pomme de terre (suite)
Récolte.
Elle est précédée de deux à quatre semaines par un défanage, mécanique ou chimique, afin de limiter la contamination des tubercules par les maladies à virus, mais aussi pour améliorer la qualité des produits et faciliter la récolte.
La date de la récolte dépend du type de production. Les pommes de terre de conservation sont arrachées à maturité complète pour faciliter leur conservation, les pommes de terre primeur avant maturité et celles destinées à la production de plants trois semaines après le défanage, de façon à laisser durcir l'épiderme pour qu'il soit moins sensible aux chocs.
La récolte est effectuée par des arracheuses mécaniques qui réalisent à la fois l'arrachage, l'élimination de la terre, des cailloux, des fanes et le convoyage des tubercules vers une remorque ou vers un organe trieur et ensacheur. L'opération peut également se dérouler en deux temps : arrachage et mise en andains puis reprise des andains par l'arracheuse équipée à cet effet. En France, le rendement moyen est compris entre 40 et 50 t/ha.
Après la récolte, une ventilation chaude, d'une durée de deux semaines environ, assure le séchage et la cicatrisation des blessures. Au-delà commence la période de conservation à une température plus basse, qui varie en fonction de la durée du stockage et de la destination des tubercules. Pour un stockage court et pour les pommes de terre destinées à être consommées en l'état, elle est de l'ordre de 7 °C ; pour un stockage plus long, de l'ordre de 5 à 6 °C. Pour les semences, la nécessité d'empêcher la germination et de maintenir la vigueur germinative exige une température de 2 à 4 °C.
Utilisations.
La pomme de terre est destinée à trois fins différentes : la consommation humaine ou animale, la transformation industrielle et la production de plants. La consommation humaine est, de loin, le premier débouché. En France, il représente plus de 70 % de la production et une consommation moyenne annuelle de l'ordre de 70 kg par habitant, dont 45 consommés frais et 25 sous forme de produits transformés tels que les chips, les frites, les poudres et flocons destinés à la préparation de purées ou de potages. La consommation animale, autrefois importante en France, surtout pour l'élevage porcin, est en net déclin en raison de la place qu'ont pris les céréales, les protéagineux et les produits de substitution dans l'alimentation du bétail. Elle ne concerne guère aujourd'hui que les écarts de triage, les sous-produits industriels ou les excédents conjoncturels.
L'utilisation industrielle concerne surtout la production de fécule, qui est chimiquement un amidon. Les principaux débouchés de la fécule de pomme de terre sont la papeterie et la cartonnerie, mais elle a aussi de nombreuses utilisations dans le secteur agroalimentaire, dans l'industrie chimique et pharmaceutique. La production d'éthanol biocarburant par fermentation et distillation des tubercules, techniquement réalisable, est encore trop coûteuse pour concurrencer les carburants traditionnels. Elle peut cependant constituer un débouché à l'avenir.
La production de plants certifiés constitue une autre forme d'utilisation de la pomme de terre. Elle est très étroitement réglementée par des normes internationales et nationales.
Surfaces cultivées et production.
D'après la FAO, la production mondiale de pommes de terre s'élevait en 1999 à près de 360 millions de t. C'est la quatrième production mondiale après le blé, le riz et le maïs. La superficie correspondant à cette production est de l'ordre de 23 millions d'ha, et le rendement moyen mondial légèrement supérieur à 15 t/ha. Les plus importants pays producteurs sont la Chine (55 millions de t), l'Union européenne (50 millions), la Russie (31 millions), l'Inde (22 millions), la Pologne (20 millions) et les États-Unis (22 millions). Mais alors que dans l'Union européenne et aux États-Unis les pommes de terre sont surtout destinées à la consommation humaine, une part importante de la production en Chine, en Russie et en Europe centrale est consacrée à l'alimentation du bétail.
Au sein de l'Union européenne, la superficie consacrée à la production de pommes de terre est voisine de 1,5 million d'ha. Le premier producteur est l'Allemagne (12 millions de t), suivie par les Pays-Bas (8,2 millions) et le Royaume Uni (7,1 millions). Le rendement moyen est de 35 t/ha ; il est voisin ou supérieur à 40 t/ha dans les pays du nord de l'Union européenne. La pomme de terre est la seule production de grande culture qui ne bénéficie d'aucune réglementation communautaire.
En France, la production, toutes catégories de pommes de terre confondues, se situe autour de 6,5 millions de t, pour une superficie de 170 000 ha. Les pommes de terre destinées à la consommation représentent environ 72 % de la production, dont 8 % sous forme de primeurs et de demi-saison ; celles destinées à la féculerie 22 % ; et la production de plants 6 %. Les départements du Nord, de la Somme et du Pas-de-Calais assurent près de la moitié de la production nationale. Les départements bretons et le sud de la France assurent plus de la moitié de la production de pommes de terre primeurs et de demi-saison.
Autrefois très importante puisqu'elle s'étendait sur plus de 1,5 million d'ha à la veille de la Première Guerre mondiale, pour une production de 12 millions de t, la culture de la pomme de terre a régulièrement régressé, pour passer en dessous de 400 000 ha en 1970. Elle s'est stabilisée depuis une quinzaine d'années autour de 170 000 ha. Cette évolution a été caractérisée par un doublement des surfaces destinées à la féculerie au cours des vingt dernières années, alors que celles pour la consommation ont diminué de 60 %. Les débouchés de la transformation ont été multipliés par trois depuis 1980.
Roger-Estrade (A.)