Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
C

Cock (les de)

Famille de peintres flamands.

 
Jan Wellens (Leyde [ ?] v.  1480  – Anvers avant 1527). Il est identifié avec Jan Van Leyden, qui devint maître de la gilde de Saint-Luc à Anvers en 1503. Il accepta des apprentis en 1506 et en 1516, et fut avec Joos Van Cleve doyen de la gilde en 1520. En essayant de reconstituer son œuvre, M. J. Friedländer a groupé une série de tableaux, surtout de remarquables paysages d'un caractère fantastique, autour d'un panneau représentant Saint Christophe. Cette œuvre de la collection Bissing à Munich a été gravée en 1550 avec la mention Pictum J. Cock, ce qui fut pour Friedländer le point de départ d'une hypothèse bientôt controversée. En effet, l'influence caractéristique de l'école de Leyde, qui se manifeste dans tous ces tableaux, datant env. de 1520 et attribués par Friedländer à Jan Wellens, semblait étrange dans l'œuvre d'un peintre qui déjà avait quitté cette ville en 1503. Dès lors, il n'est pas étonnant que l'idée de Friedländer ait été rejetée d'abord par Beets, puis par Hoogewerff, qui ont attribué, à tort d'ailleurs, cette série de peintures aux fils de Cornelis Engebrechtsz, Lucas et Cornelis Cornelisz Kunst. Ainsi, d'après Beets et Hoogewerff l'œuvre de Jan Wellens reste toujours inconnue. Ils la croient intégrée dans l'ensemble de la production anonyme des maniéristes anversois travaillant dans le style de Hieronymus Bosch. Cependant, Friedländer n'a jamais accepté cette mise au point des historiens d'art hollandais. Les caractéristiques du Saint Christophe de la collection Bissing reflètent donc pour lui celles de l'œuvre de Jan Wellens. Cet artiste peint de préférence des paysages fantastiques où l'homme s'intègre dans une nature tantôt luxuriante, tantôt dépouillée, mais toujours menaçante. Dans maints petits paysages, comme dans celui de Loth et ses filles de Detroit (Inst. of Arts), il rappelle peut-être Patinir, bien qu'il s'en distingue par son dynamisme et par son sens du tragique. D'autre part, le rapprochement avec l'œuvre de Hieronymus Bosch devient manifeste lorsqu'il fait apparaître démons et monstres, qu'il conçoit avec beaucoup de recherche et de fantaisie, dans le dessein évident d'étonner et de mystifier ses contemporains.

 
Matthijs (Anvers v. 1509 – id. v. 1548). Fils aîné de Jan, il était déjà, en 1540, maître de la gilde de Saint-Luc, puisque, cette même année, il reçut Willem Van Santvoort pour élève. L'artiste acquit une grande renommée comme paysagiste et se trouve mentionné aussi bien par Vasari que par Van Mander. Pourtant, rien ne subsiste avec certitude de son œuvre. Son frère Hieronymus a gravé, d'après lui, une série de paysages à sujets religieux en 1558. Une Tour de Babel qui d'abord lui était attribuée (Vienne, K. M.) paraît être plus récente. Après avoir comparé le paysage de fond du portrait de Matthijs Cock, édité par son frère Hieronymus dans la série des Pictorum aliquot celebrium effigines (1572), avec un dessin du Louvre, Hoogewerff a essayé de définir son style. Ensuite, il lui a attribué le Paysage avec la prédication de saint Jean-Baptiste de Bruxelles (M. R. B. A.) et le Paysage avec le marchand et les singes de Dresde (Gg). Ces deux tableaux, qui étaient considérés comme des œuvres d'Herri Met de Bles, ont un caractère fantasque, mais sont en réalité d'une exécution plus large et d'une vision à la fois plus précise et plus naturelle que celle de Herri Met Bles.

