Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Crane (Walter)

Peintre, illustrateur et décorateur britannique (Liverpool 1845 – Horsham, Sussex, 1915).

Venu à Londres avec sa famille dès 1857, il fut l'élève de son père, le peintre Thomas Crane, et de William J. Linton, graveur sur bois. Il se lia très tôt avec Edward Burne-Jones, Philipp Webb et William Morris, et fut l'un des pionniers du renouveau des arts décoratifs au sein du mouvement Arts and Crafts. Il créa des modèles de céramique pour Wedgwood dès 1867, de papier peint, de tissus, illustra des livres (la série des Six Penny Toybooks de 1865 à 1876). Il développa sa théorie socialiste de l'art dans The Claims of Decorative Art (1892), The Bases of Design (1898), Line and Form (1900), édités à Londres et bientôt traduits en allemand. Comme peintre, il exposa à la Royal Academy dès 1862, obtint des médailles à Paris en 1889 et 1900, et fut invité par le groupe des Vingt à Bruxelles en 1891. Il a laissé des portraits — celui de sa femme, le peintre Mary Frances Andrews (1882, Paris, Orsay), son Autoportrait (1912, Offices) —, des paysages d'Italie (Londres, V. A. M.) et surtout des tableaux d'inspiration symboliste, comme les Trois Chemins (id.) ou les Chevaux de Neptune (Munich, Neue Pin.). De 1893 à 1896, il fut directeur de l'École d'art de Manchester. Une exposition lui a été consacrée (université de Manchester, Whitworth Art Gallery) en 1989.

craquelures

Petites fentes ou rides recouvrant en partie ou en totalité la surface d'un tableau.

   Les craquelures forment des réseaux superficiels lorsqu'elles sont localisées dans le vernis et des réseaux profonds lorsqu'elles atteignent la couche picturale. Les craquelures " prématurées " sont dues à une dessiccation trop rapide du liant quand la composition de ce dernier est défectueuse. Elles peuvent être également le résultat d'erreurs de technique : dernières couches ou reprises exécutées sur des dessous insuffisamment secs, mélanges de couleurs dont les délais de séchage sont différents.

   Dans les tableaux modernes, le blanc de zinc, qui se mélange sans danger aux couleurs, sèche mal et se fendille parfois. En revanche, l'excès d'huile favorise la formation des rides. Les craquelures dites " de vieillesse " ou " d'âge " résultent souvent des tractions du support ; elles apparaissent dans les creux des empâtements, suivent le sens des fibres ou le dessin des nœuds pour les supports de bois, dont celui de peuplier, principalement utilisé en Italie, compte parmi les plus fragiles. Parfois, elles sont dues à des accidents mécaniques : chocs, toiles roulées à contresens.

Crawford (Ralston)

Peintre américain (Saint Catherines, Ontario, Canada1906 – Houston, États-Unis1978).

Originaire de l'Ontario, Ralston Crawford a d'abord été marin. En 1926-27, il fait ses études artistiques à l'Otis Art Institute de Los Angeles, où il découvre l'art de Cézanne et de Matisse, puis de 1927 à 1930, à la Pennsylvania Academy of Fine Arts de Philadelphie. En 1932-33, il se rend en Europe, en particulier à Paris, où il étudie à l'académie Colarossi. Il va faire partie du groupe des peintres précisionnistes américains, à la suite de Charles Demuth et de Charles Sheeler. Ses tableaux montrent des motifs industriels (Réservoirs à Sanford, 1938), qui témoignent de son inspiration empruntée au monde moderne, ou des paysages modelés par l'homme (Autoroute au-dessus de la mer de Saint Petersburg à Tampa, 1939-40, Washington, Hirshhorn Museum and Sculpture Garden), qui frappent par la simplification des formes et le recours aux aplats colorés. Ralston Crawford, après 1945, sera influencé notamment par Stuart Davis et s'orientera vers un art moins descriptif.

Crayer (Gaspar de)

Peintre flamand (Anvers 1584  – Gand 1669).

Fils d'un marchand de tableaux, élève de Raphaël Coxcie à Bruxelles, il devint franc maître dans cette ville en 1607 et doyen de la gilde des peintres en 1614-1616. Attaché à la cour du cardinal-infant Ferdinand en 1635, il fut nommé, par la suite, peintre du roi et exécuta de nombreux portraits officiels, tel le Portrait de Charles V et du Cardinal-Infant (1635, Gand, hôtel de ville). La même année, il participe, en compagnie de T. Rombouts, de Gerard Seghers, de C. Schut, de A. Van Hulle, de J. Cossiers, à la décoration de la Joyeuse Entrée de Ferdinand à Gand, le 28 janvier. Le programme de ses travaux pour cette Entrée est connu grâce aux illustrations du livre de G. Becanus, paru à Anvers en 1636. Crayer travailla également pour l'archevêque de Malines, qui lui fit exécuter plusieurs toiles importantes pour l'abbaye d'Afflighem. En 1644, il s'installe à Gand et y devient membre de la gilde des peintres. Son œuvre, surtout composé de grands tableaux d'église largement composés, est abondant et fortement marqué par l'influence de Rubens (églises de Belgique, Louvre, musées d'Anvers, de Bruxelles, de Vienne, de Grenoble, de Rennes, de Nantes, de Nancy, de Marseille). Célèbre de son temps, il souffrit longtemps de la comparaison avec Rubens, et sa réhabilitation définitive est l'œuvre du XXe siècle. L. de Vadder et J. d'Arthois aidèrent peut-être l'artiste pour les fonds de paysage de quelques-uns de ses tableaux.

crayon

Morceau de minerai tendre, de substance terreuse (marne) ou métallique, taillé ou modelé en forme de cylindre ou de parallélépipède, gainé ou non de bois, propre à dessiner ou à écrire.

   Sous ce terme, on rassemble les bâtonnets de craie, de pastel et de fusain, les pierres noire et sanguine ainsi que le bâton gras lithographique, mais plus couramment les modernes baguettes de graphite ou de plombagine artificielle enfermées dans une gaine de bois.

   Certains crayons sont obtenus naturellement, comme la pierre noire ou la sanguine ; d'autres nécessitent une préparation spéciale. C'est le cas du pastel, du crayon lithographique, de la plombagine (crayon Conté) et des crayons de couleur. Ces derniers sont fabriqués à partir d'argile, d'oxydes métalliques et de gomme arabique. Les rouges sont à base de vermillon pulvérisé, les bleus de bleu de Prusse, et les jaunes d'orpiment. Le crayon à copier, dont le trait, gris à sec, devient violacé une fois humide, est un mélange de kaolin, de graphite, de gomme arabique et de violet bleu d'aniline. On applique seulement aux œuvres dessinées à la mine de graphite (mine de plomb, par confusion avec la pointe de métal) ou au crayon Conté le terme de dessin au crayon. Les dessins à la pierre noire, à la sanguine ou à la craie sont définis selon ces matériaux, sauf dans le cas où ceux-ci sont utilisés pour un même dessin ; on parle alors de dessin aux trois crayons. (Voir CRAIE et GRAPHITE.)