Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
M

Man (Cornelis Willemsz de)

Peintre néerlandais (Delft 1621  – id. 1706).

Reçu maître en 1642 par la gilde de Saint-Luc de Delft, il voyage pendant neuf ans ; il reste un an à Paris, puis séjourne à Rome, Florence et Venise. Il est de retour à Delft en 1654 ; en 1700, il s'installe à La Haye. Il peignit des portraits, quelques vues d'églises et surtout des scènes d'intérieur paisibles et studieuses, d'un style très voisin de celui de Pieter De Hooch et de Vermeer : la Lettre (musée de Marseille), le Peseur d'or (musée d'Utrecht), les Géographes (Hambourg, Kunsthalle). Il est particulièrement sensible aux effets de perspective dus aux carrelages des intérieurs bourgeois.

Mancadan (Jacobus Sibrandi)

Peintre néerlandais (Minnertsga v.  1602  – Leeuwarden  1680).

Il vécut et travailla en Frise, province assez isolée, ce qui explique peut-être qu'il ait acquis un style aussi personnel et indépendant. Il se maria en 1634, fut bourgmestre de Franeker de 1637 à 1639 et s'établit en 1644-45 à Leeuwarden. Il peignit surtout des paysages de caractère italien, mais sans qu'il soit certain qu'il ait fait un voyage dans la péninsule. L'influence de l'œuvre de jeunesse de Salvator Rosa, qu'on croit déceler dans certains des tableaux de l'artiste, justifierait l'hypothèse d'un tel voyage. Il est plus vraisemblable que Mancadan ait étudié les œuvres de Moyses Van Uyttenbroeck, de Willem Van Nieulandt et de Bartholomeus Breenbergh, qui se trouvaient aux Pays-Bas. Le style des paysages de Mancadan, artiste provincial non dénué de charme, est aisément identifiable ; ils sont couverts de collines, peuplés de bergers et d'animaux dessinés de façon expressive, qui frôle la caricature ; les couleurs claires et presque bariolées des rochers et des ruines ont des contours fragmentaires et bruns (Paysage italien, musée de La Fère ; Bergers aux chèvres et vaches, musée de Leeuwarden ; la Rencontre, Mauritshuis ; Paysage au torrent, musée de Tours). Mancadan a peint de la même façon quelques paysages de polders frisons (musée de Leeuwarden).

Mancini (Antonio)

Peintre italien (Albano Laziale 1852  – Rome 1930).

Il étudie la peinture à l'Istituto di Belle Arti de Naples, où enseignent alors Filippo Palizzi et Domenico Morelli. Au cours de ce premier séjour napolitain (1864-1873), il se lie avec Dalbono, avec De Nittis et avec Cammarano, dont la modernité relative lui offre d'utiles indications. À cette époque, il peint plusieurs toiles fameuses (Portrait de fillette, 1867 ; Prevetariello, 1870 ; tous deux à Naples, Capodimonte). Parallèlement aux suggestions de Cammarano, Mancini sut également tirer profit de l'enseignement de Morelli, et cela en dépit des insuffisances du maître. Cette assimilation est évidente dans les œuvres de cette première période, où, à travers l'héritage des valeurs essentielles de la tradition naturaliste du XVIIe s. napolitain, Mancini découvre l'unique voie susceptible de rénover les cadences romantiques de la culture locale désormais dépassées. Cette tentative de modernisme le place sur le même plan que son ami Vincenzo Gemito, qui, dans le même temps, effectue des démarches analogues en sculpture. Malgré les promesses d'une peinture riche de suggestions, pénétrée de contrastes et de violents effets de lumière, la veine de Mancini s'épuise ensuite rapidement. Après une brève activité à Paris et à Londres, et un second séjour à Naples (1879-1883), Mancini se fixe définitivement à Rome. De fréquentes crises de démence rendent sa vie difficile. Dès lors, son œuvre, à laquelle il manqua dès le début de solides assises, se borne de plus en plus à des exercices formels ; ses qualités primitives de construction de la lumière et de la couleur se réduisent alors à de simples effets sensibles. Ses œuvres sont conservées à Naples (Capodimonte), aux G. A. M. de Rome, de Milan, de Plaisance (la Toilette) et dans de nombreuses coll. part. en Italie.

