Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Dupérac (Étienne)

Peintre, architecte et graveur français (Bordeaux [ ?] v.  1540  – Paris 1604).

Bien que Dupérac ait été architecte d'Henri IV à la fin de sa vie (1595-1604), on ne conserve de son œuvre que des estampes exécutées en Italie. Il semble avoir commencé sa carrière à Venise et y avoir appris la technique de l'eau-forte, probablement v. 1560 (paysages de style vénitien). Il se rendit à Rome peu après. Il travailla pour le savant archéologue Onofrio Panvinio, en tout cas en 1565 et en 1566 (illustrations de De ludis circensibus et de De triumpho). Entre 1567 et 1578, Dupérac publia de nombreuses eaux-fortes, qui sont de la plus grande importance pour la topographie romaine et l'archéologie, en particulier le recueil I Vestigi dell'Antichità di Roma (1575) et un grand plan de Rome de 1577. Comme peintre, on sait qu'il avait exécuté une vue de la villa d'Este, dont il a aussi laissé une eau-forte. Il revint en France en 1578 et semble s'être adonné surtout à l'architecture et à l'art des jardins.

Duplessis (Joseph Siffred)

Peintre français (Carpentras 1725  – Versailles 1802).

Il passa quatre ans à Rome (1745-1749), vécut à Paris (1752-1792), puis à Versailles (1796), exécutant en même temps des tableaux religieux (Invention de la croix, cathédrale de Carpentras) et des décorations pour sa ville natale (Paysages en camaïeu évoquant l'art de J. Vernet, hôpital de Carpentras). Il dressa l'inventaire des objets d'art du district de sa ville natale (1792-1795), puis fut conservateur de Versailles (1796-1802), restaurant de nombreux tableaux de Jouvenet et de Le Sueur (Vie de saint Bruno). Reçu à l'Académie en 1774 (portraits d'Allegrain et de Vien, Louvre), il devint un portraitiste en vogue à la Cour (Necker, 1781, coll. d'Haussonville), sensible comme Roslin à l'effet des accessoires (Madame Lenoir, Louvre ; Madame Fréret-Déricourt, musée de Kansas City), mais plus attentif à la physionomie de ses modèles (Gluck, 1775, Vienne, K. M. ; Chabanon, 1785, musée d'Orléans ; Augustin de Saint-Aubin, 1787, Chapel Hill, North Carolina, W.H. Ackland Memorial Center), d'une intensité parfois surprenante (Péru, musée de Carpentras). Jugé démodé sous la Révolution, il cesse peu à peu de peindre et meurt dans l'oubli. Il est représenté dans les musées de Carpentras, Amiens, Avignon, Bayeux, Douai, Montauban, Perpignan.

Dupré (Jules)

Peintre français (Nantes 1811  – L'Isle-Adam 1889).

Il débuta comme décorateur de porcelaine dans la fabrique de son père. Après un bref passage dans l'atelier du paysagiste Diébolt, il préféra peindre seul, plantant son chevalet sur le motif. Peu après son premier Salon (1831), il connut Théodore Rousseau et travailla avec lui en si étroite liaison qu'il est difficile de discerner la part d'influence que l'un exerça sur l'autre. Ils parcoururent la France, peignant côte à côte jusqu'à ce que leur amitié sombrât, en 1849. La Vanne (1846, Louvre), une des œuvres maîtresses de Dupré, est l'exemple le plus concret de cette association. Il fut également frappé par les paysagistes anglais (Constable) découverts à Londres en 1834 et par les Néerlandais du XVIIe s., qu'il démarqua (l'Abreuvoir, 1836, musée de Reims ; Sur la route, 1856, Chicago, Art Inst.). Dupré fut un homme de contradiction. Bien qu'il fût l'un des artistes les plus représentatifs de l'école de Barbizon, il n'y vint qu'accidentellement et, à l'opposé de ses émules, son romantisme s'accrut avec le temps. Dans ses dernières œuvres, souvent inspirées par les côtes de la mer du Nord, il fit preuve d'un emportement dans la touche et d'un lyrisme oubliés des contemporains (la Pointe des dunes, v. 1875, Glasgow, Art Gal.). Il a également laissé de belles eaux-fortes. Il est particulièrement bien représenté au Louvre par une série de 25 tableaux, ainsi qu'au musée Mesdag de La Haye (7 œuvres), à celui de Reims et à Chicago (Art Inst.).

