villes et ses intérieurs et par son coloris audacieux et contrasté. D'abord élève de son père Jakob, peintre et dessinateur de ruines, il poursuivit ses études à partir de 1826 à l'Académie, mais son travail sur le motif influencera davantage sa formation. Il accomplit de longs voyages dans toute l'Autriche-Hongrie et dans le sud de l'Europe jusqu'en Sicile. En 1828, il accompagne son père, qui fait un voyage d'études dans les Alpes autrichiennes. En 1830, il expose pour la première fois à Vienne. Professeur à Académie à partir de 1879, il fut anobli en 1892. En 1898, il présente Klimt à l'empereur et devient président d'honneur de l'association artistique de la Sécession viennoise. Il peint d'abord des toiles aux architectures compliquées, telle la Cathédrale Saint-Étienne, (1832, Vienne, Österr. Gal.), mais il manifeste déjà un goût pour l'aquarelle, et ses réalisations dans cette technique peuvent se comparer aux meilleures réussites des aquarellistes français et anglais de la même époque. Le format de ses aquarelles augmenta progressivement et atteignit parfois celui de ses peintures à l'huile, dont le coloris est toutefois plus intense, même dans les scènes d'intérieur. Alt sut constamment se renouveler ; d'abord représentant du réalisme Biedermeier, puis de la peinture de plein air, il fut ensuite attiré par l'Impressionnisme, qu'il traduisit dans une technique très personnelle. Son style toujours très clair et aéré, sans fadeur ni mollesse, évolue dans ses dernières œuvres vers un sens presque visionnaire de la réalité atmosphérique. Au cours de cette lente évolution, Alt ne se laissa jamais entraîner à négliger l'aspect positif des choses. C'est à Vienne que l'on trouve les collections les plus importantes de ses aquarelles (Albertina et Historisches Museum).