Larousse agricole 2002Éd. 2002
B

bovins (suite)

La France, du point de vue de son cheptel, présente des caractéristiques fort intéressantes. L'essentiel de son cheptel est composé d'un petit nombre de races : les 6 principales, 3 en lait (prim'holstein, montbéliarde et normande) et 3 en viande (charolaise, limousine et blonde d'Aquitaine) représentent 85 % du cheptel ; mais il y a un bon maintien de la diversité génétique, les races à effectifs moyens et faibles ayant même tendance à voir aujourd'hui leur cheptel augmenter de nouveau dans le cadre de systèmes de production développant au maximum les relations entre la race, son terroir et ses produits.

Les productions bovines en France.

Le cheptel bovin français a, depuis la mise en place en 1984 des quotas laitiers, vu son cheptel régresser, la diminution de l'effectif des vaches laitières (de 7,5 à 4 millions de têtes) n'étant qu'en partie compensée par le développement des vaches allaitantes (de 2,5 à 4 millions de têtes). Dans le même temps, le nombre d'éleveurs diminuait (plus de 700 000 en 1980 et moins de 300 000 en 2000) en même temps que l'effectif moyen des troupeaux augmentait ; en 2000, on comptait 135 000 éleveurs pour la production de lait, soit 33 vaches par exploitation, et 161 000 éleveurs de troupeaux allaitants, soit 25 vaches par exploitation.

Le cheptel est réparti sur tout le territoire, à l'exception de la zone méditerranéenne et des régions de grandes plaines céréalières ; sa densité est plus importante dans les zones arrosées du littoral atlantique et de la Manche ainsi que dans les zones herbagères de l'est de la France (Lorraine et montagnes des Vosges, du Jura et des Alpes du Nord). Les troupeaux allaitants sont plutôt localisés dans le Massif Central, le sud-ouest et les pays de Loire.

La production de lait (la collecte annuelle est de l'ordre de 230 millions d'hectolitres) est assurée par une douzaine de races aux effectifs fort différents : la prim'holstein (plus de 2,5 millions de vaches) est présente partout ; la montbéliarde (680 000 vaches) est surtout utilisée dans l'est mais elle se développe aussi ailleurs ; la normande (580 000 vaches) se rencontre principalement en Normandie et dans les régions périphériques. À côté de ces races aux effectifs importants, on trouve aussi 5 races à implantation plus régionale et à effectifs variant de 15 à 50 000 vaches : la pie rouge des plaines en Bretagne, la brune en Bourgogne et dans le sud du Massif Central, la simmental française dans l'Est et l'Aveyron, l'abondance et la tarentaise dans les Alpes. Enfin, d'autres races à petits effectifs (moins de 5000 têtes) ou en conservation peuvent aussi intervenir dans telle ou telle région ; il en est ainsi de la rouge flamande et de la bleue du Nord dans le nord, de la bretonne pie noire en Bretagne, de la vosgienne dans l'est, de la jersiaise un peu partout. La production laitière moyenne de ces différentes races varie selon leur degré de spécialisation, leur format et leurs conditions d'élevage : le nombre de kg de lait par lactation, c'est-à-dire sur environ 300 jours, s'échelonne ainsi de 3500 (bretonne pie noire) à 9000 kg (prim'holstein).

La production de viande (aux alentours de 1,4 millions de tonnes de viande de gros bovins : « viande rouge », et de 250 000 tonnes de viande de veau : « viande blanche ») est assurée tant par le cheptel allaitant, dont c'est l'unique production, que par le cheptel laitier (les vaches laitières de réforme et les jeunes non conservés pour le renouvellement de ces troupeaux sont en effet un co-produit important du lait puisque, en France, le cheptel laitier produit à peu près autant de viande que le cheptel allaitant !). En ce qui concerne le cheptel allaitant , on distingue aussi 3 groupes de races : des races bouchères spécialisées avec, par ordre d'importance décroissante, la charolaise (2 millions de vaches), la limousine (850 000 vaches), la blonde d'Aquitaine (450 000 vaches) ; des races rustiques (salers, aubrac et gasconne, aux effectifs décroissant de 200 000 à 25 000 vaches) ; des races autrefois traites mais aujourd'hui reconverties à la production de viande : maine anjou, parthenaise, blanc bleue belge, les deux dernières ayant même orienté leur sélection dans une optique très spécialisée (animaux culards) ; il faut encore, pour être complet, ajouter à cette liste les noms de la bazadaise et de la hereford.

Tout ce cheptel est à l'origine des animaux destinés à l'abattage : des veaux de boucherie (un peu moins de 2 millions), issus soit du troupeau laitier (veaux de batterie) soit du troupeau allaitant (veaux sous la mère) et abattus à 4-5 mois à un poids vif de 180-210 kg (poids de carcasse de 120-140 kg) ; des taurillons (environ 1 million), abattus à 20-24 mois à un poids vif de 550-650 kg (poids de carcasse de 380 kg) ; des bœufs et génisses (environ 900 000), abattus à 24-36 mois à un poids vif de 600-700 kg (poids de carcasse de 330 à 420 kg) ; des vaches de réforme (un peu moins de 2 millions), abattues en fin de carrière (5 à 10 ans) à un pois vif de 550-700 kg (poids de carcasse de 300- 400 kg).

Les techniques d'élevage mises en œuvre pour obtenir ces productions varient selon les objectifs des éleveurs, les races utilisées et les conditions de milieu. Ainsi, en matière de reproduction, l'insémination artificielle est-elle courante sur vaches laitières (facilité de repérage des chaleurs car les vaches sont vues au moins deux fois par jour) alors qu'en vaches allaitantes la situation est tout autre ! De même, le premier vêlage est en général plus précoce (26 à 32 mois selon les régions) en races laitières où les génisses sont élevées assez intensivement qu'en races allaitantes (34 à 36 mois) où la situation est inverse. En matière d'alimentation, les vaches laitières reçoivent toutes une ration de base composée de fourrages cellulosiques (herbe, foin, ensilage, selon la saison) à laquelle on ajoute, selon les besoins de chaque animal, une ration complémentaire composée d'aliments concentrés (céréales, tourteaux,...) destinés à équilibrer la ration vis à vis des besoins de chaque animal ; il est évident que ce complément est plus facile à distribuer, et à valoriser compte tenu du lait supplémentaire que l'animal donnera, dans le cas d'une vache laitière traite deux fois par jour qu'il ne le serait dans le cas d'une vache allaitante pâturant en permanence toute la belle saison aux champs et à laquelle on demande de s'adapter à la végétation existante !

Bougler