Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
I

Isakson (Karl)

Peintre suédois (Stockholm 1878  – Copenhague 1922).

Il étudia à l'Académie des arts de Stockholm de 1897 à 1901 et demeurera de 1902 à sa mort à Copenhague, où il mena une existence très retirée. Il fit plusieurs voyages d'études à Paris (1905, 1907, 1911 et 1913-14). Il emprunta les thèmes de ses premières œuvres, pour la plupart détruites, à la mythologie nordique et exécuta des compositions allégoriques dans l'esprit " fin de siècle ". Ses premiers séjours à Paris l'orientèrent vers les problèmes de couleur et de construction. De 1905 à 1907, il étudia attentivement Delacroix et Manet ; durant sa période dite " grise ", sa peinture est toute en valeur : gris, ocre et brun (études de modèles, natures mortes, portraits). Sa découverte à Paris, en 1911, de l'art de Cézanne, de Matisse et des cubistes fut déterminante pour son évolution. Isakson peignit alors natures mortes, intérieurs, nus (Modèle nu debout dans un intérieur, 1918-1920, Copenhague, N. C. G.), paysages (entre autres des îles de Bornholm et de Christiansø), construits en plans clairs, où les couleurs complémentaires et contrastées, subtilement graduées, se rapprochent de plus en plus de la gamme pure du spectre. Ces peintures, où les mêmes motifs se répètent avec d'infinies variations, étaient considérées par le peintre comme de simples exercices pour un grand projet sur un thème biblique que des esquisses, hautes en couleur et d'une suggestion visionnaire, annonçaient dès 1920 (la Résurrection de Lazare, versions au musée de Göteborg et au Moderna Museet de Stockholm). L'art d'Isakson, qui, de son vivant, était complètement inconnu en Suède, a eu, par la pureté de ses lignes et son pouvoir expressif, une très forte influence sur la peinture suédoise et danoise du XXe siècle. Isakson est représenté notamment à Stockholm (Nm et Moderna Museet), au Louisiana Museum (Danemark).

Isenbrant (Adriaen)
ou Adriaen Ysenbrandt

Peintre flamand ( ? – Bruges 1551).

Élève de Gérard David, il fut inscrit comme étranger en 1510 sur les registres de la gilde de Bruges. Hulin de Loo lui attribua deux panneaux représentant Notre-Dame-des-Sept-Douleurs : l'un est conservé à l'église Notre-Dame à Bruges et l'autre, en grisaille (au revers, le donateur George Van de Velde, sa femme et ses enfants) au M. R. B. A. de Bruxelles. Les nombreux tableaux religieux ou les portraits proches de ces œuvres types, telles la Vierge dans un paysage (musées de Gand, d'Anvers ; Londres, N. G.) et la Fuite en Égypte (Vienne, K. M.), prouvent l'existence d'un vaste atelier et rappellent, l'art de Gérard David. En effet, Isenbrant subit l'influence de l'école d'Anvers (Q. Metsys, paysages de Patinir). Le Triptyque de l'église Notre-Dame de Lübeck, seule œuvre datée (1518), qui fut détruit lors de la dernière guerre, l'Adoration des bergers (musée de Bâle), le Peseur d'or (Metropolitan Museum) présentent un modelé des formes doux et estompé où apparaît l'influence du sfumato de Léonard de Vinci et qui le rapprochent d'Ambrosius Benson.

Isenmann (Caspar)

Peintre alsacien ( ? – Colmar v.  1472).

Il fut peut-être le maître de Martin Schongauer. Les témoignages sur son existence se limitent à quelques mentions dans les archives de la ville de Colmar et dans celles de l'église Saint-Martin : en 1433, la quittance de la peinture de la Table à calculer municipale, œuvre de " Caspar, peintre ", qui accède à la bourgeoisie en 1436, et, trente ans plus tard, son inscription au registre des pensions de Saint-Martin après l'exécution, de 1462 à 1465, de la dorure et des peintures d'un retable préalablement monté et sculpté, selon les termes d'un contrat de 1462. De cet autel, démoli en 1720, restent 7 panneaux, datés de 1465 et illustrant des Scènes de la Passion avec, au revers, des figures de Saints (Colmar, musée d'Unterlinden). La monumentalité, même dans le format réduit, l'élégance et la justesse du mouvement, la puissance expressive (parfois annonciatrice de Grünewald) des personnages et des scènes situées dans un type de paysage largement ouvert, en collines douces et en bouquets sphériques d'arbres, définissent les caractères généraux de l'art d'Isenmann. Proche de celui de Konrad Witz, le style d'Isenmann se distingue par la fusion, qui se généralise alors à Colmar, de la tradition germanique et des courants flamands, peut-être introduits par Jean de Malines, de passage à Colmar entre 1460 et 1464.

isolant

Vernis, peinture ou préparation assimilée (enduit) dont une ou plusieurs couches suppriment, dans certaines limites, la relation entre le subjectile et des conducteurs électriques, calorifiques, phoniques (isolation d'ordre physique) ou le contact entre deux couches de revêtements différents ou encore entre une couche de revêtement et le subjectile (isolation d'ordre chimique). 

Isou (Isidore)

Artiste roumain (Botosani 1925-Paris 2007).

Créateur reconnu du lettrisme à la date proclamée de 1946, Isou en est le théoricien et l'animateur. En une première période d'expérimentation dite " période des écritures latines ", il prend conscience des possibilités de la lettre, de l'élément alphabétique, comme nouvelle particule artistique et du champ nouveau qu'elle ouvre, en peinture, entre la figuration et l'abstraction dominante, ainsi qu'en témoigne Swing, dessin lettriste (1947, Paris, M. N. A. M.). Mais c'est à partir de 1950, alors que paraissent son Mémoire sur les forces futures des arts plastiques et leur mort et son Essai sur... le roman, que ces potentialités vont être développées, et surtout au cours des années 60 lorsque le mouvement aura la plus grande activité sur le plan plastique. Tout en élaborant son œuvre peint (Signes fauves, 1961, Paris, M. N. A. M.), Isou mène une intense activité réflexive. Il crée le concept de métagraphie qui en 1952 devient l'hypergraphie, domaine de toutes les écritures existantes et possibles où s'unifient peinture, sculpture, roman. Il conduit le mouvement avec tout l'appareil de l'avant-garde, soudant le groupe autour de manifestes théoriques ou polémiques dont il publie plus d'une vingtaine de 1946 à 1967, multipliant les concepts : méca-esthétique, esthapeirie et créatique, art supertemporel, servent de cadre vierge aux apports futurs des spectateurs, le lettrisme se posant comme utopie d'une libération par la créativité généralisée.