Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Limosin (Léonard Ier)

Artiste français (Limoges v. 1505  – v. 1577).

Émailleur, graveur, " peintre ordinaire " et valet de chambre du roi, Limosin, formé peut-être dans l'atelier de Pénicaud, travaille d'abord à Limoges (première œuvre datée de 1532 d'après Dürer). Après 1535, il est influencé par le style bellifontain et converti à l'italianisme (Combat des Centaures et des Lapithes, 1536).

   En 1544, il grave une série d'eaux-fortes (8 scènes de la Passion), dont les motifs, inspirés de Rosso, sont repris sur ses émaux (Paris, musée de Cluny). De 1545 datent les Douze Apôtres du musée de Chartres (d'après Primatice). À Paris en 1548, Léonard Limosin devient émailleur de la Cour et valet de chambre du roi. En 1553, il exécute les Émaux de la Sainte Chapelle (Louvre) d'après les dessins de Nicoló Dell'Abate. À la fin de sa vie, il revient à Limoges, où il aura les honneurs du Consulat. Il a porté à la perfection la technique du portrait en émail (Connétable Anne de Montmorency, Louvre). On ne connaît de lui qu'une seule peinture, l'Incrédulité de saint Thomas (musée de Limoges, 1557), qui révèle l'influence de Salviati et de l'école de Fontainebleau. Léonard Limosin émailleur est très supérieur au peintre et au graveur.

 
Son fils François (mentionné entre 1564 et 1588) travailla avec lui à Bordeaux aux décorations exécutées à l'occasion de l'entrée triomphale de Charles IX.

Linard (Jacques)

Peintre français (Paris v. 1600  – id. ? 1645).

Sa vie nous est de mieux en mieux connue grâce à des documents d'archives, qui prouvent qu'il a joui de son vivant d'une grande notoriété. S'il ne peint que des natures mortes, il ne se limite pas aux seules Corbeilles de fleurs (Louvre), aux seuls Vases de fleurs (Tulipes, musée de Strasbourg, 1639), aux coupes ou aux paniers de Fruits (musée d'Athènes, 1629 ; autres peintures dans diverses coll. part. parisiennes, 1631, 1634, 1638). Il aborde également le genre de l'allégorie (les Cinq Sens ou les Quatre Éléments, 1627, musée d'Alger, en dépôt au Louvre ; les Cinq Sens, 1638, musée de Strasbourg ; les Cinq Sens, Pasadena, Norton Simon Museum) ou de la Vanité (deux tableaux dans des coll. part. parisiennes, 1634 et 1644). L'introduction dans ses natures mortes, d'une perfection discrète, d'un élément d'étrangeté, comme ce papillon de nuit qui vient se poser sur des abricots (Nature morte, 1631, coll. part.), le différencie de ses collègues flamands et néerlandais, plus raffinés, plus savants sans doute, mais moins " poètes ".

Lindner (Richard)

Peintre américain d'origine allemande (Hambourg 1901  – New York 1978).

Il fréquente l'École des arts appliqués à Nuremberg et, à partir de 1925, l'Académie de Munich. Il quitte l'Allemagne en 1933, réside d'abord à Paris puis, à partir de 1941, à New York. Il a d'abord fait une carrière d'illustrateur. Aux États-Unis, ses dessins furent publiés par Vogue, Fortune, Harper's Bazaar. Son œuvre pictural ne se développe vraiment qu'à partir de 1950. Commencé pendant la vogue de l'Expressionnisme abstrait, il passe d'abord presque inaperçu. Figuratif, Lindner prend ses personnages dans la faune urbaine. La femme est son sujet principal. Bottée, habillée de cuir (ou en partie déshabillée), munie d'accessoires érotiques, elle devient reine du trottoir. En utilisant des couleurs vives en aplat, le grossissement caricatural et une stylisation rigoureuse, Lindner fait d'elle l'idole de l'ère sexuelle, et les hommes lui sont soumis : sous leur extérieur d'apache, de militaire ou de dandy, ils cachent leur impuissance.

   Dans cette confrontation des sexes, Lindner introduit des images de publicité, des lettres, des détails d'appareils de jeu. De tous ces éléments, il compose les emblèmes de notre civilisation (And Eve, 1970, Paris, M. N. A. M.). Le pop art, qui exploite aussi les objets et les signes du quotidien, a favorisé Lindner. Mais celui-ci n'est pas un peintre " pop ". Sa conception de la femme vient d'auteurs comme Frank Wedekind. Elle a été nourrie par la vie qu'il a menée à Berlin et à Paris entre les deux guerres : ses sources sont européennes. Lindner a en effet été marqué par l'œuvre de Fernand Léger et plus encore par Franz-Wilhelm Seiwert et le mouvement des " Progressistes " colonais avec lesquels il a été en contact à l'époque de la République de Weimar. Mais il a mis toutes ses expériences au service d'une iconographie personnelle, qui exprime sous forme d'emblèmes, d'armoiries, la vie des grandes métropoles, représentée de façon allégorique. L'artiste est représenté à Paris (M. N. A. M.), à New York (Whitney Museum et M. O. M. A.), à la Tate Gal. de Londres, aux musées de Cleveland, de Minneapolis et de Dallas. Une rétrospective lui a été consacrée à Nuremberg en 1987.

Lindström (Bengt)

Peintre suédois (Storsjö 1925-Sundsvall 2008).

Il fréquente peu de temps l'Académie de Stockholm (1944-45), puis il dessine chez Aksel Jorgensen à Copenhague en 1946, avant de faire un séjour à Chicago (1946-47) et de se fixer à Paris. Il travaille alors dans les ateliers de Léger et d'A. Lhote. En 1949, il débute dans une expression de caractère non figuratif avec un tachisme rythmé et de plus en plus coloré. Il expose en Suède de 1950 à 1959 et participe, à Paris même, à plusieurs expositions de groupe et à des Salons (Réalités nouvelles ; Salon d'octobre, organisé par Charles Estienne). Une exposition particulière à la gal. Breteau en 1958 le révèle enfin et, dès son exposition à la gal. Rive gauche en 1960, il définit son style, à la fois véhément et lyrique, où le visage va s'imposer de plus en plus. Il transcende une réalité dont il saisit moins des aspects particuliers que des types sociaux dans leur fonction morale. Cependant, les titres (Meurtre en Laponie, 1967 ; le Cri, 1967, Paris, M. N. A. M.) ne viennent qu'ultérieurement souligner ses intentions, qui restent strictement plastiques. Lindström ne travaille pas différemment d'un artiste abstrait : il a moins en tête un modèle qu'un type d'expression, et le point de départ de tout tableau est une répartition des masses colorées exprimant un état d'esprit. Parce que Lindström est nordique et qu'il aime les couleurs violentes, on a tendance à l'assimiler aux artistes de " Cobra ", alors qu'il se situe davantage dans la lignée de Munch, de Nolde ou d'Ensor. Lindström est représenté dans les musées suédois, notamment à Stockholm (Moderna Museet), à Malmö et à Göteborg, ainsi qu'à Gand, Ostende, Louisiana (Danemark) et Paris.