Mander (Karel Van)

Peintre et écrivain néerlandais (Meulebeke, près de Courtrai, 1548  – Amsterdam 1606).

De 1564 à 1566, il est l'élève de Lucas de Heere à Gand puis de Pieter Vlerick, qui dut l'encourager à visiter l'Italie. De 1573 à 1577, il voyage à Florence, où il rencontre Vasari ; à Rome, où il peint des grotesques, il se lie d'amitié avec Spranger, dont le maniérisme influencera son style ; on le rencontre à Nuremberg, puis à Vienne, où il travaille avec Spranger pour Rodolphe II. Mander rentre ensuite aux Pays-Bas et peint dans un style encore curieusement archaïsant, mais qu'il abandonnera bientôt, avec la Décollation de sainte Catherine (1581, Courtrai, église Saint-Martin), dont l'esprit se situe à mi-chemin entre Van Orley et Aertsen. Il s'installe ensuite à Haarlem, où il fréquente Goltzius et Cornelisz Van Haarlem, avec lesquels il fonde en 1587 l'Académie et dont, en éclectique habile, il subit l'influence. Ainsi peint-il entre 1596 et 1598 une très maniériste Prédication de saint Jean-Baptiste (musée de Hanovre), en 1600 une Continence de Scipion (Rijksmuseum), en 1605 une Traversée du Jourdain (Rotterdam, B. V. B.) ; il exécute vers 1600 une série de dessins de Kermesses, influencées par Bruegel et proches de Vinckboons (dont un exemplaire, daté de 1591, est conservé à l'E. N. B. A. de Paris). Un tableau sur ce même thème, de 1600, est conservé à Saint-Pétersbourg (Ermitage). C'est à cette époque que Frans Hals fréquente son atelier. Mais le titre de gloire de Mander reste le fameux Livre de peinture (Het Schilder Boeck), publié à Haarlem en 1604, où s'insère la Vie des plus illustres peintres des Pays-Bas et de l'Allemagne (Het leven der doorluchtige Nederlandsche en hoogh duytsche Schilders), panorama irremplaçable et très divers des peintres nordiques de Van Eyck à David Vinckboons, souvent fondé sur une information personnelle, très scrupuleuse, qui est aux écoles du Nord ce que les Vite de Vasari sont aux écoles italiennes.

Mandyn (Jan)

Peintre flamand (Haarlem 1502  –Anvers 1560).

Il s'établit à Anvers avant 1530, date à laquelle il y inscrit un élève. Il en reçoit ensuite plusieurs, parmi lesquels Gillis Mostaert l'Ancien et Spranger. Il logea chez lui Pieter Aertsen, alors âgé de dix-sept ans. En 1555 et 1559, il est rétribué par la ville d'Anvers comme ordonnateur des sorties de l'Ommegang. Il acquit une grande renommée comme " faiseur de diableries et de drôleries ", dans l'esprit de Bosch. Cependant, on distingue difficilement ses œuvres de celles de Pieter Huys, et la critique n'a pu l'identifier sans conteste avec le monogrammiste I. M. H. (Jan Mandyn Van Haarlem ?). La seule œuvre mentionnée par des documents anciens, pour le mausolée de l'évêque de Dunkeld en 1537, a été détruite lors de la crise iconoclaste. On connaît une Tentation de saint Antoine (Haarlem, musée Frans Hals), mais les historiens ont des avis partagés sur l'attribution du reste de son œuvre. Ses tableaux, aux sujets religieux, repris plusieurs fois (Portement de croix, Tentation de saint Antoine, Saint Christophe, Jugement dernier, Épreuves de Job [musée de Douai]), grouillent de monstres composites empruntés à Bosch, mais traités de façon plus brutale et plus lourde.