Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Gillemans (Jan Pauwel) , dit l'Ancien

Peintre flamand (Anvers 1618  – id. 1675).

Issu d'une famille d'orfèvres, il apprit le métier chez un de ses parents à Liège. Maître à Anvers en 1648, année où il se maria, il a pratiqué l'orfèvrerie aussi bien que la peinture et se spécialisa dans la nature morte (déjeuners et guirlandes de fruits). Ses tableaux de fruits et de fleurs, généralement de petit format, sont inspirés de ceux de Jan Davidsz de Heem. Ils sont souvent signés et datés, surtout entre 1652 et 1665, et se caractérisent par une composition souvent encombrée, un modelé peu prononcé et un coloris sans éclat (Homards, huîtres et fruits, 1662, Bruxelles, M. R. B. A.). Gillemans est représenté par des natures mortes dans les musées de Bruxelles (M. R. B. A.), de Bamberg, de Londres (V. A. M.).

 
Son fils Jan Pauwel, dit le Jeune (Anvers 1651 – ?av. 1704) , devint en 1665, à Anvers, l'élève de Joris Van Son. Il acquit la maîtrise à la gilde de Saint-Luc en 1673 et se maria en 1693. Après la mort de sa première femme, il se remaria en 1698. Il semble avoir travaillé plusieurs fois à Middelburg, où il fut inscrit à la corporation des peintres entre 1700 et 1702. Ses natures mortes, de petit format, sont exécutées dans le même style que celui des natures mortes de son père. Il a collaboré avec J. P. Ykens et P. Rysbrack.

Gilles (Werner)

Peintre allemand (Rheydt  1894  – Essen 1961).

Il se forme à l'Académie de Weimar et, de 1919 à 1923, au Bauhaus, où il est l'élève de Feininger et se lie avec Schlemmer et Marcks. Entre 1921 et 1941, il fit de nombreux séjours au bord de la Méditerranée — soit en Italie, soit en France —, puis en Norvège, sur la mer Baltique, et à Berlin. C'est en 1931 qu'il découvrit Ischia, dont les falaises lui parurent symboliser le caractère mythique du paysage méridional. Il devait y séjourner à partir de 1949, partageant son temps entre cette île et Munich. Son œuvre puise son inspiration dans la poésie (Hölderlin, Rimbaud), le mythe (concentré sur le personnage d'Orphée) et le paysage méditerranéen. Il se compose en majeure partie de cycles à l'aquarelle : celui de Rimbaud (1935, musée d'Essen), celui d'Orphée I et II (1947 et 1949), ainsi que Sur un obituaire tibétain (1950, Hambourg, Kunsthalle) et Tombes païennes au bord de la mer (1955, musées de Berlin).

   Un coloris éclatant et un dessin dynamique distinguent le style de Gilles. Si, dans ses premiers travaux, s'affrontent les objets réels et oniriques, l'influence clarifiante de Picasso et de Matisse se fait jour tant dans la ductilité spontanée du dessin que dans les taches de couleurs diffuses, particulièrement dans les tableaux qu'il exécuta vers la fin des années 30 (Trois Jeunes Gens au bord de la mer, 1941, Hambourg, Kunsthalle). L'œuvre tardive est caractérisée par une rigoureuse organisation des compositions, dont le thème est réduit à un nombre restreint d'éléments.

   Une rétrospective de l'œuvre de Gilles a été présentée pour la première fois à Hanovre par la Kestnergesellschaft en 1949. Le peintre est surtout représenté à Hambourg et à Berlin, ainsi qu'à Hanovre et à Cologne.

Gillot (Claude)

Peintre français (Langres, Haute-Marne, 1673  – Paris 1722).

Fils d'un petit peintre bourguignon, il apprit la peinture et la gravure chez J.-B. Corneille (v. 1690-1695). Il commença par traiter des scènes mythologiques (Bacchanale, musée de Langres), puis de la comédie italienne (les Deux Carrosses, Louvre ; le Tombeau de maître André, id.) avant d'être reçu à l'Académie (le Christ près d'être attaché à la Croix, 1715, église de Noailles, Corrèze). L'ingéniosité de ses dessins et leur légèreté lui permirent de devenir un vignettiste fort apprécié (dessins au musée Condé de Chantilly et au Louvre pour les Fables de La Motte, 1719), de donner des projets pour des cartons de tapisserie ou des panneaux décoratifs dans la tradition de Bérain (dessins à Paris, Louvre et musée des Arts décoratifs ; Ermitage), pour des costumes de théâtre (Louvre) et surtout des scènes de la comédie italienne (dessins au Louvre et à l'Ermitage) aimablement satiriques. Beaucoup de ses dessins d'ornements étaient encore publiés au milieu du XVIIIe s. Tourné vers les sujets poétiques peu réalistes, Gillot introduisit le genre nouveau de la fête galante dans la peinture française, mais il s'en fit le simple chroniqueur dans des tableaux un peu secs. C'est à Watteau, son élève de 1704 à 1708, que devait être réservé de nuancer ce genre de compositions d'une poésie mélancolique nouvelle, tandis que Lancret, également son élève, n'allait en retenir que l'idée et se rapprocher davantage du parti décoratif et clair de Boucher.

Gillray (James)

Caricaturiste britannique (Chelsea 1756  – Londres 1815).

Après avoir été l'élève d'une école morave à Bedford, il fit son apprentissage auprès de Harry Ashby, spécialisé dans la gravure d'armoiries sur argenterie. Une légende, peu fondée, veut que Gillray ait fait alors partie d'une bande de comédiens itinérants. En 1778, en tout cas, il fréquentait les cours de dessin de la Royal Academy. Ses premières gravures n'étant pas signées, il est par conséquent difficile de reconstituer son œuvre avant 1780.

   Il reçut des commandes d'un marchand d'estampes, William Humphrey, qui devait par la suite assurer la diffusion de ses caricatures. En 1784, il grave l'illustration du Deserted Village de Goldsmith ainsi que le portrait du Dr Arne d'après Bartolozzi ; il n'est d'ailleurs pas impossible qu'il ait travaillé chez ce dernier pendant quelque temps. Ses premières caricatures apparaissent en 1788.

   À l'encontre de Rowlandson, la vie et les mœurs de la société n'intéressent pas Gillray, qui consacre tout son œuvre de caricaturiste au monde politique ; soucieux d'une certaine moralité, il apprécie peu les mœurs dissolues des princes de la maison de Hanovre ni le gouvernement de leur ministre William Pitt. Il ridiculise dans The Morning after Marriage ou A Scene on the Continent le mariage clandestin du prince de Galles avec Mme Fitzherbert. Xénophobe, il exagère et diffuse les extravagances de la Révolution française.

   Patriote, son activité atteint une sorte d'hystérie avec la menace de débarquement que fait peser Bonaparte sur les îles Britanniques : ce sont les Consequences of a Successful French Invasion en 1798. Il reprend ensuite le mythe du Napoléon ogre se découpant une tranche du globe, comme dans The Plumb-pudding in Danger (1805). Ses dernières caricatures datent de 1811. Au début, il enlève directement son sujet sur sa plaque de cuivre, puis, vers 1792, il commence à multiplier les études préparatoires et soigne le texte de ses légendes. Le British Museum conserve un nombre important de ses dessins.

   Avec son trait cassant et brutal soulignant le grotesque, Gillray fut le premier caricaturiste anglais à laisser présager l'esprit du " cartoon " contemporain.