Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Corneille (Cornelis Van Beverloo, dit)

Peintre néerlandais (Liège 1922).

Il suit, de 1940 à 1943, les cours de l'Académie d'Amsterdam, mais est surtout autodidacte. Sa première exposition a lieu en 1946 à Groningue, et il séjourne, l'année suivante, plusieurs mois à Budapest, où il expose des Jardins. Cofondateur du groupe Cobra en 1948, il se libère durant cette période d'activité collective des références picassiennes qui avaient accompagné ses débuts et acquiert un métier de dessinateur libre et inventif. En 1950, Corneille quitte Amsterdam pour Paris. De fréquents voyages en Afrique du Nord, au Sahara (1948, 1949, 1952, 1957), en Amérique du Nord et du Sud et aux Antilles (1958) sont déterminants pour l'évolution de son art — transpositions lyriques dans un coloris chaud et nuancé, une ordonnance graphique, à la fois méditée et légère, de sensations immédiates (Jeux entre soleil et vagues, 1958, La Haye, Gemeentemuseum ; Splendeur tropicale, 1958 ; la Grande Terre âpre, 1957, Eindhoven, Van Abbe Museum). Les sites et les villes sollicitent également son inspiration, et il en restitue des images qui sont le fruit d'une expérience éminemment physique (Images de New York, dessins, 1960). Dans les années 60, le retour à une nouvelle figuration incita l'artiste à introduire dans ses peintures des motifs plus lisibles (oiseaux, fleurs, personnages), au dessin cerné et au coloris plus vif. Les éléments de cette synthèse, quelque peu éclectique, semblent partiellement repris du vocabulaire plastique de Cobra. C'est dans un chromatisme violent que l'artiste, depuis le milieu des années 1960, multiplie les tableaux et les lithographies sur le thème de la femme et de l'oiseau, du chien et du chat (Grande Ouverture sur l'été avec chien bleu). Son œuvre a fait l'objet d'une rétrospective, en 1966, au Stedelijk Museum d'Amsterdam et, en 1974, au Palais des beaux-arts de Charleroi. Corneille est surtout représenté dans les musées hollandais.

Corneille (les)

Famille de peintres français.

 
Michel Ier, dit le Père (Orléans v. 1601  – Paris 1664). Élève de Simon Vouet, dont il allait épouser la nièce en 1636, il fut un des douze fondateurs de l'Académie de peinture en 1648. Il laissa de nombreuses compositions religieuses, entre autres 2 mays de Notre-Dame (celui de 1644, Saint Paul et saint Barnabé à Lystre, musée d'Arras : celui de 1658, Saint Pierre baptisant le centenier, à l'église Saint-Pierre de Toulouse, esquisse à l'Ermitage). Son Ésaü cédant son droit d'aînesse à Jacob (1630, musée d'Orléans), œuvre de jeunesse qui reste son chef-d'œuvre, véritable scène de genre, est un des premiers tableaux de la " réalité " du XVIIe s. français. La tonalité de son coloris révèle un artiste sensible au luminisme de Gentileschi, alors que la composition elle-même doit autant à Vouet qu'à Champaigne.

 
Michel II, fils de Michel Ier, dit l'Aîné (Paris 1642 – id. 1708). Il fut l'élève de son père, puis de Le Brun et de Mignard, et subit l'influence de ce dernier. Il alla en Italie v. 1660 (sans doute de 1659 à 1663), et à son retour fut reçu à l'Académie en 1663 sur la Vocation des Apôtres (musée de Rennes) ; il fut nommé adjoint à professeur en 1673, et professeur en 1690. Auteur de compositions religieuses, le Repos pendant la fuite en Égypte (Louvre), la Vocation de saint Pierre et de saint André (may de 1672, musée d'Arras), Michel II travailla aussi à Versailles dans le salon des Nobles de la reine (plafond représentant Mercure entouré des Sciences et des Arts, ainsi que 4 voussures) et à Trianon (Flore et Zéphyr, le Jugement de Midas). Ses figures, au canon court et au visage poupin, sont directement dérivées de Mignard, pour qui il exécuta une Copie en grisaille de la coupole du Val-de-Grâce (Louvre), que Mignard donna à l'Académie. Graveur prolixe, il laissa de nombreux dessins, env. 400, au Louvre.

 
Jean-Baptiste son frère (Paris 1649 – id. 1695). Il épousa au retour de son voyage d'Italie (1665-1671) Marie-Madeleine, fille de Pierre II Mariette, marchand d'estampes. Peintre d'histoire, il s'efforce de transcrire, non sans robustesse, en un style voisin de celui de Le Brun, la leçon des grands maîtres bolonais (Résurrection de Lazare, musée de Rouen ; Mort de Caton, 1687, musée de Dijon). Son morceau de réception à l'Académie (1675), Hercule châtiant Busiris, est à l'E.N.B.A. de Paris. Il publia en 1684 les Premiers Éléments de la peinture pratique. Il fut aussi un graveur important, gravant soit d'après les Carrache, soit d'après ses propres compositions, et un dessinateur étonnant, à la plume nerveuse, sinon crispée (cabinet des Dessins du Louvre et British Museum).

Corneille de Lyon
ou Corneille de La Haye

Peintre français (La Haye v. 1500/1510  – Lyon v.  1574).

Originaire de La Haye, Corneille de Lyon fut ainsi surnommé à cause de sa longue résidence dans cette ville, où il vivait sans doute depuis un certain temps quand le poète Jean Second vint le voir en 1534. Corneille est mentionné comme peintre du Dauphin, le futur Henri II ; naturalisé en 1547, il porte, en 1551, le titre de peintre et valet de chambre du roi. Sa dernière mention à Lyon date de 1574 ; il a dû mourir peu après.

   Le portrait de Pierre Aymeric (entré au Louvre en 1976), qui porte au revers une inscription selon laquelle il fut peint en 1533 par Corneille de La Haye, peut servir de base à l'attribution d'un grand nombre de portraits du début de sa carrière.

   La technique et le caractère de ses tableaux font penser qu'il s'est formé en Flandre. H. Bouchot a reconstitué son œuvre à partir des peintures qui lui étaient attribuées dans la coll. de Roger de Gaignières (1642-1715). Quelques-unes ont été retrouvées à Versailles (Mme de Pompadour de la maison des Cars ; Beatrix Pacheco), à Chantilly (Madame de Lansac), au Louvre (Charles de La Rochefoucauld, comte de Randan ; Jacques Bertaut). On y a ajouté certains tableaux portant au revers le cachet de Colbert de Torcy, qui vendit pour le roi, en 1715, la coll. Gaignières (Charles de Cossé-Brissac, Metropolitan Museum). Par comparaison, on peut attribuer à Corneille de Lyon de rares peintures : le Portrait présumé de Clément Marot (Louvre). Ses œuvres, peintes sur fond bleu ou vert, d'une exécution minutieuse et d'un style raffiné, sont toujours de petites dimensions (portraits en buste de la noblesse et de l'élite françaises entre 1530 et 1570). Elles eurent une vogue attestée par des mentions anciennes et l'existence de nombreuses copies.

   Corneille de Lyon eut un atelier prospère où l'aidèrent son fils, Corneille, et sa fille, elle-même renommée comme un excellent peintre. Son influence est sensible sur certains artistes (comme le Maître de Rieux-Châteauneuf) et paraît avoir eu un rayonnement international. On ne peut lui attribuer avec certitude aucun dessin.