tabac (suite)
Au total, les feuilles de tabac perdent dans le séchoir 85 à 90 % de leur poids initial, sous forme d'eau ou de matière sèche. La perte de substance est plus élevée en séchage en tiges qu'en séchage en feuilles, ce qui se traduit par un rendement légèrement plus faible, mais aussi par une meilleure qualité (tabacs plus foisonnants, plus riches en cendres et plus combustibles). Une fois sec, le tabac est dépendu pour être soustrait aux variations d'humidité de l'air. Les feuilles sont ensuite triées puis emballées.
Récolte et séchage des tabacs de type Virginie.
Ils doivent être récoltés à parfaite maturité (reconnaissable à la dépigmentation du limbe et de la nervure centrale), en lots de feuilles homogènes. Les récoltes sont effectuées à raison de 2 ou 3 feuilles par plante et par semaine, les cueilleurs étant transportés par un enjambeur (« kart »). Une fois cueillies, les feuilles sont embrochées dans des peignes ou des conteneurs, unités de groupage installées dans des « fours » à air chaud qui réalisent un séchage en 5 à 7 jours. Ces fours sont des enceintes munies d'un groupe thermique assurant le réchauffement de l'air. Celui-ci est ensuite ventilé à travers la masse de tabac. La température et l'humidité de l'air sont contrôlées en permanence grâce à des sondes. Le cycle de dessiccation comprend trois phases d'une durée sensiblement équivalente : le jaunissement, phase pendant laquelle la température est maintenue entre 32 et 38 °C et l'humidité de l'air proche de la saturation ; la fixation de la couleur, à 54 °C et 40 % d'humidité relative ; le séchage de la nervure médiane, à 73 °C et 20 % d'humidité relative. À la fin du séchage, le tabac est réhumidifié puis le four est déchargé. Les feuilles sont ensuite triées et assemblées en balles de 20 à 30 kg pour être livrées à l'achat.
Fabrication des cigarettes.
Pour la fabrication des cigarettes, on traite à part les parenchymes des feuilles de tabac (appelés strips) et les nervures (côtes). Les strips sont ameublis par préhumidification sous vide puis humidifiés à l'eau tiède et trempés (mouillade) ; ils sont ensuite stockés dans des boxes de mélange avant d'être hachés. Les côtes, brassées à l'eau chaude, sont entreposées dans des boxes de mélange avant d'être laminées, hachées, préséchées puis tamisées. Strips et côtes hachés et mélangés constituent le scaferlati humide. Celui-ci, brassé dans un cylindre rotatif chauffé à 300 °C par un courant d'air chaud (torréfaction), voit son taux d'humidité passer de 30 à 16 %. Après refroidissement et stockage, il est dirigé vers des machines confectionneuses, qui fabriquent plusieurs milliers de cigarettes par minute.
Production.
Le tabac est cultivé sur environ 4,5 millions d'hectares dans plus de 100 pays. La production mondiale atteint 7 millions de tonnes, dont 2,5 millions en Chine. Viennent ensuite les États-Unis (730 000 t), l'Inde (480 000 t), le Brésil (420 000 t) et la Communauté européenne (420 000 t).
Dans cette dernière, l'Italie arrive en tête avec 200 000 t, suivie de la Grèce (140 000 t), de l'Espagne (45 000 t) et de la France (30 000 t). Les pays de l'ex-URSS produisent annuellement environ 300 000 t de tabac.
En France, les surfaces cultivées en tabac ont suivi des fluctuations plus ou moins marquées pour se stabiliser, depuis une dizaine d'années, aux environ de 11 000 ha, répartis dans 70 départements de la métropole. Le grand Sud-Ouest, avec près de 60 % des surfaces plantées, est la zone de plus forte concentration de la culture. Viennent ensuite les Pays de la Loire et l'Alsace (30 % des surfaces). Le reste de la production est localisée dans la région Rhône-Alpes (Isère) et dans la région Nord. La part des tabacs de type Virginie, entrant dans la composition des cigarettes blondes, est de plus en plus importante. Un tiers de la production française est exportée, essentiellement vers des industriels transformateurs de la Communauté.
Roger-Estrade