Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
S

Sobrino (Francisco)

Artiste espagnol (Guadalajara 1932).

Dès 1960, Sobrino est un des cofondateurs du G. R. A. V. (Groupe de recherche d'art visuel), en liaison avec le groupe international Nouvelle Tendance, recherche continuelle. Se démarquant de l'utopisme social de certains de ses camarades, Sobrino n'assigne à ses réalisations sur Plexiglas, papier métallique ou bois d'autres prétentions que " la simple localisation d'un problème ". C'est désigner modestement et par antiphrase la rigueur de son expérimentation, strictement replacée dans le champ des seuls moyens plastiques. La sagacité de cette visée tout esthétique lui ouvre les champs méthodiquement explorés de l'étude du redoublement d'une même couleur (Rouge-rouge), du jeu des complémentaires (Rouge-vert), à quoi il ajoute celle du mouvement dans la série des Rotations opposées. Sobrino est resté attaché avec beaucoup de rigueur morale aux projets d'anonymat et d'effacement derrière l'œuvre qui étaient communs dans les années 60 à tous les groupes auxquels il a participé très tôt, et s'est peu manifesté autrement que dans un cadre collectif.

Sodoma (Giovanni Antonio Bazzi, dit il)

Peintre italien (Verceil 1477  – Sienne 1549)

Un document atteste que Sodoma est pendant sept ans le disciple de Martino Spanzotti à Vercelli dès 1490. Il est généralement admis qu'il fuit à Milan avant la fin du siècle et qu'il y entre en contact avec Boltraffio, Zenale et surtout Bramantino dont les influences sont sensibles dans la Pietà de S. Maria dell'Orto à Rome, la Lamentation sur le corps du Christ et la Pietà dans la collection Patrizi di Montoro à Rome. Dès 1503, il est en Toscane, où il travaille aux fresques du réfectoire du monastère olivetain de S. Anna in Camprena près de Pienza et achève les fresques de Signorelli au cloître de Monte Oliveto Maggiore (1505-1507, Vie de saint Benoît). Au cours d'un premier séjour romain, il travaille avec Raphaël à la voûte de la Stanza della Segnatura (1508). Il sera appelé une seconde fois à Rome pour participer au chantier de la Farnesina, où Raphaël vient de peindre le Triomphe de Galatée et où lui-même réalise le plus important de ses ensembles décoratifs : l'Histoire d'Alexandre et de Roxane, à la chambre des Époux (1512), pour Agostino Chigi. À partir de cette date, il se fixe définitivement à Sienne, où il développe essentiellement une activité de fresquiste : aux églises S. Bernardino (v. 1518), S. Domenico (Extases de sainte Catherine, 1526-1528), au Palazzo Pubblico (Sala del Mappamondo, 1529). Il introduit en Toscane certains éléments d'origine lombarde dérivés de l'art de Gaudenzio Ferrari, de Lanino et surtout de Léonard de Vinci, dont il reprend le modelé nuancé et les longues courbes (l'Étendard de S. Sébastien, 1526, Florence, Pitti, et les fresques de la chapelle de S. Caterina, église de S. Francesco sont les œuvres de maturité de l'artiste). L'originalité de son style réside néanmoins dans l'adaptation de ces éléments aux influences ombriennes de Pérugin (Déposition, v. 1508, Sienne, P. N.), de Pinturicchio et de Peruzzi, sensibles dans l'évocation des paysages et dans son goût pour les architectures feintes, d'une fantaisie parfois exubérante. Son activité jusqu'alors très intensive semble s'atténuer à la fin des années 1540. Il est remplacé par Beccafumi et une génération de peintres de formation différente. Bien que sa dernière production nous soit méconnue, il est attesté qu'il voyage entre Pise, Volterra et probablement Lucques, vraisemblablement en raison de sa perte de popularité à Sienne.

Soens (Jan) , dit il Fiammingo

Paysagiste néerlandais (Bois-le-Duc v. 1547  – Parme ou Crémone 1611).

Élève de Gillis Mostaert à Anvers, il fut influencé au début de sa carrière par le style de Frans Mostaert. Vers 1575, il part pour l'Italie ; à Rome, il peint à fresque, pour Grégoire XIII, un Paysage au coq (Vatican, salle ducale). En 1580, il est appelé à Parme par Ranuccio Farnese, dont il deviendra le peintre de cour ; il décore, vers 1581, les orgues de la Steccata de Parme, puis le Palazzo del Giardino, d'où proviennent Cérès et Cyanè et l'Enlèvement de Proserpine (musée de Valenciennes) ainsi que la série des 8 peintures mythologiques conservées au musée de Capodimonte à Naples (Poséidon et Amphitrite, Pan et Séléné, Jupiter et Antiope, Cybèle, Chronos et Phylira) ; ses paysages, dans le goût des Bril, sont aussi influencés par l'art de Corrège. Vers 1600, il s'établit à Crémone, et son style évolue au contact du Maniérisme émilien : la Résurrection (Parme, P. N.).

Soest (Gérard)

Peintre britannique d'origine flamande (Zoest, près d'Utrecht [ ?], v.  1600  – Londres 1680/81).

Il arriva à Londres vers 1645, et ses premiers portraits rappellent quelque peu ceux de Dobson ; mais les lignes courbes de ses compositions possèdent une grâce et une sensibilité étrangères à Dobson comme à Lely. Soest rend les costumes à la manière de Ter Borch. Il est principalement représenté à Londres, à la N. P. G. ainsi qu'à la Tate Gal. : Henry Howard, 6e duc de Norfolk ; Portrait de femme en bergère.

Soffici (Ardengo)

Peintre italien (Rignano sull'Arno, Florence, 1879  – Forte dei Marmi, 1964).

Il est à Paris entre 1900 et 1907, où il se forme au contact des milieux littéraires et artistiques d'avant-garde. De retour à Florence, il collabore aux revues Leonardo, La Voce, Lacerba, dont il est cofondateur avec l'écrivain Paul Papini et qui devient le porte-parole du mouvement futuriste. Dès 1913, il participe au Futurisme en publiant une série d'essais sur le mouvement dans lesquels, parallèlement à une première analyse historique, il met en évidence ses rapports avec la culture européenne (Cubismo e Futurismo, 1913 ; Primi Principii di una estetica futurista, 1920). Ses écrits embrassent un large panorama, qui va de l'Impressionnisme au Postimpressionnisme (qu'il contribua à faire connaître en Italie) jusqu'aux artistes contemporains (Carrà, 1928 ; Medardo Rosso, 1929).

   Sa peinture se rattache d'abord aux principes esthétiques du Futurisme, mais il donne à ses volumes une ampleur particulière et à ses compositions une rigueur dérivée du Cubisme : il est influencé alors par Boccioni (Décomposition des plans d'une lampe, 1913). Il pratique la technique du collage et exécute une série de natures mortes (Fruit et liqueur, 1915). Il rompt avec le Futurisme en 1915. Opposé à certaines conceptions de l'avant-garde et voulant remettre en valeur la " tradition italienne ", il opte alors pour une vision plus naturaliste du Cubisme. La leçon formelle de Cézanne, greffée sur la tradition du XIXe s. toscan (surtout Fattori et Signorini), est sensible dans ses paysages et ses " vues toscanes " : Champ avec meule (Rome, G. A. M.). Écrivain, Soffici a publié notamment Ignoto toscano (1909), Arlechino (1914) ainsi qu'un roman autobiographique, Lemmonio Boreo (1911). L'ensemble de son œuvre a été édité à Florence (Vallechi, 1959-1963).