 
Hieronymus (Anvers entre 1507 et 1510 – id. 1570). Frère de Matthijs, il fut éditeur d'estampes. Il devint franc maître en 1546, année où, probablement, il commença son voyage en Italie, qui s'acheva en 1548. Comme graveur, il ne semble avoir pratiqué que l'eau-forte, mais il eut un atelier important et très productif, d'où sont sorties des gravures dans la tradition flamande aussi bien que dans la tradition italienne. Sa maison d'édition, In de vier Winden (Aux quatre vents), était universellement connue. À cause de son éclectisme, l'influence qu'il exerça à la fin du XVIe s. fut immense. Il a gravé et édité une série de ruines romaines et plusieurs paysages avec sujets religieux d'après Matthijs. On lui attribue des gravures d'après H. Bosch et une suite de paysages alpestres d'après P. Bruegel l'Ancien.

Cock (les de)

Peintres belges.

 
Xavier (Gand 1818  – Deurle 1896). Paysagiste et animalier, il se forma à l'Académie d'Anvers et se rendit à Paris (1852), où il connut le succès et fréquenta le groupe des peintres de Barbizon. L'influence de ces peintres se mêle dans son œuvre à celle des maîtres du XVIIe s., dont sa sensibilité le rapprochait davantage. Nombre de ses œuvres figurent dans les musées belges de Gand, de Courtrai, de Liège, de Bruxelles, de Deinze (Vaches traversant la Lys).

 
César (Gand 1823 – id. 1904). Frère de Xavier, il fut élève de l'Académie de Gand et fit de nombreux séjours en France, où il se lia avec Jean-Baptiste Corot et les peintres de Barbizon (notamment Narcisse Diaz et Charles Daubigny), dont il partagea la conception du paysage. Il s'établit à Gand en 1880. Il est représenté dans les musées d'Anvers (Vue sur la forêt, Saint-Germain-en-Laye), de Gand, de Liège (Intérieur de forêt).

Codazzi (Viviano)

Peintre italien (Bergame v.  1604  – Rome 1670).

Longtemps confondu avec le Brescian Ottaviano Viviani, Codazzi a été remis en lumière récemment en tant qu'inventeur de la " veduta realistica ", qui fut à l'origine de l'art de Canaletto et de Bellotto. Venu de Bergame, il dut arriver à Rome vers 1620 pour un premier séjour d'une dizaine d'années. Purent alors l'influencer Van Swanevelt, Poelenburgh et Breenbergh. Dès ses premières œuvres (la Promenade, Rome, Palazzo Rospigliosi ; Villa romaine, Rome, Gal. Pallavicini), Codazzi montre une science sûre de la perspective, un coloris vibrant, mais il reste à un niveau anecdotique. En prenant pour les figures des collaborateurs tels que Cerquozzi, Miel, Micco Spadaro, Falcone, François Perrier et quelques autres, en utilisant les projections d'ombre pour rythmer ses compositions, il se montre un adepte décidé du Caravagisme, au point d'être surnommé par R. Longhi le " petit Caravage ". De 1634 environ à 1647, il séjourne à Naples : parallèlement à sa production habituelle (Veduta du palais Gravina à Naples, coll. part. ; Fête dans la villa de Poggioreale, 1641, musée de Besançon), il se hasarde dans la grande peinture murale en créant les cadres d'architecture pour les compositions de peintres tels que Lanfranco ou Stanzione, aux S. Apostoli, à S. Paolo Maggiore, à S. Martino. De retour à Rome en 1647, où il demeura jusqu'à sa mort, il collabore fréquemment avec Cerquozzi : ainsi dans la Révolte de Masaniello (Rome, Gal. Spada), les deux Architectures (Florence, Pitti), le Bain (Rome, coll. Incisa della Rocchetta). Son chef-d'œuvre est alors la Visite aux ruines de la campagne romaine (Arpino, coll. Quadrini) et le Port de Civitavecchia (Rome, coll. part.) ; son exactitude presque excessive annonce Canaletto.

   Codazzi eut une influence directe au XVIIe s. sur les peintres napolitains (Ciccio Cicalese, Francesco Caselli) et sur un peintre français tel que Jacques Rousseau, mais il fut surtout l'initiateur d'un courant de paysage réaliste vivace au XVIIIe s. à Venise, opposé à la tendance plus romantique issue de Claude Lorrain, qu'illustrera Joseph Vernet.