   Son frère, Victor (Limoges 1816 – Paris 1879), fut son élève. Il laissa des paysages très proches des siens, sans atteindre pourtant à son autorité.

Dupuis (Pierre)

Peintre français (Montfort-l'Amaury, Yvelines, 1610  – Paris 1682).

Réputé de son vivant pour ses natures mortes (l'Académie lui avait ouvert ses portes en 1665), Dupuis a laissé dans ce genre quelques-unes des plus solides et sobres compositions du XVIIe s. (musées de La Fère, de Strasbourg ; très beaux exemples au Louvre). Un panier plein de fruits, posé sur un entablement de pierre, lui suffit pour créer cette mystérieuse et sévère poésie que notre époque apprécie tant.

Durameau (Louis Jacques)

Peintre français (Paris 1733  –Versailles 1796).

Il fut élève de Jean-Baptiste Pierre. Pensionnaire à l'Académie de France à Rome (1761-1764), agréé en 1766 (2 toiles à Paris, église Saint-Nicolas-du-Chardonnet, peintes sous l'influence de Deshays et des Bolonais du XVIIe s.), il fut reçu à l'Académie (l'Été, 1775, Louvre, galerie d'Apollon). Ses décorations rappellent l'art de Natoire (Apollon couronnant les Arts, plafond de l'Opéra de Versailles, 1769), mais ses esquisses, très libres, et ses tableaux à sujets d'histoire de France sont de bons témoins de l'évolution de l'art du temps (Saint Louis lavant les pieds des pauvres, 1773, Paris, chapelle de l'École militaire ; la Continence de Bayard et son esquisse, 1777, musée de Grenoble). Il a pratiqué le dessin au crayon noir, à l'estompe et à la craie dans un style qui annonce celui de Prud'hon (Paris, bibl. de l'E. N. B. A. ; ses dessins certains sont d'ailleurs rares).

Durand (Asher Brown)

Peintre et graveur américain (Jefferson Village, auj. Maplewood, New Jersey, 1796  – id.  1886).

Il fut l'un des fondateurs du paysage aux États-Unis et de l'Hudson River School. D'abord graveur, élève de son père (un huguenot d'origine française) puis de Peter Maverick (1780-1831) à New York, il s'associa avec ce dernier (1817) et devint rapidement le graveur le plus en vue de l'école américaine ; il fut ainsi chargé de graver la Déclaration d'indépendance de Trumbull, ce qui lui prit trois ans (1820-1823) et lui apporta la fortune et le succès, ou, plus tard, l'Ariane endormie de Vanderlyn (1855), que d'aucuns jugèrent supérieure à la peinture originale. Il publia également en 1827 un album de planches sur le Paysage américain, avec un texte du poète W. C. Bryant. En 1840-41, il voyagea en Europe et séjourna en France. Il se tourna peu après vers la peinture, s'orientant progressivement vers le paysage. Son œuvre la plus connue fut exécutée en souvenir de Thomas Cole, récemment disparu, représenté en compagnie de Bryant (Kindred Spirits, 1849, New York, Public Library).

   Vers 1850, son style devient plus réaliste et se rapproche de celui des maîtres néerlandais du XVIIe s. ainsi que de celui des peintres de Barbizon. Comme son compatriote le philosophe Emerson, Durand devint à la fin de sa vie le champion de la nature américaine, dont il vante les beautés encore vierges : le Lac George (Boston, M. F. A.). Il avait publié en 1855 ses Letters on Landscape Painting, primitivement des articles pour le magazine The Crayon, où il résume les principes de l'Hudson River School. Fondateur de la N. A. D., il en fut le président de 1845 à 1861.