Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
H

Helmont (Matthieu Van)

Peintre flamand (Anvers 1623  – Bruxelles apr. 1679).

Ce peintre de genre, franc maître à Anvers en 1646, fut contraint de se retirer à Bruxelles à la suite de rixes et de dettes. Il fut inscrit à la corporation des peintres de cette ville en 1674. Il fait emprunt au style et aux thèmes de D. Téniers dans son Intérieur paysan (Milan, musée Poldi-Pezzoli), dans ses Paysans dans une auberge (Stockholm, Nm), dans le Cabinet d'alchimiste (Copenhague, S. M. f. K.), dans la Kermesse de village (musée de Douai). Par ailleurs, ses Scènes de cabaret (musée de Gand), l'Intérieur avec bœuf écorché (Stockholm, Hallwylska Museet), la Scène du marché (musée de Budapest) dépendent plus étroitement du style de Brouwer et de David III Ryckaert.

Helst (Bartholomeus Van der)

Peintre néerlandais (Haarlem 1613  – Amsterdam 1670).

Installé avec sa famille à Amsterdam v. 1627, il fut très probablement l'élève du portraitiste Elias, qui a, de toute façon, exercé une grande influence sur lui. Presque exclusivement portraitiste, il est l'auteur de quelques-uns des plus typiques tableaux de corporation de l'école hollandaise, dits " Schutter " et " Regenten-stukken ". Le Rijksmuseum conserve des exemples des années 1639, 1648, 1653, 1655 ainsi que de nombreux et brillants portraits isolés. Dans une première période, assez courte, la manière de Helst reste sévère et tout attentive à la leçon de Hals et de Rembrandt, avec des fonds sombres et unis, des poses frontales simples, d'austères harmonies de noir et blanc (Portrait d'un prédicant, 1638, Rotterdam, B. V. B. ; Portrait d'un inconnu, 1642, musée de Kassel ; Portraits d'un couple, 1646, Rijksmuseum). Le sommet de ce rembranisme, d'ailleurs passager, est sans doute atteint dans la Femme habillée de satin noir de Londres (N. G.), jadis attribuée à Rembrandt, puis à Maes, œuvre d'un exceptionnel raffinement dans son exécution comme dans sa fidélité réaliste. Du reste, à l'imitation de Rembrandt, Helst a quelque peu donné dans l'autoportrait (Varsovie, 1655 ; Florence, Offices, 1662 ; Hambourg). Mais, comme l'atteste déjà son chef-d'œuvre, le Banquet de la garde civique à l'occasion de la paix de Münster dans le local des arquebusiers de Saint-Georges à Amsterdam (1648, Rijksmuseum), Helst devait vite évoluer vers un style plus coloré, plus animé dans la recherche des poses et toujours plus fastueux, où son don de flatteuse et élégante ressemblance fera heureuse alliance avec la plus extrême habileté picturale, en dépit d'une psychologie quelque peu sommaire. De telles qualités expliquent l'immense succès de Van der Helst, qui tend à éclipser Rembrandt auprès de la haute bourgeoisie d'Amsterdam, et sa célébrité presque exagérée aux XVIIIe et XIXe s. Dépassant ainsi le Réalisme monochrome de la première moitié du siècle, Helst mit au point une formule raffinée et pompeuse qui correspond au grand tournant baroque et décoratif des années 1650 et qui marquera nombre de portraitistes comme Tempel, Ceulen, Hanneman, Jan Van Noordt, Helt-Stockade, Bol, Flinck. En dehors de ses grands tableaux corporatifs, qui sont autant d'excellents portraits individuels, mais par trop laborieusement juxtaposés, comme le reprochait à juste titre Thoré, citons, parmi les grandes réussites de Helst, Scriverius (1651, Dresde, Gg), Paul Potter (1654, Mauritshuis, l'un des rares portraits émouvants de Van der Helst), l'opulent Gérard de Wildt (1657, musée de Budapest), l'inoubliable et ridicule Gérard Bicker d'Amsterdam, où les roses et les gris du costume sont d'une délicatesse extrême, le Daniel Bernard (1669, Rotterdam, B. V. B.). Les musées de Lyon et de Reims, le musée Magnin de Dijon (1665) conservent également de bons portraits de femme. Du même style riche de Van der Helst sont caractéristiques ces aristocratiques portraits de famille en plein air (1654, Londres, Wallace Coll. ; Louvre, la Famille Reepmaker, 1669) où le paysage ajoute un élément décoratif au jeu mouvementé des draperies et à une palette de plus en plus raffinée et sensible au luisant des tissus précieux. Deux tableaux très originaux, qui échappent à la production habituelle de l'artiste, sont à mentionner : la Vénus (Lille) et surtout la Jeune Femme dévoilée (Louvre). Bartholomeus Van der Helst eut un fils peintre, Lodewijk (Amsterdam 1642 - id. [ ?] apr. 1682) , qui fut son élève et son imitateur. Trois de ses œuvres sont conservées au Rijksmuseum, dont un Portrait de Willem Van de Velde le Jeune.

Helt (Nicolaes Van) , alias Stockade

Peintre néerlandais (Nimègue 1614  – Amsterdam 1669).

Il séjourna à Rome, sans doute apr. 1635, y aurait fait partie de la Bent et reçu le surnom de " Stockade " (dérivé probable d'" estocade "), se retira à Venise, puis en France, où il exécuta plusieurs portraits, dont celui de François de Lesdiguières, gravé par lui-même, celui de Stefano della Bella, gravé par Hollar, et surtout celui du sculpteur bavarois Georg Pfründ (Munich, Alte Pin.), d'une allure très italienne par le geste énergique de la main gauche et somme toute comparable aux portraits romains d'un Vouet. Si l'on en croit le libellé d'une gravure de l'autoportrait du peintre, éditée en 1649 chez Meyssens, Helt-Stockade aurait été nommé peintre de Louis XIII, mais les archives sont muettes à ce sujet. En 1645, le peintre est à Lyon. On a proposé de lui attribuer le beau portrait de Stella du musée de Lyon (peut-être est-ce simplement un autoportrait de Stella ?). Il épouse à Lyon l'une des belles-sœurs d'Asselijn, qui se marie également dans cette ville vers la même époque. Stockade habite ensuite à Anvers, puis, selon Houbraken, il aurait travaillé à la cour de Christine de Suède. On le retrouve à Amsterdam en 1652, se partageant entre une activité de portraitiste et de grandes décorations bibliques ou mythologiques, tels un Joseph faisant distribuer le blé en Égypte (1656) ou le plafond allégorique de la chambre de Justice de 1655 à l'ancien hôtel de ville d'Amsterdam (actuel palais du Dam). En 1665, l'artiste est payé pour diverses peintures allégoriques de l'hôtel de ville de Nimègue. Dans ses portraits hollandais, Helt-Stockade a fait preuve d'un réalisme distingué et ample qui a fait longtemps attribuer à Van der Helst l'attachant Portrait de l'ingénieur Hendrick Hueck et sa femme (v. 1657, Louvre). D'autres œuvres de ce peintre rare, surtout connu par la gravure, sont conservées dans les musées de Varsovie (grand Portrait de famille), de Prague (Gentilhomme de la cour de Louis XIII, daté de 1637), de Leipzig (Suzanne et les vieillards).